Environ 550 disparitions ont été signalées à la police entre janvier et août de cette année. Valeur du jour, une trentaine de personnes sont toujours portées manquantes, malgré les recherches de la police. Ces disparus sont majoritairement des adultes, mais il y a aussi des mineurs et une personne âgée.
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Comparé à 2016, le nombre de disparus cette année, soit de janvier à août, a doublé. Le nombre est passé de 19 (en 2015 et 2016) à une trentaine en 2017. Des quelque 550 personnes portées manquantes et signalées à la police, une vingtaine avait moins de 12 ans, près de 150 moins de 18 ans, une quarantaine était des personnes âgées ou infirmes et plus de 300 étaient adultes. Selon les données de la police, 850 personnes étaient portées disparues en 2016 contre près de 860 cas en 2015.
Aux Casernes centrales des hauts gradés de la police expliquent que les disparus sont catégorisés :
- les enfants de moins de 12 ans,
- les adolescents âgés entre 12 ans et 18 ans,
- les personnes âgées ou infirmes,
- les adultes souffrant de maladies mentales (épileptiques ou Alzeimer, etc.) et
- les personnes adultes saines d’esprit ayant plus de 18 ans.
De multiples raisons expliquent une disparition. « Il y a les échecs sentimentaux, les problèmes familiaux, le surendettement ou le suicide. Mais deux facteurs de disparition gagnent du terrain : la clandestinité d’ouvriers étrangers et le trafic humain, par le biais de la prostitution de luxe, impliquant de jeunes femmes ayant une dépendance à la drogue. » D’où les sessions de formation en matière de trafic humain, depuis quelques mois.
« Tout ce qui se produit à l’échelle internationale a tendance à se répercuter à Maurice. Mais l’important est d’examiner les réseaux permettant d’élucider les cas de disparition. Il faut également se demander à qui profite le crime. Puis, une analyse de l’impact de la disparition de l’individu et des campagnes pour dissuader les gens à fuguer est importante. D’où la nécessité du coup de main des organisations non gouvernementales et des travailleurs sociaux », la police.
Procédures
Le « Police Instructions Manual » donne des consignes claires concernant la procédure de l’enquête pour une personne qui est portée disparue. Les proches qui signalent une disparition à la police doivent fournir tous les détails relatifs à la personne disparue.
Ces informations sont : nom ; âge (date de naissance et numéro de la carte d’identité) ; description (sexe, couleur de peau, des cheveux, taille, etc.) ; récent numéro de portable ; les vêtements que portait la personne le jour de sa disparition ; son comportement social (a-t-elle déjà fugué ? a-t-elle eu des démêlés avec la justice) ; son statut civil ; son adresse ; le lien de parenté entre la personne qui rapporte le cas et la personne disparue ; les possibles raisons de la disparition (troubles mentaux ; problèmes personnels ; personne qui suit un traitement).
La police doit établir si la personne disparue a été impliquée dans une dispute récente, si elle est endettée, s’il y a une affaire de cœur ; si la personne disparue possède une assurance vie ; si des recherches ont été effectuées chez ses proches et ses amis ; les mesures prises par les proches pour retrouver le disparu ; les personnes ayant vu le disparu en dernier.
L’enquête détermine aussi si la personne manquante avait un comportement criminel/antisocial ou si elle a déjà démontré ce genre de comportement dans le passé.
Une fois ces informations notées dans l’Occurrence Book de la police, une photo récente de la personne est publiée dans les médias. Divers départements de la force policière sont alertés. Si le disparu n’est pas retrouvé, un formulaire interne est publié dans la « Daily Police Gazette ».
Une fois ces procédures complétées, le dossier est référé à un enquêteur pour le suivi. Des recherches en vue d’obtenir un maximum d’informations pour retrouver le disparu sont alors enclenchées. Si les recherches n’aboutissent pas au bout de quelques mois, c’est la Criminal Investigation Division de la région qui prend le dossier pour accélérer les recherches.
Les « unidentified dead body »
La police serait également en présence d’un certain nombre d’« unidentified dead body » tous les ans. Des policiers expliquent que ces cadavres non réclamés sont préservés à la morgue pendant trois mois. « Les cadavres non réclamés sont ceux de personnes qui se sont suicidées. L’identité de l’individu est difficile à déterminer si le corps est dans un état de décomposition avancée.»
En chiffres
Reported missing for year 2015
Under 12 : (44)
Under 18 : (316)
Aged & Infirm : (74)
Adult : (454)
Total : (888)
Still Missing for year 2015
Under 18 : 22
Aged & Infirm Adult : 15
Found dead through Suicide : 7
Found dead by drowning : 1
Found Dead through Natural Cause : 3
Total : 19
Abroad : 1
Total : 13
Reported missing for year 2016
Under 12 : 40
Under 18 : 321
Aged & Infirm : 77
Adult : 441
Total : 879
Still missing for 2016
Under 18 : 2
Aged & Infirm : 2
Adult : 15
Total : 19
Found dead through suicide : 4
Found dead by drowning : 1
Found dead
through criminal
hands : 2
Found dead through Natural cause : 1
Total : 8
From January to August 2017
Reported Missing : 587
Found dead
through criminal
hand : 3
Found dead from natural cause : 4
Found dead by
hanging : 1
Abroad : 1
Found dead by drowning : 1
Still Missing : 36
Me Nicolas Henry, avocat : «Si la personne réapparaît, le juge en chambre peut tout annuler»
L’avocat Nicolas Henry, explique qu’une personne disparue, peu importe le nombre d’années, même déclarée « morte » aux yeux de l’État civil, peut réclamer l’annulation de la décision déclarant son décès, soit par la déclaration d’absence ou par la déclaration de décès, puis procéder à la restitution de ses biens à travers une demande légale. Il aborde trois cas de figure. L’homme de loi précise que cette provision figure dans l’article 112 à 142 du Code civil.
« Si une personne cesse de se présenter à son domicile, un juge peut, à la demande d’un parent (ou d’un proche) constater qu’il y a une présomption d’absence. C’est le proche qui va représenter la personne disparue. Des règles seront ensuite fixées en ce qui est de la gestion de ses biens. Passé cinq ans, si la personne absente ne réapparaît pas, une demande peut être faite pour une déclaration d’absence. C’est-à-dire la gestion du patrimoine de la personne disparue sera décidée. Il y aura même une inscription sur le registre de décès. En revanche, si le disparu réapparaît que ce soit le lendemain, ou après plusieurs années, il peut demander au juge en chambre de tout annuler. C’est ainsi que la personne récupérera ses avoirs. Seul le mariage reste dissous », explique l’homme de loi.
Me Nicolas Henry souligne, par ailleurs, qu’il n’y a pas de présomption d’absence en cas d’accident tragique faisant état de la disparition d’une personne. L’avocat soutient que le décès de la personne est aussitôt déclaré. Il n’y a pas de laps de temps minimal. Mais bien souvent, poursuit-il, les juges demandent à la famille d’attendre la fin des recherches. En revanche, s’il arrive que la personne déclarée « morte » réapparaisse, il peut réclamer la restitution de ses biens dans l’état où ils étaient lors de sa disparition.
L’avocat souligne toutefois que si la personne disparue n’a aucun parent, c’est le ministère public qui demande une déclaration d’absence. Les biens (argent et immobilier) du disparu sont versés dans une institution de l’État (communément appelé : « Curator of Vacant Estate ») et utilisés. Mais en cas de réapparition, précise Nicolas Henry, la personne peut réclamer la restitution de ses avoirs.
Meela Luximon, épouse d’un millionnaire disparu : «Ma seule consolation est de penser qu’il est toujours vivant»
Meela Luximon attend toujours le retour de son époux Roshan, disparu depuis 2012. Ce dernier qui a disparu en août 2015, soit quatre ans après avoir remporté la cagnotte de Rs 30 millions au loto en janvier 2011, n’est jamais retourné au bercail. Il avait quitté sa demeure pour « rencontrer le directeur de sa banque ». Il laisse une maison à étage et deux voitures. La police criminelle enquête toujours sur le cas.
Au domicile des Luximon, à La Marie, Vacoas, le temps semble s’être arrêté. Toutes les ouvertures de maison sont fermées, l’extérieur de la demeure est truffé de caméras de surveillance et le portail en ocre, qui donne sur le garage, est entrouvert. Dans la maison résident une mère et son fils qui est un adolescent. Ils attendent impatiemment le retour du père de famille disparu il y a deux ans. C’est un départ qu’ils n’arrivent pas à digérer. Le père de famille aurait fêté ses 46 ans. Du coup, pour meubler leurs temps, ils vaquent à leurs tâches quotidiennes en nourrissant l’espérance que le disparu frappera à la porte un de ces jours…
La mère de famille de 45 ans est réticente à aborder le sujet. Mais elle finit par se lâcher avec une larme naissante à l’œil droite. « Mon quotidien est ponctué d’interrogations. Si je savais qu’il était mort, au moins je me serai fait à l’idée qu’il n’est plus de ce monde. Mais là, c’est autre chose. Il est parti. Cela fait deux ans depuis novembre. Où a-t-il pu bien aller ? Quelles sont les raisons qui auraient bien pu le pousser à déserter le toit familial du jour au lendemain ? Ma seule consolation est de penser qu’il soit toujours vivant, qu’il est quelque part et qu’il retournera à la maison un jour », lâche la mère de famille.
Elle lance un appel désespéré aux autorités. « Je sais que les policiers font de leur mieux pour retrouver mon époux disparu. Je serai toutefois ravie et reconnaissante s’ils pouvaient redoubler d’efforts. L’absence de mon époux est pesante pour la famille, car nous étions très proches », dit-elle.
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