Explik Ou Ka

Depuis cinq ans : l’école maritime ne formerait plus de marins

école maritime Le centre de formation de Pte-aux-Sables ne formerait que des jeunes pour les bateaux de croisière.

Maurice a toujours été respecté comme un pays capable de fournir des marins aptes à travailler sur tous les navires du monde. Il semble que cette réputation serait en danger.

Publicité

Deux anciens et respectés marins mauriciens déplorent que, depuis cinq ans, la Mauritius Maritime Training Academy (MMTA) ne forme plus des marins susceptibles d’assurer le bon fonctionnement d’un navire. Ils soutiennent que la MMTA ne forme que des jeunes venus des hôtels touristiques pour aller servir à bord des paquebots de croisière.

Selon eux,  la MMTA ne forme plus de marins pour servir sur le pont et dans la salle des machines. Par contre, ils avancent que 32 jeunes ont été formés pour aller travailler sur les paquebots de croisière.

Si cela continue, les deux hommes craignent fort que, sous peu, l’International Maritime Organisation (IMO) n’enlève le nom de Maurice de la « white list ». « Vu qu’on ne forme plus de vrais marins, notre école n’aura plus aucune valeur et Maurice perdra son respect sur le plan international », déclare l’un d’eux.

« La marine est régie par une loi internationale. Comment se fait-il que nous n’arrivons plus à la respecter », dit-il.

Pour nos deux anciens marins, il est encore temps de redresser la barre et maintenir Maurice sur la « white list ». « Il y a des alternatives à cela. Je demande à tous ceux qui sont concernés de porter une considération particulière à ce qui se passe actuellement », ajoute cet interlocuteur.

La marine est contrôlée par l’International Labour Organisation (ILO), l’International Maritime Organisation et l’International Transport Workers’ Federation (ITF). Ce sont ces organisations qui ont contribué à la rédaction de la Maritime Labour Convention ratifiée par tous les pays, dont Maurice.

« Il est l’heure de redonner leur dignité à toutes les institutions maritimes du pays, particulièrement à la MMTA, ainsi qu’aux marins eux-mêmes. Il est temps de valoriser le secteur, de donner la chance aux jeunes qui souhaitent faire carrière dans la marine en tant que vrais marins », souhaite cet interlocuteur.

Aucun guide pour les jeunes

Attristés, les deux marins estiment qu’il est impérieux de restructurer l’école, d’instituer un comité de gestion, de réimposer la discipline, de restaurer la sécurité et de mener une campagne de sensibilisation adéquate.

« Nos jeunes en souffrent. Un jeune nous a raconté, en pleurant, comment ses proches ont investi Rs 200 000 dans ses cours, mais qu’il n’a jamais obtenu de  diplôme  », déclare l’un des deux anciens marins.

« Je rappelle que, pour devenir un marin digne de ce nom, il faut suivre des cours sur une durée de cinq mois. Ce jeune dont les proches ont dépensé Rs 200 000 a été mal informé quand il a terminé ses études secondaires. Il a entendu parler qu’on gagnait beaucoup d’argent sur les paquebots de croisière et il s’est laissé séduire par toutes sortes d’agents recruteurs. ‘ Donnes-moi Rs 50 000 et je te fais avoir une école et je te trouve un bateau ’,  lui a-t-on promis en quelque sorte. Quand cela n’a pas marché, il s’est tourné vers un autre recruteur et ainsi de suite. Il faut une campagne de sensibilisation pour éviter que des jeunes se fassent exploiter sans vergogne par ces agents recruteurs », ajoute-t-il.

Le ministère ne réagit pas

Depuis le 1er novembre, la rédaction de Xplik ou K a sollicité une réaction du ministre de la Pêche sur l’accusation qui est portée contre la MMTA par deux anciens professionnels de la marine. Le ministère s’est contenté de nous répondre que des informations sont ent rain d’être compilées et qu’il reviendra vers nous quand ce sera prêt.

Selon les deux anciens marins qui ont pris contact avec nous, le ministre Prem Koonjoo serait parfaitement au courant de la situation puisqu’ils se sont entretenus avec lui à ce sujet et sur d’autres points depuis longtemps.

« Je suis allé voir le ministre, accompagné d’autres personnes. C’était en janvier de 2015. Il nous a conseillés de sensibiliser les jeunes », explique l’un des deux.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !