Quinze jours avant l'incendie des entrepôts, un consultant avait invité Shoprite à revoir sa sécurité anti-incendie. Ces clichés parlent d’elles-mêmes.
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Shoprite aurait pu éviter l'incendie qui a ravagé ses entrepôts le dimanche 12 novembre 2017 au Trianon Shopping Park (TSP) et qui a coûté la vie à Dinesh Domah. Des renseignements en possession du Défi Plus indiquent que le groupe sud-africain s’est refusé à plusieurs reprises, depuis 2012, à remettre à niveau son système anti-incendie et qu’il n’observait pas les règles de son « Fire Certificate ».
Le non-respect des normes anti-incendie explique pourquoi il a fallu 44 heures au Mauritius Fire and Rescue Service (MFRS) pour venir à bout du brasier. Shoprite avait cadenassé des portes de secours, rempli ses entrepôts en prévision des ventes de fin d’année. Ce trop-plein de produits a alimenté le feu et gêné l’action des pompiers, du Groupe d’intervention de la police mauricienne et de la Special Mobile Force.
Dinesh Domah, un employé, s’est retrouvé prisonnier des flammes, alors qu’il tentait de circonscrire le début d’incendie. Il a échoué, les tuyaux anti-incendie étant bloqués par des boîtes en carton. Dans un rapport rédigé d'audit mené le 31 octobre 2017, la société Consultec, énumérait les violations flagrantes des consignes anti-incendie.
Des produits étaient entreposés n’importe comment dans les allées, des tuyaux anti-incendie percés ou obstrués par des palettes, des caisses de boissons ou des boîtes de conserves (voir photos). Il y avait au moins 25 chaises de jardin en plastique empilées les unes sur les autres. Même constat pour les accès aux escaliers de secours.
Ashok Kumar Kehlary, Chief Fire Officier par intérim, expliquait sur les lieux du sinistre, en novembre 2017, que les pompiers ont dû rebrousser chemin, car leur sécurité était menacée. Quatre foyers d’incendie étaient alimentés par des boîtes de boissons alcoolisées, de détergents et autres produits inflammables entassées sur une hauteur de cinq mètres. Tout cela a compliqué leur tâche.
Ces manquements expliquent pourquoi la dépouille de l'employé a été retrouvée sous trois mètres de débris, huit jours après l’incendie. La hauteur maximum des stocks n’était pas respectée. Et plus un entrepôt est bondé, plus le risque d’incendie est élevé. Des experts s'interrogent : que ce serait-il passé si le feu avait éclaté à une heure de grande affluence ?
Pourtant, il y a deux ans, lors de la rénovation du TSP, Shoprite avait été invité à remettre son hypermarché à niveau afin d’attirer davantage de clients. Des informations transmises aux MFRS indiquent que le TPS a accepté d’avancer plusieurs millions pour améliorer ses équipements anti-incendie dans l’hypermarché et ses entrepôts. Shoprite a cependant décliné ces travaux.
Conséquences
Un expert. proche du dossier rappelle : « Sous l'effet de la chaleur, le plafond s’est ouvert. Il faudra vérifier toute la structure pour s’assurer qu’il ne représente aucun danger pour le public. La chute d’une poutrelle en béton (beam) pourrait entraîner l’affaissement du bâtiment. L’ensemble du waterproofing sur les entrepôts doit être remplacé. Il a grillé sous l’effet de la chaleur ».
« Il y a aussi eu une négligence au niveau de l’entretien d’un appareil électrique. Une surchauffe a provoqué un court-circuit. À partir de là, les boîtes d’aliments, d’huile de cuisson et autres se sont enflammés », expliquait-il à la MFRS. Le Défi Plus a contacté le groupe Shoprite, en Afrique du Sud et à Maurice, pour un commentaire sur les manquements énumérés tant par les pompiers, le consultant que par son assureur et Consultec. Nous sommes malheureusement restés sur notre faim.
Les proches de Dinesh Domah restent dans le flou. Ils disent avoir sollicité un homme de loi pour intenter une action en justice. « La mort de mon fils a été provoquée par la faute de son employeur », affirme Sardhanand Domah, le père, de la victime.
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