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Dépression : un mal qui ne fait pas de distinction

La dépression affecte les personnes de tous âges, de tous les milieux et de tous les styles de vie. Avoir des pensées noires, être désespéré ou vivre un grand mal-être est une vraie maladie. Voici des témoignages porteurs d’espoir pour les personnes concernées par ce trouble.

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Le rapport 2015 sur les maladies non transmissibles indiquait que 16,7 % des personnes interrogées présentaient les symptômes de la dépression. Cette maladie a connu une hausse de 18 % dans le monde durant ces dix dernières années, selon l’Organisation mondiale de la santé.

Des bouleversements familiaux et des drames affectifs poussent Pascal, 31 ans, à sombrer peu à peu dans l’alcool et la dépression. Il raconte : « J’ai été ballotté entre une mère biologique et une autre, adoptive », se souvient-il. Cet état de choses faisait beaucoup souffrir affectivement Pascal. Déjà fragilisé par son enfance déchirée, le jeune homme a vécu une première déception amoureuse, puis une deuxième et finalement un divorce.

« Ma première petite amie m’a trompé. Malgré cette rupture douloureuse, j’ai fini par rencontrer quelqu’un d’autre et je me suis marié. Après trois mois de vie commune, nous nous sommes séparés. J’ai essayé de refaire ma vie, mais j’enchaînais les coups durs. » Entre-temps, Pascal perd aussi sa mère biologique dans des circonstances tragiques. « Ma mère avait été assassinée. J’avais perdu tout mon équilibre », confie-t-il.

Lorsqu’on se retrouve dans cet état, débuter une journée est difficile, car il faut trouver la force. C’était le cas de Christopher, 24 ans, qui a, lui aussi, sombré dans la dépression à la suite d’une rupture douloureuse. « Une séparation est très dure à encaisser. C’est d’autant plus difficile si les sentiments sont encore présents. Il y avait plusieurs raisons à mon état. Toutefois, il m’était très difficile de définir la cause exacte. J’étais malheureux, en colère, incompris, seul, dans le doute… Une multitude de sentiments différents me hantaient. À tel point que moi-même je ne savais pas exactement ce que je ressentais », raconte le jeune homme.

Ursula, âgée de 63 ans, attribue son état dépressif à la solitude. « Mon époux est décédé il y a presque cinq ans. De toute ma vie, c’est la chose la plus triste qui me soit arrivée. Nos enfants étaient déjà grands. Il ne nous restait que l’un et l’autre pour se soutenir et faire face à la vie. Après sa mort, je me suis sentie si seule et tellement inutile », dit-elle tristement. Ursula n’avait pas eu le temps de faire son deuil que ses enfants ont commencé à lui demander d’aller vivre dans une maison de retraite. « Je n’ai rien dit. Je n’avais pas non plus refusé. Je ne voyais de sens à rien. Après cela, mes enfants m’ont abandonnée ici », ajoute-t-elle.

État dépressif

Abandonné, Pascal ressentait le même abandon. À tel point qu’il avait commencé à boire. « Au début, je buvais au moindre souci. Puis je buvais matin, midi et soir. Je ne faisais rien de concret. Je flânais. Je perdais mon temps à ruminer ma vie », explique le jeune homme. Il avait mal physiquement. « J’étais irrité tout le temps et mon corps restait crispé. J’avais des douleurs atroces au dos, aux épaules et aux bras. Ces douleurs étaient inexpliquées. » Une fois, il tente de mettre fin à ses jours. « C’est ma mère adoptive qui m’a sauvé », reconnaît-il. Mais le jeune homme n’arrive toujours pas à se ressaisir. Plus tard, l’ONG qu’il avait approché lui a diagnostiqué une dépression.

C’était aussi le cas d’Ursula. « Les médecins de la maison de retraite avaient diagnostiqué que j’étais dépressive. » Après le départ de ses enfants, Ursula était irritée. « Cette rage, je l’exprimais sur les autres résidents et sur les employés de la maison. Je donnais même des coups. Quand on me parlait, je répondais mal, je chicanais les autres. Je ne voulais pas coopérer, ni même pour me laver. Le soir, je ne dormais plus. Je pleurais souvent. Pour passer les nuits qui m’apparaissaient si longues, j’appelais fréquemment les surveillantes. Certains jours, je me comportais comme une folle et d’autres jours, je me laissais aller », relate-t-elle.

Espoir

Christopher voulait aussi mourir. À tel point qu’il avait cessé de se nourrir. «  Je ne faisais plus rien. J’avais même cessé de me nourrir. J’avais arrêté de sortir ou de faire ce que j’aimais. Je jouais de la musique et j’avais tout laissé tomber. Je n’avais plus goût à rien. Je voulais seulement m’isoler. Il n’y avait pas un environnement où j’arrivais à m’adapter. Ou peut-être que je ne voulais pas m’adapter. Je me suis alors renfermé sur moi-même pendant quelques mois. »

Pour Pascal, le combat contre la dépression a été long. Aujourd’hui, il est guéri. Il est tombé sur une ONG se trouvant dans les basses Plaines-Wilhems  : le Centre de Solidarité pour une nouvelle vie. Elle s’occupe, entre autres, de la désintoxication des substances diverses, dont l’alcool. Il s’y inscrit : « C’est grâce aux animateurs de ce centre que j’ai aujourd’hui remonté la pente », explique-t-il.

« J’ai eu droit à leur écoute, leur accompagnement et leur soutien quand j’étais au plus bas. » Pascal a trouvé du travail dans un centre d’appels et envisage sa vie beaucoup plus positivement. « J’ai appris mes limites et mes faiblesses. Et j’ai appris ma valeur et la beauté de la vie. »

Quant à Christopher, ce sont ses parents qui l’on sorti de l’emprise de la dépression. « Ma mère, ma sœur et ma tante étaient très présents pour moi. Sans me bousculer, elles m’ont aidée à reprendre goût à la vie. Avec des paroles qui m’ont beaucoup touchée, elles m’ont fait réaliser que la vie était belle et que je passais à côté en restant dans cet état », confie-t-il. Ses amis ont aussi été d’un grand soutien. « Mes amis ont su me remonter le moral. Je me suis remis à faire de la musique. Je suis maintenant dans un groupe de prière et je ne laisse plus la vie m’ébranler », dit-il fermement.

Après son diagnostic, les enfants d’Ursula ont réalisé qu’elle avait besoin de soutien. « Je ne suis plus si seule. Les responsables de la maison de retraite ont parlé à mes enfants de mon état de santé. Ils ne voulaient plus que je reste à la maison de retraite et ont finalement décidé de me prendre en charge », raconte-t-elle. Ses petits-enfants l’ont beaucoup aidée. «  Mes petits-fils m’ont redonné le goût de vivre. Ils m’ont montré qu’ils avaient encore besoin de moi. Que j’étais importante à leurs yeux. » Pour Ursula, ce ne sont pas les antidépresseurs qui guérissent la dépression, mais l’amour.


Vijay Ramanjooloo : «La dépression se manifeste de différentes façons»

Le psychologue clinicien Vijay Ramanjooloo donne son opinion sur la hausse de 18 % des cas de dépression. Il a une explication concernant la hausse de 18  % du nombre de cas de dépression, ces dix dernières années. « Il est intéressant de voir les causes sous l’angle sociologique et psychologique dans une société où la technologie est en train de prendre le dessus à grande vitesse. Pour des raisons socioéconomiques, les gens doivent travailler plus avec un coût de la vie très élevé. Cette situation entraîne beaucoup de stress. Il y a le stress normal, mais s’il est constant et s’étale sur une longue période, la situation est difficile à gérer. Cela peut mener certaines personnes à l’usure. D’où le syndrome du burn-out lorsque nous avons dépassé notre capacité physiologique et psychologique par rapport aux stimulations de notre vie de tous les jours », souligne-t-il.

Pour Vijay Ramanjooloo, il n’est pas juste de penser que le stress atteint des gens plus vulnérables ou ceux ayant des responsabilités trop difficiles à gérer. « Tout est une question de terrain. Génétiquement et physiologiquement, nous ne sommes pas pareils. Ce qui fait qu’on va réagir différemment aux stress de la vie. La dépression se manifeste de différentes façons chez chaque individu sans qu’on soit plus fort ou plus faible », précise-t-il. Les chiffres du rapport 2015 sur les maladies non transmissibles montrent que les femmes sont davantage atteintes par la dépression que les hommes. Mais selon le psychologue, le problème va au-delà d’une affaire de genre.

La société, selon lui, accepte le fait que les femmes montrent leurs émotions alors que les hommes ont tendance à les masquer. Donc, en dépit des chiffres, cela ne veut pas dire que les femmes sont plus faibles que les hommes en ce qui concerne  la dépression. « C’est plutôt une question de terrain, biologique, psychologique et histoire personnelle  », conclut-il.

 

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