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«Déporté» de Dubaï : le rêve brisé de Shameem Korimbocus

Après le Très Haut, la seule chose que je crains, c’est ma grande gueule.

« No retreat, no surrender ! » C’est le sentiment qui anime Shameem Korimbocus, plus connu comme Shameem Onenonly sur Facebook depuis qu’il dit avoir été déporté de Dubaï. Une « déportation » entourée de plusieurs zones d’ombre. Notre compatriote déplore le fait de n’avoir pu accomplir son rêve.

Le Mauricien de 47 ans est rentré au pays le jeudi 1er août 2019 en compagnie de son fils de 11 ans. Cela après avoir passé deux jours dans un centre de détention. Si Shameem Korimbocus affirme ne pas être en colère, il dit avoir le cœur plein d’amertume. « J’avais un rêve, celui de retourner vivre à Maurice avec mon épouse et mon fils d’ici quatre à six ans. Nou res la. Nou viv nou lavi. »   

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L’ex-Showroom Manager d’un magasin de tapisserie, qui vit à Dubaï depuis huit ans, aurait d’ailleurs déjà aménagé sa maison à Maurice et il prévoyait de se lancer dans les affaires. Il confie : « Mo pas bizin bel zafer pou mo viv mwa. Mo ti anvi ouver enn ti restaurant dan Moris. Pas bel zafer, enn ti minn bwi, enn minn frir, enn halim, enn dipain hot-dog. » Un rêve qu’il ne peut poursuivre, dit-il. « Je travaillais justement pour pouvoir concrétiser ce rêve mais je n’ai plus l’argent nécessaire pour le faire. Sans compter que je me retrouve sans emploi et je précise que je n’ai pas terminé l’école. »

Un moment difficile

Le lundi 29 juillet dernier, Shameem Korimbocus est convoqué au poste de police à Dubaï. De là, il indique avoir été embarqué par deux « agents secrets » avant d’être conduit dans un centre de détention où  il a eu un « black-out ». « Cela a été un moment très difficile. Vous ne savez pas où vous êtes, ni ce qui vous arrive, encore moins pourquoi vous êtes détenu et quand vous allez sortir. J’ai appris de certains codétenus que certains étaient là depuis 12 jours, d’autres depuis trois mois. » Il décrit l’endroit comme un gymnase avec quelque 300 personnes mais des lits pour 200 personnes seulement. « Certains dormaient à même le sol », poursuit-il. 

Si Shameem Korimbocus précise n’avoir subi aucune torture ni brutalité, il dit avoir eu peur lorsqu’on lui a mis une cagoule sur la tête pour l’emmener au centre de détention. Sans compter qu’il se disait préoccupé par l’état de son fils. Père et fils sont très complices. « J’ai le cœur gros pour mon épouse, une Philippine, nous sommes mariés religieusement depuis sept ans et elle est restée à Dubaï. J’ai perdu ma première épouse, décédée après 20 années de mariage le 30 août 2011. Je ressens cette même tristesse et angoisse avec ce qui vient de se passer. » 

« No retreat, no surrender »

C’est à travers le réseau social Facebook, sur lequel le Mauricien est très actif qu’il s’est fait connaître. Il dispose d’ailleurs de deux comptes : Shameem Onenonly et Shameem Korimbocus et d’une page « La vérité qui pou dérange zot » qui compte environ 60 000 followers. Régulièrement, il poste des vidéos dans lesquelles il commente et parodie les nouvelles qui font l’actualité surtout à Maurice. Les piques qu’il lance souvent en direction du gouvernement ne passent pas inaperçues, et particulièrement celles prenant pour cible le député MSM, Showkutally Soodhun. « Je n’ai rien contre lui, je ne le vise pas directement mais ses actions me font rire », a-t-il précisé sur les ondes de Radio Plus.

En novembre 2018, le Mauricien avait écopé d’un avertissement de la part des autorités dubaïotes. « Elles m’avaient fait comprendre qu’elles avaient reçu des plaintes contre moi de la part des autorités mauriciennes en raison de mes publications sur les réseaux sociaux. » Cette expulsion aurait-elle eu l’effet d’une douche froide ? Non, à en croire Shameem Korimbocus. « Mo kontan pren nisa, mo pou kontinye parey mwa (…). Après le Très Haut, la seule chose que je crains, c’est ma grande gueule. Kan mo pou ouver li mo pa pou per pou koze. » Il ajoute qu’à peine rentré à Maurice, il voulait faire une vidéo. « 5 zour pena delo dan Trou-aux-Biches. Delo 26/7 zot ti pe dir ! » 

À la question de savoir s’il souhaite faire de la politique, maintenant qu’il est à Maurice, Shameem Korimbocus répond : « Lorsque je constate que certains se coltinent des sobriquets tels que Chihuahua, Femel Lisien ou  se font traiter de racistes, je me dis que je suis bien là où je suis.  » 

 

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