
- L’ex-CP Mario Nobin et l’ancien No 1 de l’Adsu Choolun Bhojoo nient avoir autorisé cette mission
- • Absence de « records » au PMO sur cette affaire
Huit ans après l’arrestation de Navind Kistnah au Mozambique, un élément troublant refait surface : la mission « discrète » de deux hauts gradés de la police dans ce pays africain. La Financial Crimes Commission cherche à comprendre les raisons de ce déplacement mystérieux, non enregistré dans les archives officielles, et à lever les zones d’ombre entourant cette opération.
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L’affaire Navind Kistnah continue de révéler des zones d’ombre, huit ans après la saisie record de 135 kilos d’héroïne dissimulés dans des cylindres de compresseurs — une cargaison estimée à Rs 2 milliards. Si l’arrestation de Navind Kistnah au Mozambique en 2017, suivie de sa déportation vers Maurice, avait fait grand bruit, un détail capital est resté longtemps sous silence : le déplacement « incognito » de deux hauts gradés des Casernes centrales dans ce pays africain, parallèlement à celui des enquêteurs de l’Adsu.
Au moment où un inspecteur et un sergent de police avaient été officiellement mandatés pour récupérer et escorter Navind Kistnah à Maurice, deux autres officiers de haut rang des Casernes centrales avaient également fait le voyage, sans que la raison de leur présence ne soit clairement établie. Ce nouvel élément est récemment ressorti, éveillant la curiosité des enquêteurs de la FCC, qui tentent aujourd’hui de démystifier cette mission qualifiée d’« invisible ».
L’identité des deux hauts gradés est désormais connue, mais les motivations de leur déplacement demeurent un mystère. Pour faire la lumière sur cette opération, la FCC a convoqué plusieurs protagonistes clés. C’est dans ce contexte que Nayen Koomar Ballah, ancien Chef de la Fonction publique et ex-Secrétaire au Cabinet, a été auditionné, ce jeudi (20 mars) par les enquêteurs du Réduit Triangle. Pendant une heure et demie, il a été interrogé sur une éventuelle implication dans l’autorisation de cette mission policière au Mozambique.
Cependant, l’ancien Secrétaire au Cabinet a affirmé ne pas se souvenir d’avoir donné quelque directive que ce soit concernant ce déplacement. Il a indiqué aux enquêteurs qu’ils devraient consulter le Prime Minister’s Office (PMO) pour obtenir les « records » officiels. Nayen Koomar Ballah a également précisé que le Secretary for Home Affairs était habilité à approuver des déplacements similaires à l’étranger.
Le trouble est d’autant plus grand que la FCC avait sollicité directement le Bureau du Premier ministre pour obtenir des informations sur ce voyage en 2017. Mais selon la réponse officielle, aucun document n’avait été enregistré dans les « records » concernant cette mission des deux hauts gradés.
L’enquête ne s’arrête pas là. Mercredi 19 mars, les enquêteurs de la FCC avaient convoqué deux autres figures majeures de la police à l’époque : Mario Nobin, ancien Commissaire de police, et Choolun Bhojoo, ex-Deputy Commissioner of Police (DCP) responsable de la brigade antidrogue (Adsu). Tous deux ont déclaré n’avoir jamais été informés du déplacement des deux hauts gradés au Mozambique et ont assuré ne pas avoir donné leur aval pour cette mission. Ce silence renforce le flou entourant l’opération.
La cavale de Homanchul Ramdin
Parallèlement à ces investigations sur les déplacements policiers, la FCC s’intéresse également à un autre pan non élucidé de l’affaire : la cavale de Homanchul Kumar Ramdin. Considéré comme l’un des protagonistes clés aux côtés de Navind Kistnah, son cas intrigue. Selon les documents recueillis, son nom figure comme importateur des cylindres de compresseurs via l’entreprise Brillant Resources Consulting LTD, qui dissimulait l’héroïne.
Or, malgré ces éléments accablants, l’Adsu ne l’avait pas arrêté après la saisie. Cet habitant Vallée-des-Prêtres avait certes été interrogé peu après la découverte de la drogue, mais il avait été autorisé à rentrer chez lui sans être inquiété. Depuis, il est demeuré introuvable. Sa disparition avait même été signalée par son épouse à la police, sans suite. L’inaction de l’Adsu dans ce cas représente un casse-tête majeur pour la FCC, qui tente de comprendre ce laxisme apparent. À l’époque, l’ICAC, chargée d’enquêter sur le volet blanchiment d’argent de l’affaire Navind Kistnah, n’avait pas non plus interrogé Homanchul Kumar Ramdin. Ce dernier est soupçonné d’être un maillon essentiel du réseau d’approvisionnement en drogue de Peroomal Veeren. L’héroïne importée aurait servi à alimenter ce réseau.
Ainsi, entre mission policière mystérieuse au Mozambique et disparition inexpliquée de l’un des suspects majeurs, les enquêteurs de la FCC tentent de combler les nombreuses zones d’ombre qui persistent autour de l’affaire Kistnah.

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