L’ancien commissaire de police, Anil Kumar Dip, a présenté sa démission mardi, au lendemain de la victoire de l’Alliance du Changement. Son mandat, marqué par des scandales familiaux et des accusations de mauvaise gestion, laisse derrière lui une image controversée.
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Il a fallu un changement de gouvernement pour que celui considéré comme étant indéboulonnable jusque-là plie bagage. Le mardi 12 novembre 2024, soit au lendemain de la victoire de l’Alliance du Changement aux législatives, Anil Kumar Dip a soumis une lettre pour signifier qu’il démissionne de son poste de commissaire de police (CP).
Après avoir dirigé les Casernes centrales depuis 2021, le désormais ex-CP laisse derrière lui un parcours marqué par de nombreuses polémiques. L’une des plus grandes épines de sa carrière reste son fils, Chandra Prakashsingh. Condamné en janvier 2018 à un an de prison pour le détournement de Rs 3 millions chez Barclays Bank, ce dernier a toutefois bénéficié d’une grâce présidentielle qui a réduit sa peine à une amende de Rs 100 000.
Cette affaire n’est qu’une parmi d’autres qui ont terni l’image de l’ancien homme fort de la police. Durant la campagne électorale, il a été pris pour cible par Missie Moustass, qui a publié des extraits de ses présumées conversations téléphoniques. L’une d’elles porte sur une conversation qu’il aurait eue avec une tierce personne. Il est accusé d’avoir tenu des propos à relent communal et blasphématoires, notamment à l’égard de la Vierge Marie. Cela a poussé le diocèse de Port-Louis à organiser une messe de réparation.
En dépit des critiques et des appels incessants à sa démission, Anil Kumar Dip restait résolument soutenu par l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth. Du moins jusqu’au changement de gouvernement.
Anil Kumar Dip a aussi été la cible d’une missive adressée à la Financial Crimes Commission en juin 2024 concernant l’utilisation présumée des véhicules de fonction par ses proches à des fins personnelles. C’est également le seul CP à avoir été incarcéré, en 2013, dans le cadre d’une enquête pour le détournement de Rs 80 millions au préjudice de la défunte Bramer Bank. Il avait été suspendu de ses fonctions à l’époque, mais les accusations retenues contre lui avaient finalement été rayées et il avait réintégré son poste. Malgré sa réintégration, cette affaire a fortement marqué son parcours.
Il a aussi fait face à des conflits familiaux avec Pritesh Bisoonauth, l’ex-mari de sa fille, ainsi que son père. Ces derniers l’avaient accusé d’utiliser l’appareil d’État pour les persécuter.
Si son départ de la force policière est bien accueilli par nombre de ses détracteurs, notamment par des internautes, il peut néanmoins compter sur le soutien de ceux qui l’ont côtoyé, notamment à l’époque où il était responsable de formation au sein de la Police Training School.
« Un CP doit avant tout être au service du gouvernement du jour. C’est triste ce qu’Anil Kumar Dip est en train de subir. Il ne mérite pas d’être déshonoré de la sorte », confie un policier. Celui-ci salue ses réformes et ses stratégies, notamment ses initiatives en matière de promotion interne : « Il a déclenché plusieurs exercices de promotion permettant à des policiers de monter en rang. »
C’est triste ce qu’Anil Kumar Dip est en train de subir. Il ne mérite pas d’être déshonoré de la sorte
Mais les exercices de promotion conduits par le CP ont aussi fait l’objet de critiques de la part de nombreux policiers. « Nous avons travaillé à ses côtés pendant des années. Nous croyions qu’il allait réaliser une bonne performance en tant que CP. Malheureusement, il a été pire. Tous ceux et celles qui étaient dans ses petits papiers ont été promus. Dip n’avait qu’une chose en tête : protéger son fils et ses protégés », dit un policier à la retraite.
Il cite en exemple la promotion express de l’un de ses protégés affectés aux Police Headquarters, lequel connaît aujourd’hui une ascension fulgurante. « Allez vérifier. Un policier était celui qui avait endossé la responsabilité d’un accident de la route pour le compte de Dip. Aujourd’hui, il a déjà des galons sur les épaules. Avant que Dip ne soit CP, ce policier n’était qu’un simple constable », allègue le policier à la retraite.
Anil Kumar Dip, ancien commandant de la Special Mobile Force qui détient une maîtrise en Police Science and Management, compte aussi une expérience étrangère de deux ans au sein de La Croix-Rouge internationale. Ainsi, si, malgré ces controverses, il conserve le soutien de certains membres de la force policière, pour beaucoup, son départ marque toutefois la fin d’une ère de turbulence.
L’ancien CP a été contacté plusieurs fois par Le Défi Quotidien pour une réaction sur les déclarations faites à son sujet. Mais il était injoignable.
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