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Démission de Vikram Hurdoyal : les enjeux d'une partielle

À qui profitera une éventuelle partielle ? Et est-ce que la démission de Vikram Hurdoyal en tant que député réduit la marge de manœuvre du Premier ministre, Pravind Jugnauth, par rapport à l’organisation des élections générales ? Nous avons posé ces questions à Me Parvez Dookhy et à Me Milan Meetarbhan.

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Parvez Dookhy : « Une partielle ne profitera ni à Pravind Jugnauth ni à Navin Ramgoolam »

Après la démission de Vikram Hurdoyal comme député, Pravind Jugnauth peut légalement rester au pouvoir jusqu’à la mi-mai 2025 (fin de mandat + six mois). Mais stratégiquement, ce serait une catastrophe. C’est l’avis de Parvez Dookhy, avocat au barreau de Paris et expert de la constitution mauricienne.

L’ex-ministre de l’Agro-industrie, Vikram Hurdoyal a démissionné comme député le mardi 13 février. Une élection partielle pour élire un remplaçant dans la circonscription n° 10 doit se tenir au plus tard dans 240 jours, soit peu avant la mi-octobre. Le « writ of election » doit être publié dans 90 jours au plus tard à partir du 13 février. La nomination Day doit se tenir dans un délai de 60 jours après le « writ ». Alors que la partielle doit se tenir dans un délai de 90 jours à partir de la Nomination Day.

Et, au moins trois scénarios s’offrent au Premier ministre, selon Parvez Dookhy.

Scénario 1 : Pravind Jugnauth organise la partielle dans un délai de 240 jours, d’ici à la mi-octobre. Et il dissout l’Assemblée nationale, à la toute fin le 7 novembre (fin de mandat), en vue de l’organisation des élections générales.

Scénario 2 : Il peut choisir de faire un « mixte des deux ». Il enclenche les procédures pour l’organisation de la partielle, dans les délais légaux qui se présentent en trois temps (90 jours + 60 jours + 90 jours). Mais il dissout l’Assemblée nationale avant la tenue de la partielle.

Scénario 3 : Enfin, le Premier ministre dissout l’Assemblée nationale avant même d’enclencher les procédures pour l’organisation de l’élection partielle.

Quoi qu’il en soit, selon Parvez Dookhy, Pravind Jugnauth ne peut pas se permettre d’organiser cette partielle au risque d’essuyer une défaite. « Il n’est pas en bonne posture et perdre une partielle à quelques semaines ou quelques mois des élections générales serait catastrophique », dit-il.

Sans compter, ajoute-t-il, que Pravind Jugnauth ne disposera pas de l’apport personnel de Vikram Hurdoyal.

Celui-ci dispose de plusieurs milliers de voix qui lui ont permis de sortir en tête du classement dans cette circonscription.

De ce fait, le Premier ministre voit sa marge de manœuvre se réduire pour des élections en 2025. Une éventualité qu’il a répétée plusieurs fois.

Mais Parvez Dookhy laisse entendre qu’une élection partielle ne profitera pas non plus forcément à Navin Ramgoolam qui est le principal « challenger » de Pravind Jugnauth pour les prochaines élections. « Navin Ramgoolam a été battu lors des deux dernières élections. Et il n’a pas de fief. Or, il serait contraint de se présenter comme candidat. Et perdre une élection une nouvelle fois ne sera pas de bon augure pour lui pour les élections générales. »

Milan Meetarbhan : « Une partielle perdue par le GM profitera à l’opposition »

Pour le constitutionnaliste Milan Meetarbhan, la démission de Virkam Hurdoyal pourrait réduire le champ de manœuvre du Premier ministre, Pravind Jugnauth.

« S’il respecte les délais pour l’organisation d’une partielle et en organise réellement une, ça n’aura pas d’incidence directe sur le calendrier pour les élections générales. Mais on peut imaginer qu’un gouvernement hésitera à organiser une élection partielle juste avant une élection générale. Car il est question de stratégie : une défaite changera la dynamique. Les gens estimeront que c’est un signal fort si l’opposition gagne », avance-t-il.

Pour Milan Meetarbhan, on se dirige vers un scénario comme en 2019, lorsqu’une partielle avait été organisée pour remplacer Vishnu Lutchmeeneraidoo au n° 7 (Piton/Rivière-du-Rempart). Mais au final l’Assemblée avait été dissoute un mois plus tôt pour organiser des élections générales.

« Si ce scénario se reproduit, ça changera le calendrier, car on peut s’attendre à une dissolution vers la fin septembre ou la mi-octobre au lieu de la mi-novembre. Ce qui raccourcit le délai maximal pour des élections générales d’au moins un mois. »

Mais, pour ce dernier, les élections générales risquent d’avoir lieu bien avant. « Quand on regarde les cadeaux donnés, on s’imagine mal qu’il pourra continuer à en donner pendant un an. »

Qui risque le plus si une partielle a lieu ? « Le régime au pouvoir risque le plus s’il perd. »

Roshi Bhadain : « L’annonce d’une élection partielle au n° 10 est du bluff » 

Le Reform Party a tenu une conférence de presse le vendredi 16 février 2024 à Beau-Bassin. « L’annonce d’une élection partielle au n° 10 est du bluff », a indiqué son leader, Roshi Bhadain. 

Sa déclaration intervient à la suite de la révocation de Vikram Hurdoyal comme ministre de l’Agro-industrie suivie de sa démission en tant que député. « Les votants de la circonscription n° 10 (Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est) ont le droit de savoir pourquoi il a été révoqué », a déclaré le leader du Reform Party. 

Il préconise d’aller directement vers les élections générales. Il a suggéré que si 10 députés de l’opposition démissionnent, le Premier ministre devra convoquer des élections générales dans les 240 jours qui suivent. Roshi Bhadain a fait ressortir que les cartes sont entre les mains du leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, qui, selon lui, est celui qui gère l’alliance de l’opposition. 

L’avocat Kailash Trilochun est, lui aussi, d’avis que la population a le droit de savoir la raison de cette révocation. Vendredi, Roshi Bhadain a présenté un nouveau membre du parti : Linda Totah. Cette ancienne employée du secteur bancaire concentre ses efforts principalement dans la circonscription n° 1. 


 

 

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