L’homme d’affaires Dawood Rawat, ancien président émérite de l’ex-groupe BAI, a livré son témoignage sur le démantèlement du groupe BAI lors d’une interview diffusée lundi soir sur la Mauritius Broadcasting Corporation. De retour à Maurice depuis le 8 décembre 2023, après presque 10 ans d’exil, il a partagé sa version des événements ayant conduit à l’effondrement de son groupe et a dénoncé ce qu’il considère comme une « injustice ».
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Dawood Rawat est revenu sur les circonstances entourant son départ de Maurice en 2015, peu avant l’effondrement du groupe BAI. « Ma famille craignait bien plus que moi. Quand la guillotine est tombée, mon épouse avait confisqué mon passeport pour que je ne puisse pas retourner », a-t-il confié. L’ancien magnat a souligné que, malgré la douleur de l’exil, son retour en décembre dernier a été marqué par une immense émotion : « La différence est que je revenais dans un pays qui venait d’être libéré. L’accueil à l’aéroport était incroyable. »
Cependant, Dawood Rawat n’a pas manqué de dénoncer ce qu’il décrit comme un « complot » orchestré contre lui et son groupe. « Après les élections de 2014, j’ai presque immédiatement senti qu’un cyclone allait s’abattre sur le pays. Très vite, ils ont commencé à agir contre mon groupe, à commencer par la banque. » Il a affirmé avoir été victime de rumeurs et de mesures systématiques visant à détruire le groupe BAI. « Tout ce monde me connaissait. Or, pas un seul ne m’a averti. Ils ont détruit le groupe. Je ne croyais pas que mon pays pouvait faire une telle chose. »
L’homme d’affaires a également évoqué les contributions historiques de sa famille à Maurice, exprimant son amertume face au traitement qu’il a reçu. « Mon arrière-grand-père, le Major Atchia, et mon grand-père, G.M.D. Atchia, ont énormément contribué au développement du pays. Mon grand-père maternel a même aidé le Dr Seewoosagur Ramgoolam à terminer ses études de médecine à Londres. » Dawood Rawat a aussi rappelé l’implication de sa famille dans le domaine culturel, notamment par des investissements dans le cinéma.
« La hiérarchie de race et de couleur ne marchait pas dans mon groupe. Je voulais que tout le monde ait une chance égale devant l’emploi et les promotions. La compétence était le mot d’ordre », a-t-il souligné. C’est cet esprit de méritocratie, selon lui, qui a fait de son groupe un modèle, mais qui aurait aussi provoqué l’hostilité de certains milieux économiques et politiques.
Chute orchestrée
Dawood Rawat a accusé des forces économiques et politiques d’avoir sciemment orchestré la chute de son groupe : « Il y a eu un accord entre plusieurs groupes pour nous attaquer frontalement. Ils ont retiré des sommes énormes de la Bramer Bank, vendu des actions et cessé de payer leurs dettes. C’était le ‘perfect storm’ qui arrivait de tous côtés. »
L’homme d’affaires a réfuté les accusations selon lesquelles le groupe BAI opérait sous un système Ponzi. « Un Ponzi n’a pas d’avoirs, alors que nous avions une banque, un hôpital, des assurances, et bien d’autres actifs. » Il a aussi évoqué les tentatives avortées de sauver le groupe, notamment avec l’intérêt exprimé par des investisseurs étrangers tels que Mutual d’Afrique du Sud et MMI. « J’avais toutes les solutions, mais l’objectif était de me détruire », a-t-il soutenu.
Dans son témoignage, Dawood Rawat a insisté sur les répercussions humaines de cette affaire. « La façon dont mes enfants et ma famille ont été traités était inhumaine. Nous étions littéralement sans ressources. Le frigo de mes enfants était vide », a-t-il dit. Malgré cela, il affirme avoir trouvé la force de continuer, animé par une quête de justice. « Je ne suis pas quelqu’un d’imbu de vengeance, mais de justice. Je ne partirai pas d’ici sans avoir eu la justice », a-t-il ajouté.
L’ancien patron du groupe BAI a également exprimé son espoir de voir des solutions émerger. « J’ai eu une seule conversation avec le Premier ministre et j’ai beaucoup d’espoir qu’on trouvera des solutions pour ma famille, les clients et les employés qui ont été mis à la porte. » Pour lui, cette bataille dépasse sa personne. « Ce qui a été fait est horrible et inhumain, et ça ne peut pas être pardonné. Ma bataille est que jamais plus cela ne puisse arriver », a-t-il conclu.
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