La détention de Maminiaina (Mamy) Ravatomanga a fait l’objet de débats le jeudi 27 novembre 2025 devant le tribunal de Port-Louis. C’est après une demande de la Financial Crimes Commission (FCC) pour que le magnat malgache soit détenu à la prison de Melrose, évoquant qu’elle détient des équipements médicaux et qu’il y recevra tous les soins adéquats. Mais ses hommes de loi s’y opposent, mettant en question les conditions médicales de ce centre pénitentiaire.
Dans le cadre de la demande de la FCC, le Dr Mamode Aniffkhan Yearoo, médecin traitant de l’homme d’affaires malgache, et l’assistant-surintendant de prison Alex Casimir de la prison de Melrose ont été entendus pour éclairer le magistrat Prashant Bissoon. Ce dernier tranchera sur la requête de la FCC, lundi 1er décembre 2025.
Mamy Ravatomanga (57 ans) a été arrêté le 24 octobre 2025 par la FCC. Depuis le 6 novembre 2025, il répond de trois accusations provisoires : une d’entente délictueuse et deux de blanchiment d’argent. Les délits ont été commis les 14 et 24 octobre 2025.
D’autre part, la FCC a maintenu son objection à sa demande de libération sous caution, estimant qu’il existe un risque de manipulation de preuves, d’interférence avec des témoins et de fuite.
Comparution
Les débats devaient être sur la demande de libération sous caution de l’homme d’affaires malgache. Toutefois, la Woman Police Chief Inspector Arline Raymond de la FCC a produit deux certificats médicaux du quinquagénaire, émanant du Dr Mamode Aniffkhan Yearoo, après lui avoir rendu visite à la clinique Premium Care, à Phoenix. L’un des certificats médicaux indique que Mamy Ravatomanga a besoin de deux autres semaines de repos et qu’il ne peut pas se présenter devant le tribunal en raison de sa santé.
Elle a ajouté que le magnat malgache sera examiné le 28 novembre 2025 par le Dr Ahmud Soreefan, consultant en charge de la section cardiologie à l’hôpital Victoria de Candos.
Le magistrat Prashant Bissoon a voulu savoir pourquoi le Dr Ahmud Soreefan n’était pas présent. La Woman Police Chief Inspector Arline Raymond a répliqué qu’il était pris dans une intervention chirurgicale.
Pourquoi Mamy Ravatomanga devrait-il être détenu à la prison de Melrose ?
Après la production des deux certificats médicaux par la Woman Police Chief Inspector Arline Raymond, Me Trishul Naga et Me Fayyad Azamkhan de la FCC ont attiré l’attention de la Cour sur le fait que le certificat médical mentionne uniquement deux semaines de repos à la clinique Premium Care, à Phoenix, et non des raisons médicales urgentes.
À cela, Me Siddhartha Hawoldar, avocat de Mamy Ravatomanga, a expliqué que deux cardiologues, Dr Vijay Boolell et Dr Mamode Aniffkhan Yearoo, sont présents pour apporter des éclaircissements sur l’état de santé de son client.
Cellule
L’homme de loi a aussi rappelé qu’il y a le « respect of life of a patient » et il est revenu sur la déclaration de l’inspecteur Chandra Gupta Dewoo, faite le 20 novembre 2025, devant le tribunal de Port-Louis. Ce dernier avait expliqué pourquoi Mamy Ravatomanga est à la clinique Premium Care au lieu d’être en cellule policière.
Le commissaire de police a autorisé le magnat malgache à être mis en observation dans la clinique privée, vu qu’il venait de subir une intervention chirurgicale et qu’il y avait un « high risk of infection » en cellule policière.
Cependant, Me Trishul Naga a expliqué que les vingt-et-un jours ont « lapsed », d’où sa requête pour que Mamy Ravatomanga soit détenu à la prison de Melrose. Il a ainsi produit un « memo » du commissaire de police en ce sens. Le représentant de la FCC a soutenu qu’il existe toutes les facilités médicales à la prison de Melrose.
Clinique ou prison de Melrose ?
Est-ce que Mamy Ravatomanga restera à la clinique Premium Care ou sera-t-il détenu à la prison de Melrose ? Le Dr Mamode Aniffkhan Yearoo a expliqué à la Cour que la santé du magnat malgache est fragile. Il a indiqué que ce dernier a perdu 11 kilos en dix jours et qu’il souffre toujours de douleurs thoraciques. Pour lui, son état de santé est « unstable » et il y a un risque qu’il fasse une crise cardiaque. « There is a risk of complication of a heart attack that is why I am keeping him in observation », dit le cardiologue.
À une question sur la possibilité qu’il soit détenu dans une cellule, le médecin a répondu : « I will not advise », tout en déclarant que la clinique est dotée d’équipements médicaux tels qu’un défibrillateur et lui procure les médicaments nécessaires.
D’autre part, Me Siddhartha Hawoldar a demandé au médecin s’il « has knowledge about level of facilities in prison » concernant les soins médicaux. À quoi il a répondu « non ».
Me Trishul Naga a alors attiré l’attention du Dr Mamode Aniffkhan Yearoo sur le fait que c’est le Dr Ahmud Soreefan qui a sauvé la vie du magnat malgache, alors que ce dernier était admis à la clinique Premium Care depuis mi-octobre.
À cela, le Dr Mamode Aniffkhan Yearoo a expliqué qu’il ne pouvait pas opérer Mamy Ravatomanga sans avoir obtenu son consentement, car il souhaitait se faire soigner à l’étranger.
Interrogé s’il était au courant que l’infection nosocomiale peut être contractée au cours d’un séjour à l’hôpital ou dans une clinique. Il a répondu : « Oui ».
D’autre part, Me Trishul Naga a cherché à comprendre en quoi consiste exactement le « repos » prescrit par le médecin : séjourner à la clinique, recevoir ses médicaments, bénéficier de visites, entre autres.
Droit aux soins
Me Siddhartha Hawoldar a plaidé que son client a droit aux soins afin de pouvoir se présenter devant la justice. Il a rappelé qu’une personne est présumée innocente tant que le contraire n’est pas établi par un tribunal. Pour lui, il faut « keep people alive to face the justice ». Il conclut que son client doit être traité « fairly ».
De son côté, Me Trishul Naga estime que la prison est adéquate pour que Mamy Ravatomanga obtienne les soins nécessaires et que les conditions médicales y sont présentes. Il se demande : « why should he rest in a private clinic than a prison ? », tout en précisant que c’est un médecin public qui a sauvé la vie du magnat malgache. Selon lui, « there is no reason why Mamy Ravatomanga should be at Premium Care ».
La prison de Melrose et ses conditions médicales
Pour la FCC, la prison de Melrose est adéquate compte tenu de l’état de santé de l’homme d’affaires malgache. Dans cette optique, l’ASP Alex Casimir a mis l’accent sur les conditions médicales dont dispose ce centre pénitentiaire, soutenant même qu’elle est la meilleure de l’océan Indien. Il a indiqué que cet établissement pénitentiaire est doté de sécurité, de « safe custody », de discipline et d’hygiène.
Concernant la propreté au sein de la prison, il a affirmé que les détenus nettoient tous les jours, conformément aux règles et conditions de cette prison, qui est régulièrement visitée par des magistrats et des travailleurs sociaux.
Me Siddhartha Hawoldar : « Nou finn demontre ki prizon pa adapte pou la sante Mamy Ravatomnaga »
À la sortie du tribunal le jeudi 27 novembre 2025, Me Siddhartha Hawoldar, avocat de Mamy Ravatomanga, a livré une déclaration.
Il a rappelé que le médecin traitant a témoigné sur la fragilité de son client. « Dokter traitan inn vini pou explike ki so leta tro fragil pou li al dan enn sistem karseral. Dan prizon li pa pou gayn bann tretman neseser, sirtou an konsiderasion de ponntaz ki li fek fer. »
Le praticien a également indiqué que l’accusé a perdu onze kilos en dix jours, ce qui est un signe inquiétant. Selon lui, l’état de santé de son patient nécessite une supervision médicale continue. « Dr Yearoo so lopinion se ki li bizin kontinie res anba sipervision medikal akoz so leta lasante ek sirtou akoz bann operasion ki li fek sibir. »
La Financial Crimes Commission (FCC) a, de son côté, soutenu que le milieu carcéral dispose d’hôpitaux et de structures adaptées. Mais l’avocat estime que ces moyens ne sont pas suffisants pour un problème cardiaque aussi sérieux. « Nou finn reysi montre… pou so leta, ki enn zafer leker, milieux karseral pa neseserman ena bann fasilite ki enn lopital ena pou sa kalite zafer danzere-la. »
L’avocat dit attendre le dénouement de la motion ce lundi 1er décembre 2025.
Mamy Ravatomanga a aussi retenu les services de Mes Khushal Lobine, Joy Beeharry, Me Devina Deonarain et Nirakar Hawoldar.
Ce qui est reproché au magnat malgache
Selon la première et la deuxième accusation, ce directeur de compagnie, résidant actuellement à Belle Vue Harel, est soupçonné d’avoir été en possession de Rs 6 456 055 996,29 et de Rs 858 489 298,21 respectivement dans diverses institutions bancaires. Ces sommes qui proviendraient d’activités illicites. Les délits auraient été commis le 24 octobre 2025 sur le territoire mauricien.
Quant à la troisième accusation, il est reproché à Mamy Ravatomanga d’avoir conclu un accord avec David Jean Christian Thomas, Nasser Osman Beekhy et Me Junaid Haroon Fakim, ancien commissaire de la FCC, en vue de commettre un délit de trafic d’influence lié à une enquête en cours par la commission. Le délit a été commis le 14 octobre 2025.
Les soins à la prison
Qu’en est-il des détenus qui ont besoin d’une attention médicale ?
Selon l’ASP Alex Casimir, il existe des facilités médicales à la prison de Melrose. De plus, elle est équipée d’appareils médicaux, excepté pour effectuer un extrait.
Qu’en est-il des patients cardiaques ?
L’ASP Alex Casimir a expliqué qu’il y a des infirmiers postés à la prison 24 heures sur 24 et que des médecins y interviennent également. Ces derniers sont « on call ». En cas d’urgence, ils sont sollicités.
Y a-t-il des patients cardiaques à la prison de Melrose ?
« Quatre », a répliqué l’ASP Alex Casimir, précisant qu’ils sont sous surveillance 24 heures sur 24 par des infirmiers. Il a ajouté qu’ils sont examinés par des médecins attachés à la prison, qu’ils peuvent aussi être auscultés par des médecins privés de leur choix et recevoir des visites.
En cas d’urgence ?
L’ASP Alex Casimir a indiqué que la prison est dotée de caméras. Si un détenu est souffrant, une « emergency team » composée de surveillants et d’infirmiers intervient. Le détenu reçoit les premiers soins immédiatement. Ensuite, l’infirmier peut solliciter un médecin. En cas d’urgence, une ambulance présente dans l’enceinte de la prison peut conduire le prisonnier soit à l’hôpital national Sir Seewoosagur Ramgoolam à Pamplemousses, soit à l’hôpital Jawaharlal Nehru à Rose-Belle. Interrogé par Me Siddhartha Hawoldar sur le temps que cela prend, l’officier a répondu que le transfert peut se faire en « 30 minutes ». L’ASP Alex Casimir a aussi révélé qu’il y a eu des cas où un détenu ayant subi une opération cardiaque a été transféré le même jour à la prison de Melrose.
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