Le bureau de l’Attorney General a déposé, le vendredi 31 mars 2023 devant le tribunal de Port-Louis, une demande d’extradition des autorités françaises contre Jean Hubert Celerine alias Franklin, âgé de 33 ans et Jeremy Désiré Décidé, âgé de 37 ans aussi connu comme Nono.
Le vendredi 31 mars 2023, Me Andy Kristyven Putchay, State Counsel et Me Verna Nirsimloo, Chief State Attorney, se sont présentés au tribunal de Port-Louis pour déposer la demande d’extradition faite par les autorités françaises par rapport à Jean Hubert Celerine (Franklin) et Jeremy Désiré Décidé (Nono). Les arrangements nécessaires ont été faits pour que les deux habitants Rivière-Noire se présentent devant le tribunal de Port-Louis. Ils ont été escortés par les officiers de l’Independent Commission against Corruption (Icac) et de la Special Supporting Unit (SSU).
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Me Yatin Varma et Me Sanjeev Moloye, les avocats de Franklin et de Nono respectivement, ont aussi pris connaissance, vendredi, de la demande d’extradition. Ils ont fait ressortir qu’ils feront part de la position de leurs clients respectifs le 6 avril 2023 sur leur souhait d’être extradés ou pas.
Les deux hommes de loi ont présenté une requête pour la remise en liberté sous caution de leurs clients. Me Andy Kristyven Putchay y a objecté, soutenant qu’il communiquera les points d’objection à ses confrères. Les débats entourant la demande de remise en liberté de Franklin et Nono ont aussi été fixés au 6 avril 2023.
Me Yatin Varma a réclamé la garantie du bureau de l’Attorney General que son client ne sera pas retiré du territoire mauricien et confié aux autorités françaises en attendant une décision de cette instance. Le bureau de l’Attorney General fera part de sa décision le 3 avril 2023. Les travaux autours de cette demande d’extradition sont présidés par la magistrate Shavina Jugnauth.
Mandat d’arrêt depuis 2019
Lors de la Private Notice Question le 28 mars 2023 à l’Assemblée nationale, Pravind Jugnauth avait déclaré que c’est le 21 février 2023 que les autorités françaises ont demandé l’extradition de Franklin et de son complice Nono. Le Premier ministre avait précisé que le nécessaire était fait pour que l’affaire soit portée devant la justice afin d’extrader les deux Mauriciens.
Cette démarche des autorités françaises fait suite à la condamnation des deux Mauriciens, le 2 juillet 2021, à sept ans de prison chacun pour leur implication dans un trafic de cannabis destiné à alimenter Maurice. Jugement prononcé par la cour d’appel de Saint-Denis par contumace, c’est-à-dire en leur absence.
Franklin avait été reconnu coupable sous cinq chefs d’accusation : complicité de transport non autorisé de stupéfiants ; complicité d’exportation en contrebande de marchandises dangereuses pour la santé publique (stupéfiant) ; complicité de détention non autorisée de stupéfiants ; complicité d’acquisition non autorisée de stupéfiants ; et complicité d’exportation non autorisée de stupéfiants. Délits commis entre janvier 2017 au 30 avril 2018.
Nono avait, lui, été jugé sous quatre accusations : transport non autorisé de stupéfiants ; complicité d’exportation en contrebande de marchandises dangereuses pour la santé publique (stupéfiant) ; détention non autorisée de stupéfiants ; et complicité d’exportation non autorisée de stupéfiants. Les délits avaient été commis entre janvier 2017 et le 30 avril 2018.
Selon le Premier ministre, une notice d’Interpol avait été émise auparavant réclamant l’arrestation de Franklin et de Nono. Toutefois, « cela n’a pas abouti », avait expliqué le chef du gouvernement. Il avait ajouté que la police ne peut pas arrêter une personne sauf s’il y a une demande d’extradition de l’autre pays concerné.
La cour d’appel de Saint-Denis avait, quant à elle, émis un mandat d’arrêt le 13 juin 2019 contre les deux hommes à la suite du jugement. Mandat qui a d’ailleurs pu être exécuté.
Franklin avait déjà déposé une injonction, le 2 février 2023, en Cour suprême pour réclamer un ordre interdisant aux autorités mauriciennes de l’extrader ou de le retirer du territoire mauricien pour le confier aux autorités réunionnaises. La juge des référés, Aruna Narain, n’avait pas accédé à sa requête.
Vers un nouveau procès ou purgeront-ils leurs peines ?
Face à cette demande d’extradition, Franklin et Nono devront faire un choix. S’ils acceptent d’être extradés, ils devront soit purger leurs peines, soit demander l’autorisation aux autorités françaises qu’un nouveau procès soit instruit contre eux vu que le jugement a été prononcé par contumace, c’est-à-dire en leur absence. Pour cette procédure, les deux Mauriciens devront retenir les services d’un avocat à la Réunion.
Accusations provisoires de blanchiment d’argent
Franklin et Nono ne sont pas au bout de leurs peines. Ils font chacun l’objet d’une accusation de blanchiment d’argent devant la justice mauricienne à la suite d’une enquête menée par l’Icac. Le premier nommé avait été arrêté par les officiers de la commission anticorruption le 7 février 2023 puis inculpé devant le tribunal de Bambous sous une accusation provisoire de blanchiment d’argent. L’Icac lui reproche d’avoir dissimulé des biens au nom de Ritesh Sumboo, notamment une maison à La Gaulette. Délit commis le 10 juin 2020. L’arrestation de Nono a, elle, eu lieu le 14 février 2023. Il est sous le coup d’une accusation provisoire de blanchiment d’argent devant le tribunal de Mahébourg. Le trentenaire est soupçonné d’être lié aux activités de blanchiment d’argent du réseau Franklin.
L’Icac reproche à Nono d’avoir été en possession de 15 250 euros, soit l’équivalent de Rs 610 000. Argent qui proviendrait des activités illicites. Le délit a été commis le 25 février 2020 à l’aéroport international Sir Seewoosagur Ramgoolam.
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