
- Menaces de révélations sur des liens présumés entre gardiens et détenus
- Des officiers de la FCC à la prison de Phœnix la semaine prochaine
Peroomal Veeren, condamné pour trafic de drogue, veut être transféré vers un autre pénitencier. Face au refus de la direction carcérale, le détenu menace de faire des révélations fracassantes sur des liens supposés entre des hauts gradés de l’administration pénitentiaire et certains détenus.
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Un bras de fer se joue derrière les hauts murs de la prison de haute sécurité de Phœnix (surnommée La Bastille). Peroomal Veeren, qui y est incarcéré depuis sept ans, veut être transféré vers la prison centrale de Beau-Bassin ou celle de Melrose. Selon nos informations, il invoque des problèmes de santé pour justifier sa requête. La prison de Phoenix ne disposant pas d’une unité médicale, cela, selon lui, met sa santé en danger. « La prison de Phoenix est dépourvue d’unité médicale et ne compte aucun infirmier résident. Lorsqu’un détenu tombe malade, il faut contacter la prison de Beau-Bassin ou celle de Melrose pour organiser un transfert », confirme une source bien informée.
Cependant, la direction carcérale a rejeté sa demande. Mais Peroomal Veeren, incarcéré à Phoenix pour des raisons de « sécurité », ne semble pas prêt à accepter ce refus. Selon nos sources, il aurait déjà sollicité un avocat et envoyé une correspondance à la Financial Crimes Commission (FCC- ancienne Independent Commission Against Corruption), menaçant de faire des « révélations » concernant de supposés liens entre certains prisonniers et des hauts gradés de l’administration pénitentiaire. Les enquêteurs de la FCC devraient se rendre à la prison de Phoenix au début de la semaine prochaine pour l’interroger.
Est-ce un coup de poker ou un véritable coup de semonce ? En menaçant de faire des révélations sur des liens présumés entre prisonniers et hauts gradés de l’administration pénitentiaire, Peroomal Veeren place la direction carcérale face à un dilemme explosif. D’un côté, accéder à sa demande de transfert pourrait créer un précédent dangereux, où tout détenu influent pourrait user du même stratagème pour négocier des conditions plus clémentes. De l’autre, la refuser pourrait ouvrir la voie à des accusations capables de nuire à l’institution.
Au sein du département Welfare de la prison centrale de Beau-Bassin, on confirme être « au courant de la demande de Peroomal Veeren pour un transfert ». Mais l’incertitude demeure : « Nou pa kone ki desizion bann lao pou pran », glisse-t-on. Qu’en est-il de la présence des officiers de la FCC à la prison de Phœnix la semaine prochaine ? « Ce n’est pas anodin », lâche-t-on. Et sur le comportement du détenu ? « Les officiers du département Welfare n’ont jamais eu de problèmes avec lui. Mais chaque gardien a sa propre perception du prisonnier », nuance le département Welfare de la prison.
Peroomal Veeren est considéré comme un prisonnier à haut risque. Son incarcération à Phoenix n’est pas un hasard...
La prison de Phœnix est-elle réellement dépourvue d’une unité médicale ? « On vous assure qu’un infirmier passe chaque jour à la prison. Il y a des prisonniers sous méthadone. Peroomal Veeren, qui est souffrant, nécessite un traitement quotidien », affirme l’administration pénitentiaire. Le Transfer Committee examinera-t-il le dossier de Peroomal Veeren ? « Le comité peut en effet se pencher sur son cas », conclut-on prudemment.
Le commissaire des prisons par intérim (p.i), Raj Rughoobeer, a été sollicité pour une déclaration sur le refus de procéder au transfert du prisonnier Veeren. « Taler mo koz avek ou enn tigit. Mo dan ene komite-la », a-t-il déclaré. Il a été rappelé à nouveau quelques heures plus tard mercredi après-midi, mais sans succès.
Peroomal Veeren est un détenu particulier. Son nom figure dans le rapport de la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, rapport qui a fait grand bruit lors de sa publication en 2018. Condamné en 2010 à 34 ans de prison pour « tentative de possession de drogues dangereuses en vue de leur distribution » en vertu des articles 30 (1) (f) (ii), 41 (3) (4), 47 (2) et 47 (5) (a) du Dangerous Drugs Act, ainsi que des articles 2 et 45 de l’Interpretation & General Clauses Act, il a vu sa sentence confirmée en 2012. « Peroomal Veeren est considéré comme un prisonnier à haut risque. Son incarcération à Phoenix n’est pas un hasard : cette prison de haute sécurité a été conçue pour isoler les détenus les plus dangereux et limiter leurs connexions avec l’extérieur », précise une source.
Selon notre informateur, ce n’est pas la première fois que Peroomal Veeren tente d’être transféré à la prison centrale de Beau-Bassin. Une requête similaire avait déjà été formulée l’an dernier, mais la direction carcérale s’y était opposée.
Gros plan sur la réouverture de La Bastille
Fermée en 2014 à la suite d’une requête de la Commission des droits de l’homme, la prison de Phœnix, surnommée La Bastille, a rouvert en 2018 pour accueillir les détenus « high profile ». Derrière ses murs austères, un régime carcéral ultrastrict : 22 heures par jour en cellule, avec seulement deux heures de sortie sous surveillance pour un bain de soleil. Ancienne prison militaire datant de l’époque coloniale française, La Bastille avait été transformée en centre pénitentiaire en 1980, avec une capacité d’accueil d’une trentaine de détenus. Officiellement, sa fermeture en 2014 répondait aux préoccupations des défenseurs des droits humains, dénonçant des conditions de détention inadaptées. Mais sa réouverture en 2018, sous le sceau de la haute sécurité, témoigne d’une volonté claire du gouvernement d’alors : isoler les prisonniers considérés comme les plus influents, ceux dont le réseau et le pouvoir s’étendent bien au-delà des murs de leur cellule. Vinod Appadoo était le commissaire des prisons de l’époque.
Connivence gardiens de prison-détenus
Dans son rapport publié en 2018, la commission d’enquête, présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, avait elle-même fait état de la connivence existant entre des trafiquants de drogue incarcérés et des gardiens de prison. « The Commission’s Investigation Team investigated on 102 prisons officers but the Commission has heard only a few of them who have been in unlawful telephone communication with prisoners and those whose bank accounts show that there have been deposits in their bank accounts which calls for explanation. Their provenance is so suspect and some tried to explain that the money comes from a side business but most of them embarrassingly have explained that the moneys are gains (…) », est-il stipulé dans le rapport.

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