Faute d’un permis du ministère l’Économie océanique, des ressources marines et de la pêche pour l’élevage de coraux, des étudiants de l’université de Maurice ont été pénalisés. Ils ont dû chômer pendant la période de stage de deux mois.
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« Ai-je fait le bon choix en optant pour la filière de l’aquaculture ? » C’est la question qui turlupine Preita, étudiante en deuxième année de l’université de Maurice (UoM). Elle raconte que c’est l’enthousiasme affiché par le gouvernement à exploiter les ressources marines et les opportunités de ce secteur qui l’ont poussée à se lancer dans cette filière. « Sauf que jusqu’à présent il n’y a pas eu de grand développement. Cela me fait peur. Mon avenir est en jeu, d’autant que la pratique est importante pour acquérir des connaissances et de l’expertise », déplore-t-elle.
Preita ajoute qu’en classe, les étudiants ont appris beaucoup de choses en théorie mais pas tellement dans la pratique. « Le projet d’élevage de coraux nous aurait permis de faire une incursion dans le monde réel et d’utiliser nos deux mois de vacances de manière constructive, ce qui aurait eu un impact positif sur nos études », souligne-t-elle.
Doute
Sanjinee, étudiante du programme Science marine, ne cache pas ses appréhensions. « Ce projet devait créer des opportunités pour nous. Des sessions pratiques nous auraient aidés à mieux comprendre les cours théoriques et à mieux travailler aux examens. Nous avons perdu deux précieux mois à attendre », dit-elle. Elle dit s’être intéressée à cette filière car elle avait entendu dire qu’il y aurait de grandes opportunités dans ce secteur mais elle commence à en douter. Elle demande au gouvernement de leur venir en aide afin que leurs efforts ne soient pas gaspillés.
Tout commence en février 2019. L’UoM fait une demande pour un permis au ministère de l’Économie océanique, des ressources marines et de la pêche pour l’élevage de coraux à des fins de recherches. Ce projet est entièrement financé par la Tertiary Education Commission en collaboration avec l’université de Western Australia et les meilleurs professeurs scientifiques de l’élevage de coraux, dont le professeur Baruch Rinkevich et le Dr Dave Vaughan. « Dans un monde où nous parlons de planter un million de coraux, la demande de permis concerne seulement 20 000 fragments de corail », dit Nadeem Nazurally, chargé de cours et responsable du projet.
Retard « intriguant »
Plusieurs courriels ont été envoyés au Secrétaire permanent et aux responsables dudit ministère, mais à ce jour ils n’ont reçu aucune réponse. Pour eux, l’attente est longue. « Je ne vois pas où est le problème, d’autant que l’administration du Continental Shelf, sous le ministère de la Défense, a déjà donné son accord le 18 mars 2019 », lance Nadeem Nazurally.
Il se demande pourquoi le ministère retarde les procédures pour l’octroi du permis. Il insiste sur le fait que ce projet permettra à des étudiants des programmes d’aquaculture et de science marine de faire un stage et des travaux pratiques. « Les cours à l’université nécessitent désormais six mois de stage. Afin qu’ils complètent leurs études et acquièrent plus d’expérience, il est primordial pour les étudiants de finir leur stage avec brio. Après la première année, les étudiants ont deux mois de congé. Ce projet a été établi afin qu’ils puissent apprendre et mieux comprendre la théorie expliquée en classe. »
Acquérir l’expérience
Nadeem Nazurally confie que le secteur privé se plaint souvent du fait que les étudiants n’ont pas assez d’expérience et de connaissances pour être embauchés. C’est donc l’une des principales raisons pour lesquelles il a souhaité lancer ce projet d’élevage de coraux. Il constate que les étudiants sont très déçus car ils s’attendaient à mieux utiliser leurs deux mois de vacances pour améliorer leurs connaissances et appliquer en classe ce qu’ils ont appris dans la pratique. « En deuxième année, les étudiants auront des modules qui requièrent des pratiques intenses pour comprendre l’aspect réel de l’aquaculture. Ils ont besoin d’un endroit pour leurs travaux pratiques et sortir des quatre murs de l’établissement. »
Le chargé de cours est d’avis que Maurice a de la chance de bénéficier de collaborations internationales pour ce projet. « Les deux professeurs font des recherches à travers le monde. Ils ont déjà un plan de travail chargé. Mais ils sont disposés à nous aider de même que Maurice dans son programme de restauration des coraux. De telles expertises sont des occasions que notre pays doit saisir. »
Le ministère : «Le permis sera accordé»
Le ministère confirme avoir reçu la demande, mais il dit qu’il y a des éléments qu’il ne peut pas accepter, dont l’exportation des coraux. « Le concept d’élevage des coraux est délicat. Il faut bien voir les conditions rattachées. Le récent Budget a revu les structures des tels projets. Il y a aussi des règlements à revoir dans ce secteur », indique notre source. Elle ajoute que le permis sera bientôt octroyé, précisant que plusieurs conditions y seront rattachées.
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