Mise à jour December 25, 2025, 11:08 am

Demande de liberté sous caution - Ravatomanga : «Je suis un investisseur pas un criminel»

Ledweena Ramasawmy-Mohun
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Ravatomanga

«Je souffre énormément, je suis en stress permanent en prison. J’ai peur pour ma vie ici. » C’est un Maminiana (Mamy) Ravatomanga visiblement affaibli, la voix chargée d’émotion, qui s’est exprimé ce mercredi 24 décembre 2025 devant la Bail and Remand Court, lors des débats entourant sa demande de remise en liberté sous caution. La Cour rendra sa décision le 30 décembre 2025.

Face à la magistrate Karuna Dwarka-Davay, l’homme d’affaires malgache a assuré qu’il respecterait scrupuleusement toutes les conditions qui pourraient lui être imposées. « Je suis venu à Maurice pour des raisons de sécurité après le coup d’État militaire à Madagascar. Je suis consul honoraire de la Côte d’Ivoire et de la Serbie. Je suis un investisseur, pas un criminel », a-t-il martelé.

Il a également souligné qu’il porte la responsabilité de 4 500 employés, ainsi que de plusieurs sociétés basées à Maurice. « Mes employés souffrent. Ils n’ont pas d’argent, surtout en cette période. Je suis le seul signataire autorisé », a-t-il insisté.

Mamy Ravatomanga a par ailleurs rappelé qu’il détient des comptes bancaires à Maurice depuis 30 ans, sans jamais avoir eu de démêlés avec les autorités. Il a aussi longuement évoqué ses graves problèmes de santé : « Je souffre de maladies chroniques. J’ai des artères bouchées à 100 %. Le stress permanent en prison aggrave mon état. Je ne peux plus rester incarcéré pour des raisons de santé et de sécurité », avant d’ajouter qu’il fait confiance à l’indépendance de la Cour.

Sa fille, Louva Ravatomanga, est également intervenue. Elle a assuré que son père serait placé sous sa responsabilité et qu’il résiderait chez elle en cas de libération.

De son côté, le Chief Investigator Khemraj Jokhoo, affecté à la Financial Crimes Commission (FCC), a confirmé que Mamy Ravatomanga nie l’ensemble des accusations portées contre lui. L’enquêteur a précisé qu’il n’est pas en mesure d’indiquer quand l’enquête sera complétée, celle-ci étant toujours au stade de l’analyse documentaire. Sept dépositions ont, à ce jour, été recueillies.

Lors de ses plaidoiries, Me Joy Beeharry, avocat de Mamy Ravatomanga, a soutenu que la FCC agit de manière discriminatoire, soulignant que plusieurs autres protagonistes de cette affaire ont déjà obtenu la liberté sous caution, notamment Nasser Osman Beekhy, David Jean Christian Thomas et Me Junaid Haroon Fakim.

À l’inverse, Me Trishul Naga, représentant la FCC, a fait valoir qu’il existe des soupçons raisonnables justifiant le maintien des accusations provisoires. Selon lui, l’accusé dispose de moyens financiers importants et pourrait prendre la fuite, estimant que la demande de remise en liberté sous caution doit être rejetée. La FCC s’est ainsi fermement opposée à la requête, invoquant trois motifs principaux : le risque de fuite, l’ingérence auprès de témoins et l’entrave à la justice.

Mamy Ravatomanga répond actuellement de trois accusations provisoires devant le tribunal de Port-Louis : deux pour blanchiment d’argent et une pour entente délictueuse. Les deux premières concernent des sommes de Rs 6 456 055 996,29 et 
Rs 858 489 298,21, que le directeur de compagnie de 57 ans, résidant à Belle-Vue Harel, est soupçonné d’avoir détenues dans plusieurs institutions bancaires, des fonds qui proviendraient d’activités illicites, le 24 octobre 2025 à Maurice.

La troisième accusation porte sur un accord présumé conclu le 14 octobre 2025 avec David Jean Christian Thomas, Nasser Osman Beekhy et Me Junaid Haroon Fakim, ex-commissaire de la FCC, dans le cadre d’un délit de trafic d’influence lié à une enquête de la Commission.

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