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Défense classique des suspects : les allégations de «drug planting» ne peuvent entraver une enquête

Me Ravi Rutnah estime qu'il faudrait une autre équipe de policiers pour enquêter sur ces allégations.

Des professionnels du droit et des membres de l’Adsu s’accordent à dire que les allégations de « drug planting », qui ont été formulées ces derniers temps par des suspects arrêtés pour des soupçons de trafic de drogue, ne peuvent en aucun cas entraver une enquête policière.

L'avocat spécialisé en droit criminel et constitutionnel, Ravi Rutnah, estime que le plus important est de prouver les allégations avec des preuves solides au tribunal. Ce dernier est par ailleurs d’avis qu’une fois qu’une allégation de « drug planting » est formulée par un suspect, l’enquête doit impérativement être confiée à une autre équipe. « Une autre équipe d’enquêteurs indépendants doit prendre l'enquête en main. Le suspect, en parallèle, doit détenir suffisamment de preuves afin d'attester ses propos. Il pourra ainsi formuler une plainte auprès de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC). L’organisme se doit d’enquêter afin de prouver s’il y a eu réellement « drug planting ». Dans le cas contraire, ces allégations deviendront récurrentes et cela posera problème », explique Me Ravi Rutnah.

L’homme de loi Neil Pillay indique que les allégations de « drug planting » sont devenues la défense classique des individus qui sont arrêtés pour des soupçons de trafic de drogue. « C’est facile de parler. Mais il y a une grande différence entre parler et prouver ses dires. La cour de justice, comme nous le savons tous, réclame des preuves et des preuves vérifiables. En gros, l’important n'est pas ce qu'on sait, mais ce qu’on peut prouver », ajoute-t-il.

Au niveau de l’Adsu, on partage le même avis que les avocats Ravi Rutnah et Neil Pillay. « Les allégations de ‘drug planting’, qui restent néanmoins des allégations jusqu’à preuve du contraire, n’entravent en aucun cas une enquête policière. Bien au contraire. Ne vous laissez pas prendre au jeu ! Nous constatons, avec désolation, que c’est devenu une défense à la mode depuis environ une année. Autrefois, on disait « gard bate ». Maintenant, on dit « planting » », précise-t-on. Mais, le suspect avouera-t-il son crime ? L’ancien inspecteur de la Major Crimes Investigation Team (MCIT), Ranjit Jokhoo, qui a fait ses preuves en tant qu’enquêteur, explique que « tout suspect arrêté est innocent jusqu’à preuve du contraire par une cour de justice ». 

Les suspects, poursuit Ranjit Jokhoo, ont le droit d’employer toutes sortes de défense. « Mais chaque cas est jugé d’après ses propres spécificités. Le ‘drug planting’ est certes une forme de défense. Mais notez bien que chaque affaire est longuement écoutée en cour. Le juge ou le magistrat doit impérativement analyser tous les points et les faits, puis émettre son jugement », indique notre intervenant. L’ancien Assistant Superintendent of Police (ASP) Hector Tuyau souligne pour sa part qu’il est « du devoir de la police de prouver qu’il n’y a pas eu de ‘drug planting’ lors des opérations ».

« Il semblerait que le ‘drug planting’ est devenu la défense de tous les suspects qui sont arrêtés pour des délits de drogue. Mais, nous avons l’impression que la défense de ‘drug planting’ sera employée même dans des ‘genuine cases’. Par ailleurs, n’oublions pas que la police a aussi créé des précédents, car dans certaines vidéos on constate que des officiers sont en train de planter des objets au domicile de certains suspects », termine l’ancien haut gradé de la police.

 

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