Deep Feng Shui : statuettes, cristaux et encens pour l’équilibre des sens

C’est une société pas comme les autres : elle commercialise des produits Feng Shui qui ont pour but d’apporter l’équilibre aux individus de toute catégorie professionnelle et, son directeur, Rajiv Deepchand, conseille sur l’aménagement intérieur afin d’accueillir le flux d’énergies positives.

Dans sa boutique à la route St-Jean, à Quatre-Bornes, Rajiv Deepchand, 42 ans, reçoit une jeune femme venue lui expliquer un drame qu’elle vient de vivre. Autour du quadragénaire, les statuettes du Bouddha voisinent avec d’autres objets symboliques, parmi des cristaux. « Beaucoup de personnes sont convaincues que ce qui leur arrive est fortuit, imprévisible, mais ce n’est pas le cas.

Les crimes, les accidents, la petite délinquance, nos mauvaises fortunes sont les résultats de notre état d’esprit, de notre environnement, de nos fréquentations. Tout est question d’énergies qui nous traversent, négatives ou positives », fait observer Rajiv.

Avant de monter sa société, Deep Feng Shui Ltd, Rajiv, après la sortie du collège, a travaillé dans l’entreprise de son grand frère Hemant, qui livrait des produits sacrés. « C’est lui qui m’a encouragé à me lancer dans ce domaine, qui n’est pas un commerce au sens économique du terme », explique-t-il. À l’époque, le concept est quasiment inconnu à Maurice, seule la communauté sino-mauricienne croit aux vertus du Feng Shui qui est un concept millénariste hérité de la Chine.

À Mumbai, en Inde

Pour mieux se fondre dans cet univers qui, à première vue, lui paraît abstrait, Rajiv part pour Mumbai, en Inde, s’initier à la source auprès du Dr Kalania, qui s’est forgé une réputation internationale dans l’univers du Feng shui, du Vaastu, de l’astrologie, entre autres. « Je voulais savoir s’il existait une réelle corrélation entre cet univers fait d’objets et de rituels et la vie quotidienne des êtres humains », explique-t-il.

À Mumbai, il s’inscrit aux cours du Dr Kalania, qu’il suit à distance et à temps partiel une fois à Maurice. Puis, il met le cap sur la Chine ‘pour, dit-il, aller à la découverte de la vraie tradition à Guangdong où, durant cinq semaines, j’ai essayé de déchiffrer les secrets des objets, des gestes. Mais cette initiation demandait plus de temps, c’est pourquoi je repars encore pour la Chine à la fois pour les produits et les connaissances ». En vue de compléter ses connaissances acquises durant ses sessions d’initiation, il achète des livres consacrés au Feng Shui, dont ceux de la Malaise Liliane Too.

En 2002, il ouvre son magasin à Quatre-Bornes, où il commercialise des objets importés de l’Inde et qu’il accompagne de conseils. « C’était la première fois qu’on a commencé à conseiller sur le choix des sites de construction, l’aménagement des chambres, leur orientation, les ouvertures. J’ai commencé à expliquer aux clients en quoi cela était important pour qu’ils captent les énergies positives, qui agissent directement sur leurs comportements », dit-il. Aujourd’hui, poursuit-il, cela fait partie des discours des conseillers en communication qu’ils désignent comme des « attitudes positives ». Mais Rajiv fait valoir que ces attitudes ne se décrètent pas, elles font partie d’un ensemble qui impacte directement sur nos attitudes.

Espace zen

« Puisque la maison est l’endroit où on se ressource, il faut qu’elle soit bien située, spacieuse et construite dans des proportions qui font entrer et circuler le flux d’énergies positives. Mais, il arrive aussi que des personnes dégagent des ondes négatives », dit-il.  Ce qu’on désigne comme une attitude et un espace zen ne sont pas de vains mots, inventés par les Occidentaux, et qui ont une connotation exotique.

« Des entreprises en Europe et aux États-Unis s’inspirent davantage de la philosophie orientale du mieux-être pour stimuler l’appartenance de leurs salariés à leur vision de développement et leurs projets », dit-il.

Même si les architectes ne reconnaissent pas explicitement la nécessité de considérer les concepts Vaastu et Feng Shui dans leurs plans, ils tiennent compte de l’orientation et du déplacement du soleil et la direction où soufflent les vents avant de dessiner des ouvertures. « Avant de construire leurs maisons, des personnes viennent me demander des conseils qu’elles transmettent ensuite à leurs architectes.»

Porteur d’énergies

Est-ce que le Feng Shui tire sa substance d’une croyance religieuse ? « Non, s’empresse de répondre notre interlocuteur. Il s’agit d’énergies qui existent dans notre vie quotidienne et qui ne sont pas une notion abstraite. Je ne vends pas du rêve, je m’appuie sur des observations concrètes et qui ont toujours existé en Orient où elles ont été étudiées pour faire partie intégrante de la vie quotidienne. »

Rajiv ajoute que tout individu est porteur d’énergies, innées ou héritées, négatives ou positives, et qui sont de nature à influencer ses comportements et attitudes et qu’il communique à son entourage. « Les éléments de la nature, l’eau et le feu, le bois et les métaux influencent le comportement de tout individu, c’est pourquoi vivre dans la nature fait d’un individu un être plus calme, alors que le béton, le bruit, les voitures sont de nature à créer les tensions et peuvent conduire à des actes brutaux. Le voisinage peut aussi être source de tensions, c’est la raison pour laquelle les promoteurs immobiliers et les agences de location cherchent le même profil chez les gens à la recherche de résidences », fait valoir Rajiv.

S’il en fallait une preuve pour démontrer l’essor du concept Vaastu et Feng Shui, il suffit d’observer le décor de certains hôtels, où trônent des statues du Bouddha ou encore le décor de spa, où fleurs, encens et musique douce servent à installer une atmosphère zen. « Ces éléments ne sont pas que décoratifs, ils participent à l’édification d’un espace où tout doit être cohérent, la musique pour l’esprit, les parfums pour l’odorat, la petite flamme des bougies et l’écoulement de l’eau pour l’ouïe. Tous ces éléments servent à harmoniser nos sens », dit encore Rajiv.