Deena Appadoo : une mode libre

Deena Appadoo vit et respire la mode, qui est sa passion. Elle en a fait son métier. Derrière son petit minois et ses grands yeux verts se cache l’âme d’une femme d’affaires. Cette créatrice a lancé, en avril 2016, sa marque éponyme Deena A. Rencontre.

Son cerveau bouillonne de nouvelles créations, d’idées qui germent de fil en aiguille. Quintessence de la femme mauricienne, cette jeune créatrice de mode évolue dans un univers bien à elle.

À ce moment, rien ne présageait que Deena deviendrait un jour styliste. En effet, ses études tertiaires l’orientèrent vers un travail dans l’administration pour la Compagnie mauricienne de textile.

« J’y ai suivi des formations dans le textile et les étapes de production, ce qui m’a permis de mieux maîtriser le sujet », raconte-t-elle. Premier travail, premier salaire et cette envie d’être à la pointe de la mode.

Nouvelles études

« J’ai très vite réalisé que la mode me passionnait beaucoup plus que ce que je faisais ». Elle délaisse son emploi et prend la décision, à 23 ans, de reprendre ses études, cette fois en Fashion and Design.

« Je me suis inscrite au Fashion and Design Institute. Les autres avaient clairement une longueur d’avance, car ils avaient suivi la filière artistique à l’école et moi, je ne savais pas dessiner ».

Elle dessine ses croquis sur ordinateur. « Alors que les autres dessinaient sur papier, moi j’étais dans l’air du temps, mais je savais que j’avais encore deux fois plus d’efforts à faire », avance-t-elle. En dernière année d’études, elle a été choisie parmi les trois élèves sponsorisés pour le grand défilé de fin d’année.

« Comme je ne savais pas y faire, car je n’avais jamais appris, j’ai fait autrement, j’ai fait à ma manière ». Elle présente une collection sur le thème Resort Wear, avec une touche de fantaisie.

« Mes créations eurent un feedback très positif de la presse, à un tel point que j’ai eu envie de me lancer ». À 26 ans, la jeune femme ambitieuse lance son premier atelier avec deux couturières.

« Je m’occupais du design et du patronage. Je choisissais mes tissus avec soin, afin de rendre mes tenues exclusives », explique-t-elle. Elle travaille d’arrache-pied pour lancer sa première collection en avril 2016 dans un pop-up store.

La mode est, pour elle, l’expression d’un travail constant de recherche de matière, de forme, de graphisme et de couleurs. Elle est vivante, inventive et authentique, mais surtout, raffinée jusqu’au plus insoupçonné détail. En effet, pour elle, un échantillon, avant d’être mis en magasin, doit être porté et testé.

« Je me fais un devoir de porter chacune de mes nouvelles créations avant de les placer en magasin. Elles doivent être confortables et surtout, correspondre à ce que recherche la clientèle. Un échantillon peut être modifié au moins trois fois avant un travail final parfait », explique la créatrice, méticuleuse et perfectionniste.

Elle se découvre un vrai talent pour les affaires. Telle une vraie gestionnaire, elle jongle avec les rendez-vous clients. Les nouvelles créations s’enchaînent, au gré de ses émotions et de ses inspirations. Au moins une création sort de son atelier toutes les deux semaines.

État d’esprit

Plus qu’une mode, Deena signe des modèles aboutis, plus une silhouette et un état d’esprit. À chaque nouvelle création, la jeune femme se prend au jeu et pose dans ses vêtements. Avec son regard perçant, ses yeux émeraude ne passent pas inaperçus sur les clichés présentant ses nouvelles créations.

« Pour moi, poser dans mes tenues est une façon de montrer au client que je crois dans mon produit. Je sais aussi comment les mettre en valeur lors des séances photo ».    

Ses créations libres séduisent les amoureuses de mode comme elle. « Il faut savoir être réaliste dans ce qu’on fait, se mettre dans la peau du client et ne pas simplement créer pour créer. J’accorde énormément d’importance à l’avis de mes clients. Cela me permet aussi de m’améliorer à long terme », souligne-t-elle.

La créatrice dit s’inspirer de son environnement et des défilés internationaux, qu’elle réadapte dans un style qui plaira aux Mauriciennes.

La mode, à laquelle elle s’était convertie par hasard, est devenue une affaire sérieuse. Aujourd’hui, elle place ses tenues un peu partout à travers l’île, notamment à Grand-Baie, Tamarin et Quatre-Bornes. « Mes journées sont tellement remplies que je suis obligée de tout noter. C’est aussi ça la vie d’une femme entrepreneure, mais c’est un travail qui apporte énormément de satisfaction à la longue », dit-elle.