Législatives 2019

Décryptage : sceller le destin du pays en quelques secondes

«Zordi ou ki ziz ou ki tribinal. » Cette déclaration du leader de l’Alliance Morisien (MSM-ML), Pravind Jugnauth, dans sa circonscription, mardi soir, mérite une réflexion. Par « zordi », le Premier ministre fait certes allusion à la campagne électorale qui culminera au jeudi 7 novembre. L’électeur sera seul « juge » une fois dans l’isoloir pour apposer ses trois croix.

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Ce bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil, disait avec raison Abraham Lincoln, président des États-Unis entre 1809 et 1865. Le vote scellera le destin de tout un peuple pendant cinq ans. Une fois dehors, le « juge » deviendra un « spectateur passif » tout au long du mandat. Il n’aura pas son mot à dire. Des décisions importantes concernant son avenir seront prises sans le consulter. De « juge », il sera réduit à un « assujetti ». Bien souvent, ses récriminations tombent dans l’oreille d’un sourd. Une raison pourquoi nos politiciens refusent tout référendum sur les sujets majeurs.

Dans ce « tribunal » tumultueux, le « juge » prend sa décision, d’abord, en disséquant plusieurs faits présentés par tous les protagonistes – gouvernement et opposition – dont les « bouches-doux », les promesses électorales, les dénonciations via des ‘Gate’ à tout-va, le choix des candidats et le manifeste électoral. Ensuite, en prenant en considération des éléments parfois irrationnels. Ou encore c’est l’expression d’une humeur. 

Le vote scellera le destin de tout un peuple pendant cinq ans. Une fois dehors, le « juge » deviendra un « spectateur passif ».

Or, Jacques Chirac, ancien Président de la République française, disait que le droit de vote n’est pas l’expression d’une humeur mais une décision à l’égard de son pays et de ses enfants. Il y a peu de chance qu’en pénétrant le centre de vote, l’électeur mauricien fait son choix par rapport à l’intérêt du pays. Très souvent, il est plus intéressé au parti et au leader. Ou il va voter pour sanctionner. « L’avenir d’un peuple repose sur ses choix », conseille Weetchy Alfredo Pierre, maître de conférences. 

Pendant l’accalmie des ‘Gates’, Xavier-Luc Duval de l’Alliance Nationale (PTR-PMSD) tente de marquer les esprits en faisant une sortie, mercredi soir, contre le gaspillage des fonds de l’État. « Il faut réduire le mode de vie de l’État. Pas nécessaire que les ministres voyagent en première classe. On peut réduire ce coût pour financer d’autres projets », a-t-il déclaré. Espérons que cette annonce fasse partie de la « Politique de rupture » annoncée par Navin Ramgoolam. Il peut aller plus loin en proposant que les ministres cessent de vivre au crochet des contribuables, surtout pour des dépenses personnelles et farfelues. De tout temps, des ministres déjeunent au frais de l’État. Un ancien ministre candidat aux présentes élections exigeait que le ministère achète son déodorant, sa mousse à raser, son rasoir, son Aftershave et ainsi de suite. Alors qu’ils sont grassement payés, plus de Rs 300 000 par mois. N’est-il pas temps de revoir certaines allocations aux élus ? 

Toujours, pendant l’accalmie des ‘Gates’, l’Alliance Morisien a présenté, mercredi à la presse, son manifeste électoral, qualifié par son leader, Pravind Jugnauth, comme « un nouveau contrat avec la nation pour le progrès et la qualité de vie de la population. » Navin Ramgoolam a annoncé le sien pour bientôt. Alors que le Mouvement militant mauricien (MMM) a dévoilé ses 20 priorités en attendant son manifeste.

Au bout du compte, « toute nation a le gouvernement qu’elle mérite » comme écrivait Joseph de Maistre (1753-1821) dans une Lettre à Monsieur le Chevalier.

 

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