Législatives 2019

Décryptage : à qui profitera l’abstention ?

Un taux d’abstention de 23,11 % est venu sanctionner une Three-cornered Fight annoncée très serrée. Après un mois de campagne, et au vu de la tournure des événements, ils étaient nombreux à miser sur un taux de participation avoisinant les 90 %, avec une majorité d’électeurs gonflés… à bloc pour soit accorder un second mandat à Pravind Jugnauth, soit plébisciter la « politique de rupture » annoncée par Navin Ramgoolam ou encore donner la chance à Paul Bérenger d’être aux commandes du pays.

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Mais pour ce faire, les inconditionnels de chaque alliance ou parti se sont mobilisés pour mettre toutes les chances de leurs côtés et rallier un maximum de votants à leur cause. Ils gardent en tête que la lutte sera âpre dans plusieurs circonscriptions et que tout peut se jouer dans un mouchoir de poche, avec au final qu’un infime écart entre les quatre ou cinq premiers candidats. 

Tout laisse croire que le plus fort taux d’abstention découlerait de la masse silencieuse. Mais cette question demeure : pourquoi cette masse silencieuse ne se trouverait-t-elle pas au sein de l’Alliance Morisien (MSM/ML), au sein de l’Alliance Nationale (PTR/PMSD) ou encore au sein du MMM ? 

Si tel est le cas, c’est grave. Cette masse silencieuse n’aurait-elle vu que l’ivraie. L’abstention peut être révélatrice à plus d’un titre. Ce choix est aux antipodes d’une pensée de l’ancien Président historique de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela : « Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs. » Ce n’est pas avec espoir que 218 059 électeurs n’ont pas accompli leur devoir civique ce jeudi 7 novembre 2019. 

Cette forte tendance d’abstentionnisme qui dure depuis 2005 doit interpeller les dirigeants politiques. Le taux d’abstention s’est accru de 18,5% en 2005 à 22,2% en 2010 et 25,9% en 2014. Du coup, ce choix n’est pas conjoncturel, mais tout simplement ponctuel. C’est presque une indifférence chronique à la chose politique et aux enjeux du scrutin. Toutefois, pour cette année, on notera une légère baisse de quelque 2 %.

Pas un seul dirigeant politique n’a osé prédire de manière ostentatoire « une victoire éclatante.»

D’ailleurs, après la fermeture des bureaux de vote, pas un seul dirigeant politique n’a osé prédire de manière ostentatoire « une victoire éclatante. » Pour la galerie, les dirigeants politiques évoquent timidement la victoire de leur parti, tout en sachant que l’abstention aura un impact direct sur les résultats et constituera un risque non négligeable de défaite. Ou encore, elle peut priver tous les partis en lice d’une majorité confortable ouvrant ainsi la voie à un ‘Hung Parliament’. D’ailleurs, c’est le souhait de nombre de Mauriciens après avoir été asphyxiés par les scandales sous les gouvernements qui se sont succédé ces dernières décennies. Durant cette courte campagne électorale, une tendance s’est développée, surtout dans les circonscriptions urbaines, pour faire du MMM une barrière contre les tentations d’excès et d’abus du prochain gouvernement en faisant de lui les « vingt sous indispensables » pour constituer le Cabinet des ministres. Reste à savoir si cela s’est concrétisé dans les urnes.

Ce vendredi soir, on saura qui de l’Alliance Morisien, de l’Alliance Nationale et du MMM a été à la hauteur des attentes et des besoins de l’électorat ? Quel bouquet de cadeaux électoraux aura-t-il séduit  ? Quelle a été la contribution des attaques à coups de ‘Gates’ dans le choix des électeurs ? 
Quid de l’Alliance Morisien ? Ses réalisations ont-elles suffi pour convaincre ? Le Metro Express a-t-il été une locomotive ou un boulet pour elle ? Sera-elle sanctionnée pour les écarts de certains élus et pour les critiques formulées contre « la kwizinn » ? Paiera-t-elle le prix fort son manque de communication effective sur les réseaux sociaux, alors qu’en 2014, son clip « Vire Mam » avait été le catalyseur de la campagne de l’Alliance Lepep ? 

Venons-en à l’Alliance Nationale ! Les électeurs ont-ils pardonné à Navin Ramgoolam, comme l’a fait son épouse Veena pour ses dérives ? A-t-il pu faire oublier ses relations avec Nandanee Soornack et les contrats à cette dernière et ainsi que les Rs 220 millions dans ses coffres-forts ? Les jugements favorables dans 11 procès intentés contre lui ont-ils joué en son faveur ? Sa « politique de rupture » a-t-elle conquis l’électorat ?

Au sujet du MMM, à quel point son slogan « la main propre, la tête haute » a-t-il été bien accueilli dans les circonscriptions rurales et urbaines ? Paul Bérenger inspire-t-il toujours confiance ? L’option de faire cavalier seul est-elle une voie suicidaire ou un fer de lance pour « une deuxième jeunesse » ? Les électeurs ont-ils opté pour le MMM comme chien de garde dans un gouvernement formé à la suite de négociations post-électorales ?

Réponse cet après-midi !

 

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