Législatives 2019

Décryptage : l’ultime saut après le show

Le rideau est tombé sur le show donné par les principaux partis politiques le dernier dimanche avant les élections générales. Sans surprise, tous les leaders ont fait vibrer leur assistance en se disant confiants d’une victoire. Pravind Jugnauth parle d’une « victoire écrasante » étant donné que l’Alliance Morisien (MSM-ML) « ena enn mari lavans ». Navin Ramgoolam est convaincu que l’Alliance Nationale (PTr-PMSD) « se dirige vers une grande victoire ». Quant au leader du MMM, Paul Bérenger, il affirme : « Nous nous acheminons vers une majorité pour diriger seul le pays. » 

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Même un enfant du primaire sait que les politiciens bluffent, car il doit y avoir un vainqueur et un(des) vaincu(s). Mais c’est leur réflexe de bataille des foules. On doit s’attendre ce lundi 4 novembre 2019 à des conférences de presse données par les dirigeants des principaux partis pour s’enorgueillir de la taille de leur foule avec, comme à leur habitude, des estimations surdimensionnées. De quoi rendre plus confus les crédules et de quoi faire réfléchir davantage les incrédules dans leur démarche de séparer le bon grain de l’ivraie. 

Dès que l’euphorie s’est estompée à la mi-journée dimanche, la majorité des 180 candidats des trois principaux adversaires se sont engagés dans l’ultime saut vers la conquête des votes. On dit souvent qu’un jour en politique est très long. Mais dans une lutte à trois, un jour, c’est très court. Et ces trois derniers jours, qui sont décisifs, fondront comme neige au soleil. D’où la nécessité pour les candidats de tirer profit de chaque minute qu’il leur reste. Une tâche herculéenne les attend dans leur circonscription. Ils doivent quadriller le terrain pour réduire la marge de manœuvre de leurs adversaires. 

Cette mission est accomplie à l’unisson. Les trois candidats se serrent les coudes et utilisent de manière optimale leurs ressources, tant logistiques que financières. Surtout à travers l’installation des « baz » et l’opération « vir baz ». Les politiciens accordent une grande importance à la perception. À travers les « baz », ils tentent de créer la perception que la majorité des électeurs est acquise à leur cause. D’où l’importance qui est également accordée aux oriflammes. 

Ces trois derniers jours avant les élections ressemblent à une dune où les tempêtes de sable sont fréquentes.

Ainsi, en cette fin de campagne, la plupart des candidats injecteront des sommes astronomiques. Les grands partis accorderont leur dernier soutien financier à leurs candidats. Ceux dans les circonscriptions jugées marginales mais prenables recevront le triple de ce que toucheront ceux qui sont dans des circonscriptions dites favorables.  

Dans une « Three-Cornered Fight », ces trois derniers jours ressemblent à une dune où les tempêtes de sable sont fréquentes. C’est là que la loi de la survie entre en jeu. « Dan disab sak bef get so lizye », dit l’adage mauricien. Se considérant comme des espèces en danger, nombre de candidats trouveront le moyen de faucher compagnie à leurs deux colistiers pour se lancer dans la quête des votes de sympathie. Cela se fait à travers des contacts personnels ou un réseau au sein de la circonscription. Ils arpentent rues et ruelles jusqu’à fort tard pour convaincre les gens de voter pour eux, surtout les familles nombreuses où ils sont une dizaine à être en âge de voter. 

Chaque vote vaut son pesant d’or dans une lutte serrée. Chaque candidat cherche à s’assurer le plus de votes possibles non seulement pour lui mais aussi pour ses colistiers. Les candidats les plus malhonnêtes à l’égard de leurs colistiers iront jusqu’à fomenter un plan pour s’assurer que quelques centaines de partisans ne votent que pour lui et deux candidats indépendants. Tous les moyens sont bons pour atteindre la ligne d’arrivée avant tout le monde, même les raccourcis et les fourberies. 

Après le show de dimanche, la tâche des candidats ne sera pas facile. Ils devront défendre leur leader – qui en a pris pour son grade – auprès des électeurs, surtout de la masse silencieuse. Le style de leadership a été un point central dans les discours des leaders. Pravind Jugnauth dit avoir hérité la culture du travail et la discipline de son père. Il tire à boulets rouges sur l’équipe présentée par l’Alliance Nationale qui aurait, selon lui, des liens avec la drogue, qui aurait l’habitude des « bribes » électoraux et qui serait connue pour son style « bwar, sou e majakaro ». Navin Ramgoolam a présenté Pravind Jugnauth comme un Premier ministre « marionnette » dont les ficelles sont tirées par « lakwizinn » et le patron de l’empire des jeux Jean-Michel Lee Shim. Paul Bérenger a capitalisé sur les critiques que ses deux adversaires se sont lancées jusqu’ici pour se présenter comme l’alternative « propre, juste, honnête et compétente ». La tâche des candidats pour convaincre le plus grand nombre tout en contrant les « attaques » ne sera pas aisée…

 

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