Législatives 2019

Décryptage : le communalisme s’invite dans la campagne

L’adage anglais « Expect the unexpected » ne sied pas à la présente campagne électorale à Maurice. « In fact we have to expect the expected », surtout lorsqu’il est question de l’arme communale, voire celle des faibles pour ne pas dire des rétrogrades. Le communalisme semble de plus en plus inévitable en période d’élections, revenant tel un éternel ressac qui s’écrase sur la classe politique. 

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Depuis quelques jours, c’est la désillusion totale parmi ceux qui avaient cru pendant un instant que l’actuelle campagne électorale entrerait dans l’histoire comme étant celle qui aura été immunisée contre le communalisme. Dans une interview accordée au Défi-Plus le samedi 2 novembre 2019, le leader du MMM, Paul Bérenger, avait déclaré être « mari happy » car « nous assistons à une campagne sans communalisme ». Il était même allé jusqu’à dire que « c’est la première fois que des élections se déroulent ainsi ». 

Sa joie aura finalement été de courte durée. Le piège du communalisme a bel et bien été tendu. C’était mal connaître les snippers qui ont attendu le moment opportun pour infester cette campagne avec leur arme de prédilection. Alors que l’attention est braquée sur les vidéos « #Gate » et que plus d’un piaffent d’impatience à l’idée de visionner le tant attendu « Navingate 3 », on a oublié que le démon communal pouvait se réveiller à tout instant, tel un volcan endormi mais toujours actif. 

Les premières étincelles sont apparues il y a une dizaine de jours, à travers des discours à relent communal prononcés par quelques politiciens. En associant religion et politique, ils savent pertinemment que l’effet de contagion qu’aura ce cocktail. Des politiciens des partis adverses ont joué les sapeurs-pompiers pour éviter que de telles étincelles se développent en incendie. 

Le communalisme semble de plus en plus inévitable en période d’élections, revenant tel un éternel ressac qui s’écrase sur la classe politique. 

Sauf qu’après qu’un foyer a été maîtrisé, d’autres sont entrés en activité à travers d’innombrables messages, lettres et tracts au contenu communal mis en circulation sur les réseaux sociaux. À deux jours des élections, leur diffusion s’intensifie à l’image d’un feu de brousse. Quelques-uns relèvent de la pire démagogie qui soit en voulant faire croire que le rapport des forces d’une section de la population sera menacé si un parti particulier accède au pouvoir. Certains sont si violents qu’ils pourraient enflammer notre tissu social ô combien fragile. Le plus grave dans tout cela est qu’ils colportent des faussetés à connotation communale tout en semant la haine raciale. Un tract, par exemple, égrène une longue liste d’avantages dont bénéficierait une section de la population sous un gouvernement spécifique et une autre liste des autres avantages dont elle bénéficierait si ce parti venait à remporter les élections. 

Tous ces messages, lettres et tracts ont la même motivation : créer une psychose au sein d’une section de la population pour provoquer un repli communal et faire pencher la balance d’un côté. L’utilisation de l’arme communale durant une campagne électorale n’est pas une nouveauté en soi. Mais ce qui est plus dangereux dans le cas de celle qui est en cours, c’est qu’elle est portée par la brise de la Toile. Lundi, à St-Pierre, Ajay Gunness, le Premier ministre adjoint désigné du MMM en cas d’une victoire, a fait une sortie en règle contre les messages à relent communal publiés sur la Toile :  « Pe servi zarm kominal lor Internet (…) Pe rod fer per (…) Pa tom dan zot piez. »  

C’est malheureux que le démon communal refasse surface à chaque fois que les électeurs sont appelés à exercer leur droit civique dans un système démocratique. C’est d’autant plus dégoûtant que dans un passé pas si lointain, notre pays a connu un élan national extraordinaire, pendant les Jeux des îles. 

Qu’on prenne conscience une fois pour toutes qu’aucune communauté ne pourra vivre en isolation. Que nous devrons toujours vivre côte à côte en harmonie. C’est notre cohabitation réussie qui est à la base du progrès de notre société et par extension de notre pays. Qu’on prenne conscience une fois pour toutes que lorsqu’on est souffrant, on ne cherche pas un médecin issu de telle ou telle communauté mais l’un des meilleurs du pays. 
Soyons Mauriciens avant tout…

 

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