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Décryptage : la Commission électorale mise à rude épreuve

La Commission électorale est-elle devenue un instrument politique ? Les élections générales du 7 novembre ont-elles été truquées ? À quel point le commissaire Irfan Rahman et son équipe seraient-ils complices de la tricherie alléguée ? Est-ce pour cette raison que des partis de l’Opposition (PTr, MMM et PMSD) ont ligué leurs efforts pour contester ces élections ? L’adage « Il n’y a pas de fumée sans feu » sied-il à la présente situation ? Est-ce en raison de cette grande confusion que l’Alliance Morisien (MSM-ML) n’a pas célébré sa « grande victoire » avec le traditionnel Meeting de remerciement ? Se dirige-t-on vers l’invalidation des élections du 7 novembre et la tenue de nouvelles élections ? Le moment est innapproprié pour que la Commission électorale, qui fait l’objet de critiques, organise les élections municipales et villageoises?

Ce sont là autant de questions qui trottent dans la tête de nombre de Mauriciens après avoir pris connaissance, ce jeudi, d’un élément « troublant » dans la pétition électorale de Navin Ramgoolam. Le leader du Parti travailliste dit détenir des informations à l’effet que des bulletins de vote n’ont pas été imprimés par l’Imprimerie du Gouvernement, mais par une imprimerie privée à Coromandel : « The Petitioner avers that he has now first-hand information to the effect that ballot papers were printed outside the Government Printing Office premises at the premises of Quad Printing at Coromandel. » Il enfonce davantage le clou en évoquant le soupçon de corruption : « This fact casts a cloud of corruption and deviousness on the election process as there is a real likelihood that stuffing would have occured nationwide including Constituency No 10. »

La vanne des spéculations est grande ouverte sur la place publique. Que ce soit à la gare, au marché, dans les grandes surfaces, plus d’un font le procès de la Commission électorale. Un tel élément dit troublant ne peut qu’amplifier le doute entourant l’organisation des élections du 7 novembre, qui est entachée par le nombre d’électeurs radiés du Registre et la découverte de quatre bulletins de vote dans la nature. D’autant plus que les propriétaires de Quad Printing sont proches du MSM. Nul n’osera penser que cet élément relèverait de « Deep Fake News » étant inclus dans la pétition électorale du leader du PTr qui a mené une croisade contre les fausses nouvelles durant la campagne électorale. Cela, jusqu’à ce que le commissaire Irfan Rahman et Sanjiv Mulloo, le CEO de Quad Printing, ne viennent apporter un démenti. Un élément vital est à verser à ce dossier : l’encre utilisée pour le bulletin de vote est spéciale et ne peut être utilisée que par l’Imprimerie du Gouvernement.

Il est très dangereux de ne pas faire la distinction entre des failles dans le système et la fraude électorale qui comprend tricherie et trucage, entre autres, car il y va de la crédibilité de cette institution qui ne peut être partiale. Si la Commission électorale tombe en disgrâce aux yeux du public, ce sera très difficile pour les politiciens de tous bords de redorer son blason. Le ver sera déjà dans le fruit. Et après chaque élection, il suffit que les perdants disent que les élections n’ont pas été ‘free and fair’ ou qu’elles ont été truquées pour que leurs partisans le prennent pour argent comptant. C’est une bombe à retardement !

C’est un fait indéniable. C’est la toute première fois que l’organisation d’une élection présente de telles failles. Aussi sérieuses qu’elles seraient « incomparables » avec l’affaire des urnes retrouvées dans la nature en 1991 après la défaite du PTr. Jusqu’à preuve du contraire, la radiation des électeurs du Registre ne peut aussi être considérée comme étant une tricherie. Cela pour la simple raison que la Commission électorale maintient avoir agi selon les provisions de la loi.

Toutefois, il n’est pas aussi simple de convaincre ceux qui n’ont pu accomplir leur devoir civique. Tout comme il est difficile de croire que la découverte de trois bulletins dans la nature serait le résultat d’un quelconque acte malveillant de la part de la Commission électorale. L’exercice de vote et du dépouillement, il est bon de le rappeler, se fait en présence d’agents de tous les partis politiques. Cela pourrait être l’œuvre d’un fonctionnaire et d’un agent qui a pu déjouer la vigilance de tout le monde après l’exercice de décompte.

Il est souhaitable que la Cour suprême accorde un « fast track » à ces pétitions, surtout pour que le recomptage se fasse avant la fin de l’année. Une fois pour toutes, il faut dissiper les doutes. Comme disait Kofi Annan, l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, quand l'électorat estime que les élections ont été libres et équitables, ils peuvent être un puissant catalyseur pour une meilleure gouvernance, pour une plus grande sécurité et développement humain.

 

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