
…le journaliste Narain Jasodanand : « Les révélations qui sont sorties sur ce que son fils a fait ont été prouvées, et il a aussi été prouvé que Rama Sithanen était au courant de tout ce qui s’est passé. Au lieu de s’occuper du pouvoir d’achat des Mauriciens, Rama Sithanen s’est concentré sur une affaire personnelle, l’affaire Menlo Park. Encore une fois, c’est une affaire qui concerne son fils. »
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…l’observateur Bernard Saminaden : « Je ne vais pas faire d’allégations, mais la bande sonore attribuée au fils de Rama Sithanen, combinée au bras de fer entre lui et Gérard Sanspeur, a clairement contribué à la situation actuelle. Les deux hommes ne regardaient pas dans la même direction. Et quand deux figures clés d’une institution ne sont pas alignées, c’est l’institution elle-même qui en souffre. Cette situation a fini par rejaillir sur le pays, y compris à l’international. Aujourd’hui, à l’heure où l’information circule à la vitesse de la lumière, la moindre erreur ou faux pas se propage immédiatement dans le monde entier.
Il y a aussi un phénomène social à prendre en compte : l’opinion qui émerge des réseaux sociaux qui représente, selon moi, au moins 20 % de l’opinion publique en général. Cela a largement contribué à affaiblir l’image du Gouverneur de la Banque de Maurice.
Mais attention, il ne faut pas, pour autant, brûler Rama Sithanen sur la place publique. C’est quelqu’un de très brillant, avec une stature internationale. Il a beaucoup apporté au pays. Mais les Mauriciens, aujourd’hui, exigent de la bonne gouvernance.
Cela dit, ce n’est pas qu’à la Banque de Maurice qu’il y a des problèmes. Prenez la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) par exemple : cela fait dix mois que des opérateurs du secteur touristique se plaignent de cette institution. Le ministre du Tourisme n’est lui-même pas satisfait de la MTPA, notamment de certaines nominations. Il est très important que le Premier ministre rétablisse l’ordre, car le tourisme génère des milliards pour notre économie. On ne peut plus diriger nos institutions avec de l’ego ou une dose d’amateurisme. Dans un monde devenu impitoyable, chaque détail compte. »
…l’observateur Rajen Valayden : « Les excès de Rama Sithanen ! Il y a eu, selon moi, un véritable overlapping entre son rôle de politicien, d’homme d’affaires et celui de Gouverneur de la Banque de Maurice.
Dès sa nomination, il a outrepassé ses prérogatives en désignant un Officer-in-charge à la Mauritius Investment Corporation (MIC), alors que ce n’était pas de son ressort. C’est à partir de là que toute la controverse a pris forme. Le Gouverneur n’a aucune autorité pour s’immiscer dans les affaires de la MIC, d’autant plus que c’est un sujet hautement politisé. Pourtant, il s’y est engagé, se prêtant ainsi à un jeu.
Une fois impliqué, il a commencé à empiéter sur des terrains qui relèvent davantage du politique que de l’administratif. Prenons sa première conférence de presse : il y affirme qu’il n’est pas nécessaire d’enquêter sur les acquisitions de terrains par la MIC. Mais est-ce réellement à lui d’en juger ? Il ne représente pas la MIC. Aujourd’hui, Rama Sithanen en paie le prix.
L’affaire est également entachée par de nombreux intérêts liés à son fils. À cela s’ajoute une mauvaise gestion de la communication, l’affaire Gérard Sanspeur, et un point souvent passé sous silence : la suspension du syndicaliste de la Banque de Maurice, Chid Rughoobar, sur la base d’accusations criminelles présumées. Or, les allégations de Gérard Sanspeur contre Rama Sithanen relèvent, elles aussi, de charges criminelles. Dans ces conditions, il n’a, selon moi, pas d’autre choix que de quitter son poste en attendant l’issue des enquêtes. »
…l’économiste Sameer Sharma : « Je connais Rama, et je ressens vraiment de la peine pour lui. L’erreur qu’il a commise, c’est de ne pas avoir nommé un auditeur forensic neutre et étranger pour évaluer correctement chaque transaction de la Mauritius Investment Corporation, sans aucune exception. Et surtout, il n’a pas fait évaluer correctement tous les actifs mal valorisés dans le bilan de la Banque de Maurice.
Ensuite, il n’a pas fait appel à une banque d’investissement internationale ni à une société de gestion spécialisée dans les actifs profondément illiquides. Il semble s’être trop impliqué personnellement, avec des gens trop proches de lui également impliqués, ce qui l’a placé dans une situation regrettable de conflit d’intérêts.
Un Gouverneur de Banque centrale doit se concentrer sur la politique monétaire et la stabilité financière, en jouant pleinement son rôle de régulateur. La gestion de la MIC doit être confiée à des professionnels, avec une vraie expertise internationale.
Pour moi, la MIC est le plus grand scandale de l’histoire du pays. Et ce n’est pas aussi simple qu’on le pense de liquider ces actifs, car ils sont tous mal valorisés. Toute tentative de transfert ou de vente de ces actifs à une autre entité entraînera inévitablement une perte – soit par un transfert, soit par une réalisation directe – et c’est quelque chose que les gens ne comprennent pas, y compris et surtout nos politiciens. »

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