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Décolonisation des Chagos : la base militaire de Rs 100 Md en jeu

La Grande Bretagne pas prête à restituer les Chagos

Imbroglio pour les Britanniques. Après l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ), la Grande-Bretagne se voit tenaillée entre l’obligation morale de restituer l’Archipel des Chagos et l’intérêt des Etats-Unis pour Diego Garcia où ils ont investi plus de Rs 100 milliards dans la base militaire dont le bail expire en 2036.

Restituer l’Archipel des Chagos n’est pas une sinécure pour la Grande-Bretagne. C’est perdre le contrôle territorial sur l’une des dernières « sea gate ». Avant la Deuxième Guerre Mondiale, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis contrôlaient plusieurs « sea gates », dont le Canal de Suez et le Canal de Panama, entre autres. A ce jour, il ne leur restait que Les Chagos, Gibraltar et Falklands Islands. L’océan Indien est d’une importance capitale, comme le prévoyait l'officier de la marine américaine Alfred Thayer Mahan (1840-1914) : « La puissance qui dominera l’océan Indien contrôlera l’Asie car l’avenir du monde se jouera dans ces eaux. » Les Britanniques et les Américains en sont pleinement conscients.

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Coexistence militaire et civile

La Grande-Bretagne ne semble pas être prête à restituer les Chagos. Après l’avis consultatif du lundi 25 février, le gouvernement de Theresa May avance que la base militaire américaine aide à protéger le peuple britannique et toutes les régions du monde face à la menace terroriste, le crime organisé et la piraterie. 

D’ailleurs, en novembre 2016, la Foreign and Commonwealth Office était catégorique : les Chagossiens n’auront pas l’autorisation de retourner « on the grounds of feasibility, defence and security interests, and cost to the British taxpayer. » La Baronne Joyce Anne Anelay, la ministre des Affaires étrangères britannique d’alors, avançait deux raisons pour soutenir l’argument selon lequel il n’est pas souhaitable que les Chagossiens retournent vivre sur les petites îles de l’Archipel. Primo, ils seront menacés par la montée du niveau de la mer étant donné que ces îles ont une « average maximum elevation » de 2 mètres seulement. Secundo, il n’y aurait pas d’opportunités économiques ni d’emplois.

Le Pr Philippe Sands QC, qui représentait Maurice à La Haye, fait confiance à la Grande-Bretagne pour se conformer au verdict de la CIJ, étant un pays « which prides itself on respect for the rule of law. » Le Dr Peter Harris, Assistant Professor of Political Science à Colorado State University, estime, lui, que les Chagossiens peuvent occuper des îles comme Peros Banhos, Eagle et Eastern Egmont. Cependant il souhaite que la Grande-Bretagne ne cède pas à la pression internationale pour changer sa position officielle selon laquelle « Les Chagos ne seront restituées que « when they are no longer needed for military purposes, but not before. »

Quant au magazine spécialisé New Internationalist, il persiste à croire que les Etats-Unis n’accepteront pas le retour des Chagossiens en raison d’un risque d’explosion. D’après son enquête, « US Navy packs arms-carrying ships so tightly into Diego Garcia’s lagoon that the island is at risk of a catastrophic explosion. »

Négociations Maurice – Etats-Unis

Carl Schuster, ancien directeur des opérations de l’US Pacific Command's Joint Intelligence Center estime que le verdict de la CIJ pourrait forcer les Etats-Unis à négocier directement avec l’île Maurice sur l’avenir de sa base militaire à Diego Garcia. « Si le gouvernement mauricien considère que le présent Accord n’est plus valide, les Etats-Unis auront à renégocier le bail ».

Ce n’est un secret pour personne que le gouvernement mauricien ne remet nullement en question cette base militaire. Tout reste à savoir si le nouveau bail sera frappé d’une location en espèce ou de facilités et autres privilèges dans les transactions bilatérales. Ainsi, à la signature de l’Accord initial en 1966, les Etats-Unis avaient annulé Rs 600 millions de dettes de la Grande-Bretagne pour l’achat des missiles Polaris.
 

 

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