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Déclin du pouvoir d’achat : la roupie s’invite dans la campagne électorale

Le dollar est passé de Rs 44,92 en septembre 2023 à Rs 46,35 lors de la période correspondante cette année.

La valeur de la roupie n’est pas sans conséquence sur le pouvoir d’achat. Le sujet est abordé de part et d’autre lors de la campagne en marge des prochaines élections dans une tentative d’appâter l’électorat. 
Au-delà du fait de séduire l’électorat par l’entremise de promesses à coût de milliers, de millions, voire de milliards de roupies, les deux principaux blocs axent également leur argument sur la valeur de la monnaie locale. Deux économistes, Kugan Parapen et Randhir Mannick, candidats aux prochaines élections, ont tenté de convaincre les auditeurs de l’émission « Au cœur de la campagne » sur Radio Plus le 25 octobre dernier. Le premier nommé, issu de l’Alliance du Changement, a expliqué que la roupie a glissé de plus de 6 % par an entre 2019 et 2024. Selon lui, la roupie a connu une dépréciation accélérée durant les 30 dernières années. « Une roupie forte permettra de réduire notre facture d’importation. Maurice importe 90 % des produits qu’il consomme », a-t-il expliqué.  

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Pour sa part, le candidat de l’Alliance Lepep, en l’occurrence, Randhir Mannick, a avancé que l’inflation a été de 67 % de 2005 à 2014. Il a expliqué que la valeur de la monnaie locale était différente par rapport à aujourd’hui. « Une roupie avec une valeur supérieure ne signifie pas un taux d’inflation à la baisse », a-t-il ajouté.   

De l’avis de Sanjay Matadeen, la dépréciation de la roupie est devenue un enjeu politique, car celle-ci entraîne l’inflation. D’ailleurs, le coût de la vie demeure l’une des premières préoccupations des Mauriciens. « Il n’est pas nécessaire de comprendre le terme économique de la dépréciation de la roupie. Son impact se fait sentir, par exemple, lorsqu’une personne achète ses médicaments ou se rend au supermarché. Presque 80 % des produits que l’on consomme à Maurice sont importés », indique l’économiste. 

Une politique délibérée de déprécier la roupie rend les produits d’exportation plus compétitifs. Du point de vue touristique, un meilleur taux de change dollar-roupie rend également la destination mauricienne plus attrayante. Cependant, cette compétitivité est temporaire, selon Sanjay Matadeen. Celui-ci souligne aussi que le fait de financer le Budget à travers la dépréciation de la roupie pourrait s’avérer une politique dangereuse et insoutenable, provoquant un spiral inflationniste. « Cela pourrait refléter la situation locale à Maurice. Les ménages ont plus d’argent à la fin du mois, mais peinent à remplir leurs caddies », fait-il observer.     

Un analyste est, pour sa part, d’avis que la dépréciation de la roupie est hors du contrôle du gouvernement. « Le gouvernement n’arrive pas à maintenir ni stabiliser la roupie. La monnaie locale est soumise à trop de tensions sur le marché des changes international. Maurice a des problèmes de balance commerciale. Les réserves s’amenuisent et cela pèse sur la valeur de la roupie », argumente-t-il. 
Maurice a également détruit plus de masse monétaire qu’il n’en a créée sur les dernières années, ce qui n’est pas sans pression sur la roupie.   

Stabiliser la roupie

Un des mandats de la Banque centrale est de stabiliser les prix. Cela passe par une stabilisation de la monnaie locale. Pour cela, avance Sanjay Matadeen, il faut que le gouverneur de la Banque de Maurice soit indépendant afin que le régulateur bancaire opère de manière indépendante. Un autre moyen est de booster l’économie dont le taux de change réel en est le reflet de la performance, poursuit l’économiste. « Une hausse de la demande de la roupie va créer une appréciation de celle-ci », argue Sanjay Matadeen.  

La Banque de Maurice intervient sur le marché des changes afin de stabiliser la roupie. Certains agents économiques qui sont des pourvoyeurs de devises ne jouent pas le jeu. « Ils récupèrent des devises, mais ne les remettent pas dans le circuit. Certains opérateurs continuent de faire de la rétention parce qu’ils ne voient pas la lumière au bout du tunnel. Du moment qu’il y a un maillon dans l’écosystème qui ne joue pas son rôle, le circuit est enrayé. Sans garde-fou, la roupie va poursuivre sa glissade », déplore un analyste. 

En chiffres

• Évalué à Rs 47,81 en septembre 2023, un euro valait Rs 52,36 en septembre dernier. 
• La livre sterling a franchi la barre des Rs 60 et était évaluée à Rs 62,75 en septembre 2024. 

Les solutions de l’Alliance du Changement pour stabiliser la roupie

• Mettre un terme à toute spéculation contre la roupie
• Mettre fin au « holding » des devises par l’intermédiaire d’une Banque centrale crédible. 
• Rendre de nouveau l’argent non-utilisé par la Mauritius Investment Corporation (MIC) à la Banque de Maurice. Cette dernière l’utilisera pour intervenir sur le marché des changes.

Les propositions de l’Alliance Lepep pour stabiliser la monnaie locale

• Opter pour le statu quo du taux directeur et se dissocier de l’action de la Réserve fédérale américaine sur ses taux. 
• Miser sur l’argent qui sera obtenu sur la location des Chagos.

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