Live News

Décès de Sameer Jugurnauth - Josian Babet : «Les agressions entre prisonniers peuvent arriver» 

Le décès de Sameer Jugurnauth à la New Wing Prison de Beau-Bassin, après avoir été agressé par des codétenus, continue de susciter le débat. L’administration pénitentiaire reconnaît que les agressions entre prisonniers, bien qu’étant peu courantes, peuvent néanmoins survenir. 

Publicité

Cela fait un peu plus d’une semaine que Sameer Jugurnauth est décédé au Block A, ‘Landing 1’, à la New Wing Prison de Beau-Bassin où il était incarcéré. Il a été agressé par ses codétenus dans la nuit du samedi 2 mars 2024. L’affaire, qui se trouve désormais entre les mains de la Major Crime Investigation Team (MCIT), suscite toujours le débat. Mais ce qu’elle soulève surtout, ce sont des questions sur la sécurité à l’intérieur des établissements pénitentiaires. 

Interrogé par Le Défi Quotidien sur l’agression mortelle de Sameer Jugurnauth, Josian Babet, chargé de communication des prisons, a confirmé que le cas a été transmis à la MCIT. « Même si ce n’est pas courant, les agressions entre prisonniers arrivent parfois. D’ailleurs, ce ne sont pas des enfants de chœur », a-t-il déclaré. 

Les gardiens ne sont-ils pas censés faire des rondes ? Quid de la fréquence durant la soirée ? « Les rondes sont effectuées toutes les 15 minutes ou 20 minutes dépendant des blocs », fait-on comprendre dans le milieu. 

Qu’en est-il du nombre de gardiens affectés à la New Wing Prison de Beau-Bassin ? « Un bon nombre de gardiens y travaillent. C’est un pénitencier qui tourne à plein régime », indique Josian Babet. 

Comment se fait-il que le prisonnier ait été découvert étendu tout nu sur un matelas ? Aurait-il été victime d’une agression sexuelle ? « On ne peut rien vous dire en ce sens. Laissons l’enquête policière suivre son cours », fait-on comprendre. 

C’est le 22 février que Sameer Jugurnauth a été arrêté par la Criminal Investigation Division de Terre-Rouge dans une enquête pour vol. Il a ensuite été placé dans une cellule policière pendant une semaine. Il a été traduit devant le tribunal de Pamplemousses le 1er mars. Ce jour-là, la liberté lui a été accordée. Le montant de la caution a été fixé à Rs 25 000.

Cependant, ses proches ne disposaient pas de la somme nécessaires pour le faire libérer. Le quadragénaire a alors été transféré à la New Wing Prison de Beau-Bassin, où il a été placé en détention préventive.  Ses cinq codétenus sont des « First Offenders ». Le 2 mars, il a été roué de coups par deux d’entre eux au point où il s’est effondré sur son matelas. C’est au moment de l’ouverture des portes, au matin du dimanche 3 mars, qu’il a été découvert par le gardien de service. 

Le détenu avait l’oreille enflée au niveau de la tempe droite. Il a immédiatement été conduit à l’hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle et placé sous respirateur artificiel. Son décès a été constaté le lendemain. L’autopsie a conclu à une hémorragie intracrânienne. 

Des sources très fiables indiquent, sous le couvert de l’anonymat, que Sameer Jugurnauth était en 
« induction » à la New Wing Prison de Beau-Bassin. Il était prévu qu’il soit transféré au pénitencier de Grande-Rivière-Nord-Ouest une semaine plus tard. Selon notre informateur, « le prisonnier présentait des signes d’instabilité ». 

Ce qui, fait-on comprendre, aurait dérangé certains de ses codétenus. « Il y a des prises de bec entre prisonniers. Certains cas sont rapportés, d’autres non. Il arrive parfois que des prisonniers incitent leurs codétenus à devenir violents. Certains n’ont plus rien à perdre car ils ont passé toute leur vie derrière les barreaux », précise-t-on.

Vinod Appadoo, ex-commissaire des prisons : « J’avais procédé à une séparation des prisonniers » 

Vinod Appadoo, ancien commissaire des prisons, expose une perspective nuancée sur les défis sécuritaires en milieu carcéral. Tout dépend, dit-il, de la situation. « Il y a parfois des règlements de comptes entre prisonniers. C’est la raison pour laquelle j’avais, lorsque j’étais commissaire des prisons, procédé à une séparation des prisonniers en fonction de leur nationalité et de leur provenance. Ils avaient tous été placés dans des cours différentes car ils ont leurs réseaux », ajoute-t-il.

La Commission des droits de l’homme enquête sur les failles du système 

La National Preventive Mechanism Division de la Commission des droits de l’homme a ouvert une enquête le 4 mars 2024 à la suite du décès de Sameer Jugurnauth. « Nous ne recherchons pas les coupables. Nous analysons plutôt les failles du système. C’est une enquête systémique qui vise à comprendre ce qui a pu causer la mort du prisonnier afin de détecter et d’éviter une telle situation à l’avenir. C’est après avoir recueilli les déclarations des prisonniers que nous formulerons des recommandations », souligne la commission.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !