Débats à l’Institut français de Maurice - Pascal Boniface, géopoliticien : «L’Occident a soutenu les pires régimes»

Pascal Boniface, géopoliticien Source

Il n’y a pas lieu de croire que les démocraties sont en danger, car l’opinion publique peut mieux s’exprimer aujourd’hui, grâce aux réseaux sociaux. C’est en substance l’opinion de Pascal Boniface, spécialiste en géopolitique, qui a animé une conférence à l’Institut français de Maurice, le 23 novembre 2017.

C’est un invité de marque, mais aussi un intellectuel qui, en France, a suscité de nombreuses polémiques par ses positions à l’égard d’Israël et des Palestiniens, qui a livré le fond de sa pensée à Rose-Hill, devant une audience subjuguée par sa rhétorique et manquant visiblement d’arguments pour essayer de prendre à défaut cet ancien socialiste qui avance que le terrorisme n’est pas le pire danger que l’Occident doit affronter.

Enchaînant les thématiques à l’agenda, Pascal Boniface s’est essentiellement appesanti sur deux questions : la question des libertés dans le bloc soviétique et l’Europe de l’Ouest et l’état de la démocratie. Citant l’Opération Condor, il a fait ressortir qu’au nom de la démocratie, l’Occident avait soutenu les pires régimes. À ses yeux, il faut éviter une approche manichéenne, lorsqu’il en vient à l’analyse de la nature de l’Union soviétique et des États-Unis. Certes, les libertés étaient sous contrôle de l’État en Union soviétique, a-t-il expliqué, mais cette situation ne doit en rien dissimuler la main des États-Unis dans des coups d’État en Amérique centrale, dont le plus flagrant fut celui au Chili, où le président Allende fut renversé avec l’aide de la CIA. La seule figure présidentielle américaine qui trouve grâce yeux de Pascal Boniface est celle de Jimmy Carter, dont il faut réévaluer la contribution contrairement à l’image « faible » que l'on a dressée de lui. « Jimmy Carter a été en cohésion avec les principes des États-Unis », dira-t-il.

Guerre froide

Et, à l’âge de la post-globalité, les États-Unis restent le premier empire, grâce à leur budget militaire colossal. Mais les États-Unis peuvent-ils encore mener leurs actions secrètes comme ils l’ont fait à l’ère de la Guerre froide ? Non, semble dire Pascal Boniface, car Internet et les réseaux sociaux sont devenus des moyens efficaces de connexion permettant de partager des informations en temps réel. « Il n’y a pas d’équivalent à la puissance américaine », a-t-il lâché. Et de s’indigner de l’absence d’un mémorial à la mémoire des Amérindiens, alors qu’il en existe un dédié à la Shoah.

Que penser des propos du conférencier invité par l’IFM ? Difficile de se faire une idée un tant soit peu objective sur des thématiques avancées, car celles-ci sont d’une part peu connues et débattues à Maurice. Et, d’autre part, le conférencier, lui-même, n’est pas un habitué ici. Toutefois, ses observations sur le concept de la démocratie et l’aune, dont on juge celles-ci méritent que l'on s’y attarde.

« En 1960, en France, l’État avait le monopole de l’information », a-t-il observé avant d’assener : « On n’a pas de leçons historiques à donner aux autres. » Et au conférencier de conclure sur une note optimiste : « Partout les dictatures s’amollissent, car le monopole de l’État sur l’information est fini, car l’alphabétisation gagne du terrain ». Mais il tire aussi la sonnette d’alarme sur les dangers qui menacent la démocratie lorsque « les élites ne sont plus conscientes de leurs responsabilités » ou quand la démocratie en vient à dépendre des intérêts financiers, car alors, « on oublie la question sociale ».

 

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