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De Miss Moka au barreau : Snehta Choytun défie les clichés

En compagnie de ses parents Sita et Neerbhaye Chandra Choytun en Cour suprême. L’avocate a été couronnée Miss Moka en 2023.

Miss Moka, danseuse, avocate : Snehta Choytun compte désormais s’imposer sur une toute nouvelle scène. À 30 ans, elle porte rigueur, foi et passion pour la justice.

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À 30 ans, Snehta Choytun a prêté serment à la Cour suprême le 26 septembre dernier. Derrière l’élégance et la robe noire, il y a un parcours qui n’a rien de linéaire. Entre racines modestes, concours de beauté et journalisme, elle a su tracer sa route.

Fille de Sita et Neerbhaye Chandra Choytun, retraités, Snehta a grandi à Nouvelle-France. Ses parents n’ont pas fait d’études longues. Ils lui ont appris une chose simple : l’éducation est un privilège, pas un dû. « Leurs sacrifices m’ont appris à chérir chaque occasion d’apprendre », dit-elle. 

De cette conviction est née une tête bien faite : deuxième place nationale en sociologie au Higher School Certificate, Head Girl du Forest-Side State Secondary School. Timide, curieuse, elle commence à observer le monde. Le droit s’invite sans qu’elle le sache : « J’étais timide, mais je n’ai jamais cessé de vouloir comprendre les autres. C’est sans doute là que le droit a commencé à m’attirer. » 

Inspirée par sa sœur, avocate en Angleterre, Snehta comprend que la loi peut changer des vies. « J’ai choisi cette voie parce que la justice, lorsqu’elle est vécue et non seulement proclamée, peut rendre le monde meilleur. » Après un LLB (Hons) en Business Law et un Master en Legal Practice à BPP University de Londres, elle empoche distinctions sur distinctions, notamment en plaidoirie, déontologie et contre-interrogatoire.

À Londres, elle exercera comme Hearings Advocate et Assistant au Health and Care Professions Tribunal Service. Elle plaide, dirige des équipes, et remporte même des concours de plaidoirie internationaux, représentant l’Inner Temple face à des candidats d’Oxford et de Cambridge. Pourtant, malgré les opportunités, elle choisit de rentrer à Maurice. L’exil ne l’attire pas : « Londres ne sera jamais chez moi. J’avais besoin de retrouver mes racines, de servir ici. »

Et 2023, alors qu’elle vient de réussir les examens du barreau et lutte contre une tuberculose, elle décide de participer à Miss Moka, qu’elle remporte. « Ce n’était pas un concours de beauté, mais de courage », lance-t-elle, sourire en coin. « Je voulais prouver qu’on peut être forte, belle et vulnérable à la fois. » Le paradoxe incarné. Elle est également une danseuse classique diplômée en Bharata Natyam et certifiée en Kathak.

La jeune femme passe aussi par le journalisme à l’Indian Ocean Network News, couvrant des sujets de société et de politique. « Le journalisme m’a appris à écouter, à observer et à donner une voix à ceux qu’on n’entend pas. Mais à un moment, j’ai senti le besoin d’aller plus loin, d’agir, pas seulement de raconter. »

Aujourd’hui, après avoir effectué ses stages chez Me Antoine Domingue Senior Counsel, Me Shakeel Mohamed, Dentons (Mauritius), Uteem Chambers, et à l’Attorney General’s Office, Snehta rêve de plaider les grandes causes publiques et constitutionnelles. « Être avocate, c’est être la voix de ceux qui n’en ont pas. » Sa foi et sa discipline structurent ses journées. Elle commence souvent sa journée à la messe à l’église Saint-Louis de Port-Louis avant d’enfiler la toge. « C’est là que je trouve ma paix. »

Et sa leçon finale aux jeunes femmes : « Aimez le droit, aimez-vous, soyez courageuses. La beauté ne réside pas dans l’apparence, mais dans la lumière qu’on dégage en restant intègre. »

 

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