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Davina Seevathean ferblantière: la passion et le savoir-faire

Ferblantiers depuis trois générations, les Seevathean perpétuent une tradition quasi-sacrée à Bambous. Davina, 35 ans, voue sa vie à la fabrication d’objets en fer blanc. Lorsqu’on arrive au petit matin dans la rue qui abrite l’atelier de Davina Seevathean, à Bambous, on découvre un présentoir avec de nombreux objets en fer blanc, qui reflètent le soleil, encore bas dans le ciel. En pénétrant dans son petit commerce, il semblerait que le temps se soit arrêté. Ustensiles de cuisine, couvercles, moules à gâteau et moule pour poutou, arrosoirs, tirelires, décorations d’intérieur, bougeoirs, lanternes... Tous ces objets s’y amoncellent. À l’aide des connaissances et des techniques apprises auprès de son père, l’habitante de Buckingham, Rose-Hill, perpétue l’activité de ferblantier, véritable tradition familiale. Elle exécute les commandes des clients, avec la passion qui l’anime pour son métier. Transformer la matière, créer ou réparer des objets, voilà la voie que Davina a choisi de suivre et qui la fait vivre. « Parmi les plaques de tôle, d’aluminium et d’inox, je suis dans mon élément. De 9 à 16 heures, je tape, soude, agrafe, coupe, plie, tourne et assemble le fer blanc selon le modèle demandé. Ces gestes n’ont plus de secrets pour moi », explique la mère de famille. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"10112","attributes":{"class":"media-image alignnone size-full wp-image-16456","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"ferblanti\u00e8re"}}]]

Le plus beau cadeau

L’amour du métier lui a été transmis par son père, dont elle a été l’apprentie. « C’est le plus beau cadeau qu’il m’ait offert », explique-t-elle. Aujourd’hui, elle suit ses traces. « Mo lavi sa metyer la. Metyer la ena enn gran valer pou mwa. Mon père continue à travailler à l’âge de 57 ans. Sa travay la finn nouri mwa ek mo bann frer. Zordi, mo pe nouri ek investi dan letud mo de zanfan », ajoute-t-elle. L’entreprise familiale tourne bien et Davina est connue dans la région. Pour la ferblantière, cet art est bien plus qu’un métier qui la fait vivre. « C’est avant tout une passion. Mo ena sa vokasyon pou fer li », poursuit-elle. « Ce métier demande que l’on prenne des précautions, étant donné que le ferblantier travaille avec des matières coupantes comme la tôle, ou brûlantes comme le feu et l’acide. C’est un véritable art dans les gestes, dans la créativité et les techniques. On utilise les marteaux, ciseaux, pinces et autres outils pour obtenir la forme et l’effet recherchés », dit-elle.

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"10160","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-16457","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"313","height":"472","alt":"ferblanti\u00e8re"}}]]Affluence de commandes

Dans son atelier, Davina, en compagnie de son père Seeven, découpe de grandes plaques de fer blanc. Elle leur fait prendre la forme voulue à la main ou à l’aide d’un marteau avant d’assembler les différentes pièces en les soudant à l’étain ou en les agrafant. « Il faut de la précision et du temps pour réaliser l’ouvrage », indique-t-elle. Selon elle,  le métier n’est pas appelé à disparaître, l’importante demande pour ces produits en est une preuve. « Ena bokou klian local. Mem touris vinn aste mo bann prodwi. » Pourtant, cet art devient de plus en plus rare à Maurice. « Lontan ti ena bokou ferblantyer. Azordi fin diminie. Mo pense li ene metyer ki pou res touzour vivan », estime-t-elle. Ce qui importe pour la ferblantière, c’est la qualité du produit fini. Elle est méticuleuse dans son travail, afin de satisfaire ses clients. Pour parvenir au résultat escompté, l’amélioration des outils est utile. « Dans le passé, le métier était plus éprouvant. Mon père n’avait pas tous les outils qu’il possède aujourd’hui. Ceux-ci rendent le métier plus facile », fait-elle ressortir. « Les commandes évoluent également avec le temps. Azordi ena gato tou forme. Des moules en forme d’avion, de chiffres, de livre, de cœur et plein d’autres encore ». Davina s’efforce de toujours suivre l’évolution dans son travail.

Perpétuer la tradition

L’art de façonner toutes sortes d’objets à l’aide de feuilles de métal, Davina l’a maîtrisé au fil du temps. Le dessin technique est la base de toute fabrication de ferblanterie, et Davina a le compas dans l’œil. Elle regorge d’idées et de savoir-faire qu’elle voudrait partager. « Je veux absolument léguer ce métier à un jeune. Sinon, tout se perdra, car il n’y a pas d’école pour cela », fait-elle remarquer. Elle veut ainsi perpétuer une tradition qui fait partie intégrante de notre patrimoine national.
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