Interview

David Snoxell - coordinateur du Chagos Islands All-Party Parliamentary Group : «Le gouvernement britannique acceptera l’opinion de la CIJ»

L’ancien haut-commissaire britannique à Maurice, et actuel coordinateur du groupe parlementaire sur les Chagos a répondu à quelques questions alors qu’il se rendait à La Haye. Il espère que l’avis de la Cour Internationale de Justice débouchera sur des discussions entre le Royaume-Uni et Maurice sur l’avenir politique de l’archipel. 

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Comment l’affaire qui se présente devant la CIJ est-elle perçue au Royaume-Uni ?
Très peu de gens connaissent ou comprennent l’affaire au Royaume-Uni. À l’exception de quelques parlementaires, politiciens, avocats, universitaires et journalistes. Parmi ceux-là, je ne perçois que très peu, voire aucun, soutien au gouvernement. La All-Party Parliamentary Group (APPG) estime qu’il est grand temps que ces questions soient résolues. Les membres espèrent que le CIJ donnera un avis consultatif qui permettra aux parties concernées de négocier un accord global.

Comment la communauté chagossienne au Royaume-Uni, notamment à Crawley où vivent nombre d’entre eux, voit-elle ces développements  ?
Jusqu’à maintenant, il y a eu très peu de réactions, bien qu’un observateur pourrait représenter le groupe de Crawley devant la CIJ. Tous les Chagossiens réclament le droit de retourner vivre sur leur terre natale. Concernant la souveraineté, certains de ceux qui vivent au Royaume-Uni soutiennent Maurice, d’autres le Royaume-Uni. Ce n’est pas surprenant, vu que beaucoup préfèreraient rester ici.

À quoi vous attendez-vous des représentants du gouvernement britannique devant la CIJ ?
Ils défendront et recommanderont la politique du gouvernement de Sa Majesté, telle que définie dans la déclaration faite par le Royaume-Uni en juin 2017 (NdLR : lors du vote de l’Assemblée générale de l’Onu pour recourir à la CIJ, les britanniques avaient argué que la CIJ n’était pas la juridiction appropriée pour régler les différends portant sur la question de souveraineté).

La question des Chagos a été soulevée à plusieurs reprises au Parlement britannique. Quel impact pourrait avoir un avis favorable de la CIJ sur les actions futures des élus ?
Un avis consultatif qui soutiendrait Maurice sera considéré comme une opportunité positive pour le gouvernement de Sa Majesté d’aboutir à un accord global. Cela impliquera des compromis des deux côtés. L’APPG continuera de faire pression sur le gouvernement pour saisir cette opportunité d’autoriser le retour des Chagossiens et négocier un calendrier sur l’avenir politique de l’archipel.

Si la CIJ estime que l’excision de 1965 des Chagos du territoire mauricien était illégale, quelle sera la réaction du gouvernement britannique ?
Je crois que le gouvernement britannique acceptera l’opinion de la CIJ et cherchera comment l’implémenter.

Des membres du gouvernement britannique ont proféré des menaces, notamment de représailles commerciales, si Maurice allait de l’avant dans ces démarches devant la CIJ. Mettront-ils ces menaces à exécution ?
Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, ainsi que le ministre du Commonwealth et le Haut Commissariat aient laissé entendre en août 2017 qu’il pourrait y avoir des conséquences économiques si Maurice portait l’affaire devant l’Assemblée générale des Nations unies. On a vu rapidement que c’étaient des menaces en l’air. Je ne crois pas que le gouvernement de Sa Majesté puisse initier des représailles contre Maurice, bien que les relations diplomatiques risquent de se refroidir. Avec le Brexit, Londres aura besoin de tous les amis qu’il pourra disposer au sein du Commonwealth.

 

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