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David Reimer, ambassadeur américain : «Nous ne négocierons pas avec Maurice au sujet des Chagos»

David Reimer, Asraf Caunhye et son épouse ainsi que Pravind Jugnauth. David Reimer, Asraf Caunhye et son épouse ainsi que Pravind Jugnauth.

La position des États-Unis reste inchangée sur le dossier Chagos. L’ambassadeur américain à Maurice, David Reimer, a expliqué que son pays soutiendra toujours les Britanniques. C’était dans la soirée du jeudi 4 juillet, à l’occasion du 243e anniversaire de l’indépendance des États-Unis.

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«Nous sommes déçus que l’île Maurice ait porté l’affaire devant la Cour internationale de Justice (CIJ). » Tels ont été les propos tenus par David Reimer au Macarty House, Vacoas, le jeudi 4 juillet 2019. L’ambassadeur américain déplore l’action de Maurice sur ce dossier.

« Notre position demeure inchangée. Nous pensons que ce n’était pas le lieu approprié pour une dispute bilatérale entre deux pays. Nous camperons sur notre décision et nous soutiendrons les Britanniques », a-t-il déclaré à la presse. À la question de savoir si les Américains sont ouverts aux négociations, il a répondu :

« Nous n’avons pas eu de discussions avec le gouvernement mauricien jusqu’à présent. Nous n’anticipons pas d’entamer des négociations. Nous reconnaissons la souveraineté des Britanniques. »

David Reimer donnait une réception jeudi soir à l’occasion de la fête nationale des Américains, en présence du président de la République par intérim Asraf Caunhye et son épouse, le Premier ministre Pravind Jugnauth, le Premier ministre adjoint Ivan Collendavelloo et le ministre mentor sir Anerood Jugnauth. Était également présente l’ancienne chef d’État Ameenah Gurib-Fakim.

Auparavant, dans son discours traditionnel, l’ambassadeur a salué les liens d’amitiés qui unissent les États-Unis et Maurice. « La relation date de 225 ans, bien avant que Maurice ait son indépendance. La relation a été toujours cordiale, malgré des hauts et des bas. Nous avons les mêmes valeurs. »

Le dossier Chagos et la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies ont fait l’objet d’un débat le mercredi 3 juillet au parlement britannique. Le député du Scottish National Party, Patrick Grady, a déposé une Early Day Motion à l’effet que « this House has considered the UN General Assembly resolution on the future of the Chagos Islands ». Il a demandé au gouvernement britannique d’accéder aux demandes de Maurice à la suite de l’adoption de la résolution des Nations unies portant sur la souveraineté des Chagos. La prise de position de la Grande-Bretagne ne fait que l’isoler des autres pays. Le vote massif en faveur de Maurice – 116 contre six – en est une preuve.  

L’obstination de la Grande-Bretagne ces dernières années sur ce dossier et le refus de faire des concessions à ceux qui recherchent justice est stupéfiant et exaspérant. Patrick Grady avance même que la position adoptée par le gouvernement britannique commence à être préjudiciable pour le pouvoir en place et à la réputation de l’Angleterre au sein de la communauté internationale.

Il explique que la Grande-Bretagne avec le Brexit a investi des millions de livres sterling dans une campagne globale sous la bannière Britain is Great et a mis la pression à d’autres pays pour qu’ils respectent les décisions des Nations unies. Toutefois, le fait de choisir de rejeter la résolution des Nations unies demandant à l’Angleterre de « withdraw its colonial administration from the Chagos Archipelago unconditionally within a period of no more than six months » a placé le pays de sa majesté dans une situation diplomatiquement humiliante et internationalement isolée, affirme le député.  « Les cinq autres pays qui ont soutenu le gouvernement britannique, dont les Maldives, la Hongrie, l’Australie et Israël, ne sont pas sans critiques en ce qui concerne leur Human Rights Records. Quant aux États-Unis d’Amérique, ils sont dirigés par un homme qui est aujourd’hui un Laughing Stock. Une chose considérablement renversant », a ajouté Patrick Grady.

Le député a déploré la série de décisions du gouvernement britannique. « Au lieu d’engager de manière constructive des discussions avec Maurice, de rechercher un arbritage ou de trouver un consensus autour de la décision des Nations unies, nous avons vu la réponse du gouvernement. Annuler la réception marquant l’anniversaire de la reine à Maurice. Les régimes tyranniques et les cellules terroristes doivent trembler de terreur. Les despotes qui bafouent les droits humains doivent contempler avec horreur. Agacez l’empire britannique et vous n’aurez pas de gin tonic ni de sandwich », a ironisé Patrick Grady.

Il a aussi parlé de la situation des Chagossiens. Le ministre peut faire provision d’un fonds plus conséquent que les 40 millions de livres sterling promis à ces derniers. « Un programme réel pour faciliter leur vie, leur permettre au moins de visiter leur île natale, doit être mis en place », a insisté le député. Des propos qui ont obtenu le soutien de Catherine West du parti travailliste britannique. « La dignité des Chagossiens intervient avec un retour dans leur pays. »

Sir Alan Duncan : «Nous resterons les champions du respect de la loi»

Le ministre pour l’Europe et les Amériques, sir Alan Duncan, a répondu aux critiques de Patrick Grady. Il est revenu avec les mêmes arguments utilisés par le gouvernement britannique depuis le début de la lutte de Maurice pour reconquérir sa souveraineté sur les Chagos. « La Grande-Bretagne n’a enfreint aucune loi. Nous relançons notre appel pour que le dossier fasse l’objet de discussions bilatérales avec Maurice », a soutenu sir Alan Duncan. Le ministre ajoute que la Grande-Bretagne continuera de reconnaître l’importance des Nations unies dans le processus de décolonisation. Le pays de Sa Majesté continuera de défendre les droits humains quand des pays n’arrivent pas à assumer leurs responsabilités. Avant d’ajouter que tel n’est pas le cas pour les Chagos. En ce qui concerne l’annulation de la fête d’anniversaire de la reine à Maurice, sir Alan Duncan a soutenu que ce n’était pas un « petty protest » mais son gouvernement avait décidé que ce n’était pas approprié de tenir une réception avec le « mood ».

 

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