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David Perrine, éleveur: «Le prix de la viande de porc inchangé depuis 20 ans»

David Perrine possède aujourd’hui une trentaine de bêtes, contre une cinquantaine autrefois.
Un prix de vente inchangé depuis 1995. C’est le drame que vivent les éleveurs de porcs qui n’arrivent plus à vivre de leur profession. Leur métier ne leur étant plus rentable, ils n’arrivent plus à payer leurs dettes bancaires. La communauté des éleveurs porcins estime que le prix de vente de la viande de porc est trop bas. « De 1997 à 2016, le prix est resté inchangé : Rs 40 à Rs 50 le kilo. N’est-ce pas aberrant ? Comment vivre et rembourser un emprunt avec de tels revenus ? » déplore David Perrine, âgé de 36 ans et père de deux enfants de dix et 12 ans. Le trentenaire élève des porcs, à Riche-Terre, depuis 1995. Aujourd’hui, il possède une trentaine de bêtes, contre une cinquantaine dans le passé. « Il a fallu réduire le cheptel en l’absence de marché. Je regrette que les éleveurs regroupés en coopératives soient toujours dans le flou. Ils se sentent délaissés par les autorités. Notre métier est déconsidéré, dévalorisé… », argue-t-il. Faute de clients, la profession est en difficulté. « L’activité n’est plus rentable. J’ai du mal à rembourser le prêt de Rs 200 000 que j’ai contracté auprès de la Banque de Développement (DBM) après l’éclatement de la fièvre porcine, à la fin des années’ 90. » Conscient de cette crise, David Perrine avance que le gouvernement avait annoncé que la DBM supprimerait les intérêts sur les prêts octroyés aux éleveurs. « Finalement, les éleveurs n’ont eu qu’un moratoire, le délai étant rallongé de six ans après l’expiration du premier délai. Notre problème ce n’est pas le terme du remboursement, mais le respect de l’engagement des autorités de nous aider », déclare-t-il. Le président de la DBM a promis de voir comment soutenir les éleveurs en difficultés. Un rendez-vous avec eux a été fixé. « Certains éleveurs remboursent Rs 22 000 tous les six mois, d’autres Rs 42 000 », plaide David Perrine. « Le ministre des Coopératives est au courant du problème. Si on ne peut rien faire pour nous, que l’on efface au moins (write off) nos dettes pour nous soulager », lance-t-il.

Surplus de production

Pour S. Morris, Principal Extension Officer à la FAREI, le prix actuel de la viande de porc est « dicté par la loi de l’offre et de la demande. Nous avons 450 éleveurs actifs de porc qui possèdent 21 000 bêtes. Quand la fièvre porcine s’est déclarée en 2007, il y en avait 18 000 têtes, ce qui était satisfaisant. Aujourd’hui, avec ce surplus de production, il n’y a aucune structure pour régulariser la production et stabiliser les prix… » David Perrine ajoute que « les charcuteries s’approvisionnent à 75 % en porc congelé importé et n’achètent pas auprès des éleveurs locaux. S’ils y mettaient un peu du leur, la situation serait différente. Pour la transformation (processed meat), les producteurs ont également recours à du porc importé, car ils se plaignent de la pauvre qualité de la carcasse du porc local qui serait trop grasse. »
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