Mise à jour December 28, 2025, 3:00 pm

DASP Suhail Lidialam : «Tasers et bodycams seront une réalité en 2026»

Nasif Joomratty
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DASP Suhail Lidialam

Les tasers et les body cams seront effectivement déployés au sein de la force policière en 2026. Il s’agit de l’un des projets phares de la police, mené sous la houlette du commissaire Rampersad Sooroojebally. Le DASP Lidialam, porte-parole des Casernes centrales, nous en dit plus.

Quels sont les projets phares prévus par la force policière pour l’année 2026, notamment en matière de sécurité publique, de lutte contre la criminalité, de prévention, ainsi que de modernisation des unités existantes ou de création de nouvelles unités ? 

Pour 2026, la Mauritius Police Force concentre ses efforts sur des projets structurants visant à adapter son action aux exigences contemporaines. Le principal chantier concerne la révision du National Policing Strategic Framework (NPSF), dont la finalisation est prévue début 2026. Ce cadre de référence fait actuellement l’objet d’une refonte approfondie, afin d’évoluer vers un plan stratégique formalisé, destiné à actualiser les concepts et pratiques policiers.

Cette révision porte notamment sur le renforcement de la sécurité publique, la police de proximité, l’intégration du respect des droits humains dans les opérations, le développement des capacités et des compétences du personnel, ainsi que l’adaptation des stratégies face aux défis sécuritaires contemporains. L’objectif central demeure une meilleure adéquation avec les besoins actuels de la population.

Le nouveau cadre stratégique intègre également un recours accru à l’ intelligence-led policing, afin de structurer davantage les modes d’intervention et d’améliorer l’analyse et la compréhension des phénomènes criminels.

Des changements sont-ils envisagés dans le fonctionnement interne, notamment à travers des réformes organisationnelles et de nouvelles stratégies opérationnelles ?

Sur le plan réglementaire, le Police and Criminal Evidence (PACE) Justice Bill, actuellement en phase de consultation et de rédaction législative, vise à instaurer un cadre légal unifié encadrant les pouvoirs de police, les procédures d’enquête et les droits des personnes. Ce texte a pour objectif de clarifier les pratiques, d’harmoniser et de standardiser les procédures, ainsi que de définir clairement les garanties applicables aux interventions policières.

En parallèle, le commissaire de police a confié à un assistant commissaire de police la mission de mettre en place un département spécifiquement dédié à l’élaboration d’un Human Resource Development Plan (HRD). Ce cadre permettra d’identifier les besoins en compétences, de structurer les dispositifs de formation, de définir des mécanismes d’évaluation et d’organiser les parcours professionnels, afin de renforcer la gestion des ressources humaines et de mieux soutenir les priorités opérationnelles de la force policière.

Quels sont les nouveaux équipements, technologies ou outils opérationnels que la police prévoit de déployer en 2026, et quels en sont les objectifs ?

En 2026, la police envisage l’utilisation progressive de caméras-piétons (bodycams) et de tasers par certains personnels en service opérationnel. Ces équipements permettront de documenter les interventions et de soutenir l’application rigoureuse des procédures. Leur utilisation sera encadrée par des protocoles précis, définissant les conditions d’activation, la conservation des images et l’accès aux données, conformément au cadre légal en vigueur.

Par ailleurs, l’introduction des tasers comme équipement officiel de la police est également envisagée. Ils offriront une alternative non létale, permettant aux policiers d’agir de manière proportionnée dans les situations dangereuses. La mise en service de ces dispositifs sera accompagnée d’une formation stricte et de protocoles rigoureux afin de prévenir tout abus ou mauvaise utilisation.


« Boukou zenn dir mwa mo inspir zot » 

Nommé porte-parole à 29 ans, Suhail Lidialam modernise la communication de la police mauricienne. Réseaux sociaux et innovation : il mise sur la transparence pour renouer durablement le lien avec la jeunesse.

« Boukou zenn dir mwa mo inspir zot. » Suhail Lidialam ne cache pas sa surprise face aux vagues de commentaires encourageants qui déferlent sur les réseaux sociaux depuis sa prise de fonction, le 16 septembre 2025. À 29 ans, le nouveau porte-parole des Casernes centrales est désormais régulièrement reconnu et abordé dans la rue par de jeunes collégiens et universitaires. Un succès inattendu pour celui qui affirme « ne pas avoir cherché de faveurs » dans son parcours et se présente comme « un simple Mauricien, boosté par le sens du devoir ».

Mais derrière cette modestie affichée se dessine une ambition claire : dépoussiérer l’image de la police mauricienne et moderniser radicalement sa communication. « Les premiers jours ont été assez particuliers et challenging », confie le Deputy Assistant Superintendant of Police (DASP), qui promet pour 2026 l’arrivée des Tasers et des bodycams dans les Casernes centrales. Plus significatif encore : des changements sont prévus sur le plan des ressources humaines en vue des nouvelles réglementations du Police and Criminal Evidence Bill. 

Au cœur de cette stratégie : les réseaux sociaux. Depuis sa nomination à la tête du Police Public Relations Office (PPRO), Suhail Lidialam a déjà lancé, avec l’appui du quartier général de la police, un « CP’s Insight » – une publication faisant état du bilan annuel de la force. « C’est important que le public sache ce que nous faisons au sein de la police pendant toute une année », explique-t-il. 

Pour ce détenteur d’une licence en langue française de l’Université de Maurice, les outils numériques et l’intelligence artificielle ne sont pas une menace mais une opportunité d’établir un lien plus direct avec le public, d’y apporter sa « Personal Touch ». 

Sa vision de la communication policière rompt avec les pratiques habituelles. « On ne communique sur une enquête que si cela présente un avantage pour son avancement », résume-t-il. Transparence oui, mais toujours au service de l’enquête : appels à témoins, précisions pour le public, autant d’exemples où l’information peut servir l’intérêt général sans compromettre le travail judiciaire.

Cette approche s’appuie sur un parcours solide. Formé à l’Indian Police Academy d’Hyderabad, Suhail Lidialam a d’abord fait ses armes sur le terrain dans plusieurs postes de police de l’île, de Terre-Rouge à Abercrombie. Il avait déjà intégré le PPRO une première fois en pleine pandémie de COVID-19, découvrant alors les coulisses de la communication institutionnelle en temps de crise.

Aujourd’hui, il revient au PPRO, mais cette fois-ci à sa tête. Avec deux collègues à ses côtés, dont une WPC, il parle de « revamping » du système et prévoit d’en discuter directement avec le commissaire de police, Rampersad Sooroojebally. 

« Tout se fera après discussion et uniquement avec son aval », précise-t-il prudemment. Récemment marié, ce jeune homme originaire de Cité Martial incarne un pari : celui d’une police mauricienne qui saurait parler à une nouvelle génération. Entre rigueur policière et maîtrise des codes numériques, Suhail Lidialam ambitionne de transformer la manière dont la force s’adresse à la population. Son appel résonne comme un manifeste générationnel : « Il faut faire davantage confiance aux jeunes professionnels. »


Son parcours

L’histoire du DASP Suhail Lidialam, aujourd’hui à la tête du PPRO, est celle d’une ascension sociale réussie. Aîné d’une fratrie de deux enfants, il a grandi à Cité Martial, à Port-Louis, dans une famille modeste. Son père, aujourd’hui retraité, et sa mère, femme au foyer, représentent pour lui ses premiers modèles. Après ses études secondaires au collège Sir Abdool Razack Mohamed et une licence en langue française à l’Université de Maurice, son destin bascule lorsqu’il répond à une annonce pour le poste de Cadet Officer. 

Après une formation à la Police Training Academy, puis vient l’Inde. À l’Indian Police Academy d’Hyderabad, loin des siens, il suit un prestigieux « Commissioning Course ». De retour à Maurice, Suhail enchaîne les affectations dans plusieurs postes de police de l’île, de Terre-Rouge à Abercrombie, assurant même à plusieurs reprises la fonction d’Officer-in-Charge. 

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