Cader (85 ans) a des bleus partout sur le corps et souffre d'atroces douleurs. Il aurait été malmené alors qu’il se trouvait en maison de retraite, selon ses proches. Ces derniers ont porté plainte contre l'hospice situé à Plaine-des-Papayes, où il résidait depuis 8 ans et qui opère illégalement, selon les autorités.
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Cela fait 8 mois que l'octogénaire vit en maison de retraite. Laboureur depuis l’âge de 20 ans, Cader est aujourd’hui atteint d’Alzheimer. La famille a donc pris la décision de le placer dans une maison de retraite de Plaine-des-Papayes « parce que tout le monde travaille. Nous l’avons aussi fait pour sa sécurité, ainsi que pour les personnes autour de lui. Nous avons pensé à son bien-être, persuadés qu’il serait entre de bonnes mains, bien entouré au lieu de rester à la maison seul avec une infirmière tous les jours ».
Toutefois, quelques mois à peine après son admission, ses proches remarquent que quelque chose cloche. Akmez, le fils de Cader, qui habite Vale, explique : « À chaque fois qu’on va lui rendre visite, on constate qu’il ne porte jamais les habits qu’on ramène pour lui. Sur le lit où il dort, le matelas est affreux et sent très mauvais. » Et d'ajouter que c’est son fils qui a remarqué la semaine dernière que Cader n’allait pas bien. « Il est allé rendre visite à son grand-père et m’a informé qu’il est différent. Il ne parle plus et ne marche plus », a-t-il fait comprendre. « Nous l’avons emmené à l’hôpital du Nord et un médecin nous a expliqué qu’il souffrait d’une inflammation et d’hypertension élevée. » Akmez se tourne alors vers son oncle paternel qui est également médecin. « Il a alors constaté des traces de blessures sur le corps de mon père et a exigé qu’on l’emmène à son cabinet de consultation. »
Quant à Raouf, le frère de celui qu’on appelle affectueusement ‘bolom’, il est outré par la maltraitance qu’aurait subie son frère. « On ne frappe pas un chien de la sorte. Je suis médecin, je sais ce que je dis. D’ailleurs, les conditions dans lesquelles je l’ai vu évoluer ne m’ont pas plu. J’ai été attristé quand je l’ai vu. Très abattu, quand je l’ai vu, je l’ai serré dans mes bras et c’est là que mon frère a poussé un cri de douleur. J’ai donc soulevé son haut et j’ai constaté qu’il y avait des traces de blessures et des bleus sur son corps. J’ai tout de suite décidé qu’on ne pouvait plus le laisser entre les mains des responsables de cette maison de retraite. Je n’ai pas voulu faire de scandale et j’ai informé la direction que je ramenais mon frère chez moi et le président a accepté avec arrogance », raconte Raouf. « Mon frère ne parle plus. Il a les pieds enflés et des bleus sur tout le corps. Je ne l’ai jamais vu dans cet état. Même s’il est âgé, il aimait marcher. Je veux savoir comment il a perdu la parole en une semaine. C’est inacceptable ! » crie-t-il en jetant un regard rempli de tristesse à son frère qui s’est assoupi sur une chaise à côté.
Aperçu dans un champ de canne
Le fils poursuit : « Il y a un mois, des policiers du poste de Plaine-des-Papayes sont venus me demander d’identifier mon papa, car il avait été aperçu dans un champ de canne en train de dormir. J’étais choqué car il devait être à la maison de retraite, mais je n’ai pas fait tout un plat de cette affaire. Toutefois, je me suis récemment renseigné auprès du voisinage au sujet de l'hospice. Les personnes interrogées ont affirmé que tous les matins, vers 4 h 30, ils entendent les pensionnaires de la maison de retraite hurler de peur, sans pour autant être au courant de ce qui se passe à l’intérieur de la résidence. Les personnes du voisinage ont peur de dénoncer les gérants, disant avoir reçu des menaces du responsable. » Une plainte a été déposée au poste de police de Plaine-des-Papayes.
Cader a été placé dans une autre maison de retraite de Curepipe. Paisible est le mot approprié pour définir l’endroit, où Cader se trouve actuellement. La résidence possède une cour spacieuse et est entourée d’arbres. L’ambiance est sereine. « Une fois arrivés là-bas, on s’est dirigé vers la chambre de mon papa qui était tout sourire à la vue de son frère, ainsi que d’autres visiteurs qui, pour lui, sont des membres de la famille. Il semble heureux, mais il ne peut toujours pas marcher. »
Sollicité pour obtenir sa version des faits, le président qui gère la maison de retraite, un dénommé Ibrahim, concède effectivement que Cader faisait partie des résidents.
Toutefois, il ne souhaite pas en dire plus sur cette affaire. « Nous avons, à plusieurs reprises, tenté de contacter les gérants de l’établissement pour découvrir le fin mot de cette histoire, mais en vain. »
La Sécu alertée
Le ministère de la Sécurité sociale a été alerté sur cette allégation de maltraitance. Un préposé à la Welfare and Elderly Person Protection Unit explique que plusieurs fois des descentes ont eu lieu à cette adresse précise. « On confirme que les officiers font déjà le nécessaire. Le rapport a déjà été soumis au Residential Care Home Board au ministère de tutelle, puisque la maison de retraite opère illégalement. Les gérants n’ont pas de licence. Nos officiers ont déjà notifié la personne concernée et le nécessaire sera fait dans les meilleurs délais. »
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