Après des années de souffrance, Maryline fondait beaucoup d’espoir, pour son fils de 10 ans et elle, sur leur nouveau départ. Mais voilà qu’il lui annonce qu’il ne veut plus aller à l’école. Raison : il est harcelé par les autres élèves qui se moquent de lui et lui disent qu’il n’a pas sa place au sein de l’établissement. Ce qui exaspère le plus la mère de l’enfant c’est que la directrice lui a demandé de chercher une autre école.
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C’est une mère en larmes qui est arrivée dans nos locaux. Maryline* n’accepte pas que l’établissement privé que fréquente son fils lui recommande de trouver une autre école pour lui alors que c’est ce dernier qui est victime de moqueries et d’insultes de la part de ses camarades de classe. Jason* a 10 ans. Il ne comprend pas pourquoi c’est lui qui doit changer d’école puisque ce n’est pas lui qui a fauté. Depuis, il dit ne plus vouloir aller à l’école.
Cela fait quelques mois que Maryline est mère célibataire. Après des années à vivre avec un époux qui lui a laissé des séquelles physiques et psychologiques, elle décide de prendre sa vie en main. Elle s’enfuit avec son fils, cherche une ordonnance de protection et trouve une maison. Le père est en prison.
Bann zanfan apel mwa zoulou… Zot dir mo pa gagn drwa vinn sa lekol la."
Mère et fils souhaitent tourner la page sur ce passé tumultueux et regarder vers l’avenir. Pour cela, Marilyne bénéficie de l’assistance d’une association qui lui trouve un logement et qui l’aide à se reconstruire. Puis elle obtient du soutien financier de la part d’un bienfaiteur pour que son fils soit admis dans une école privée.
« D’ordinaire, mon fils est très studieux, mais lorsque nous avons quitté la maison de son père, il a manqué plusieurs mois d’école car c’était difficile de lui en trouver une », explique Maryline. Un sponsor décide alors de financer les deux dernières années scolaires de Jason au primaire. « Nous sommes allés ensemble pour son admission et la directrice s’est montrée amicale. Elle nous a expliqué les règlements, en me donnant l’assurance que mon fils aurait l’encadrement nécessaire pour s’adapter et rattraper son retard. »
La semaine dernière, le petit bonhomme reprend le chemin de l’école. « Lorsqu’il est rentré à la maison les deux premiers jours, il m’a dit que personne ne lui avait parlé. Je lui ai dit que cela viendrait, que les enfants apprendraient à le connaître et qu’il se ferait des tas d’amis », raconte la mère de l’enfant.
Or, la situation a empiré les jours suivants. « Jason pleurait. Le lendemain, il ne voulait plus aller à l’école. Durant le week-end, je me suis assise avec lui pour comprendre ce qui n’allait pas. » L’enfant finit par cracher le morceau. Il confie à sa maman que des camarades de classe se moquent de lui. « Zot apel mwa zoulou. Zot dir ki mo seve vilin e ki mo vilin. Zot dir mwa mo pa gagn drwa vinn sa lekol la. »
Maryline est choquée, mais elle décide de ne pas en faire toute une histoire. « Je me suis dit qu’il fallait seulement en parler à la directrice. Je suis allée la voir. Elle m’a promis de faire le nécessaire. » Cependant, lorsque Jason rentre de l’école ce jour-là, il martèle qu’il ne s’y rendra plus. Il raconte à sa mère que son enseignante a étalé toute sa vie privée en classe, expliquant aux élèves qu’il ne fallait pas se moquer de lui car c’était un enfant pauvre. « Elle a ajouté qu’il n’avait pas d’argent pour payer cette école et que c’est un bienfaiteur qui le faisait. Elle a aussi dit que je travaillais comme bonne. »
Cela n’a pas été sans conséquences. Jason relate que durant la récréation, les enfants se sont pris à lui, en lui lançant des propos blessants tels que : « To pena kas kifer to vinn la ? » ; « To mama servante… bann zanfan servante pa gagn drwa vinn sa lekol la » ; « Nou paran inn dir nou pa koz ar twa akoz to papa dan prizon ». Jason a fondu en larmes et les enfants ont continué à se moquer de lui.
La plus grande déception de Maryline est l’attitude de la direction. « Je suis une nouvelle fois allée voir la directrice. Elle m’a dit : ‘Madame nous avons trop de problèmes avec vous et votre fils. Je pense que vous devez lui trouver une autre école’. Je lui ai dit qu’il fallait parler aux enfants car ce n’est pas mon fils qui a fauté. Elle m’a répondu : ‘Ki ou le mo fer ? Mo pa kapav met tou sa zanfan la deor. Si ou garson pa konpran lezot zanfan, be pran li ale’. »
Depuis, Jason est à la maison. Maryline n’a nullement l’intention de rester les bras croisés. Elle est allée frapper à la porte des autorités pour dénoncer ce que son fils a subi. « Si on reste sans rien faire, d’autres enfants subiront le même sort. C’est inadmissible que les adultes ne tiennent pas compte de la manière dont agissent des enfants envers les autres », lance-t-elle. Il a été recommandé à Maryline de porter plainte au bureau de l’Ombudsperson for Children.
*Prénoms modifiés
La direction de l’école : « C’est un problème interne »
La directrice de l’établissement privé n’a pas voulu répondre à nos questions, arguant qu’il s’agit d’un problème interne. Un enseignant a cependant confirmé que Jason a bel et bien été victime de représailles de la part des élèves et que sa collègue n’aurait jamais dû parler de la situation personnelle de l’enfant en classe. Recontactée avant que nous mettions sous presse, la directrice a dit : « C’est moi qui décide de ce qui se passe dans mon école. Si je décide de le mettre dehors, c’est pour ne pas perturber les autres enfants. Il a fallu faire un choix et cela ne vous concerne pas. »
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