Occuper le poste de présidente de la République de Maurice est, à la fois, une grande responsabilité et un grand prestige. Ameenah Gurib-Fakim a reçu Le Dimanche-L’Hebdo à son domicile et nous parle à cœur ouvert…
Publicité
Simplicité. C’est le maître-mot d’Ameenah Gurib-Fakim. En effet, la première femme présidente de Maurice ne mène pas une vie de luxe comme beaucoup de Mauriciens pourraient le croire. Elle habite toujours avec ses parents dans la demeure qu’elle a acquise, il y a des lustres. À l’ombre des arbres, sa coquette maison respire la tranquillité.
Passionnée,de cuisine
Détrompez-vous, la Présidente ne se fait pas servir 24/7. Elle explique qu’en son absence durant la semaine, c’est la bonne qui s’occupe de la maison. Mais pendant le week-end et les jours fériés, elle troque son allure de femme d’État pour devenir une véritable fée du logis. Elle prépare alors moult repas pour la famille, nettoie la maison et fait la lessive, une tâche qu’elle accomplit le dimanche matin où elle nous dit savourer ce moment de bonheur et de grande liberté. Son plat préféré est le chilli con carne, un ragoût mexicain. Elle adore aussi les salades et quand elle reçoit des proches, elle prépare un bon kalia de bœuf.
Aussi, la Présidente n’hésite pas à dire qu’elle fait toujours ses courses au supermarché du coin. Elle nous raconte aussi qu’elle va au marché quand elle a le temps et en décembre dernier, elle s’est fait un devoir d’aller rencontrer des maraîchers qu’elle connaît depuis longtemps pour leur souhaiter une bonne année. Ameenah Gurib-Fakim est très attachée à la famille. D’ailleurs, sa mère et son père vivent chez elle. Et de temps à autre, elle rend visite à des proches dans le sud du pays et dans les Plaines-Wilhems.
«Je suis en communion avec mes plantes et je ressens une paix intérieure»
La Présidente passe presque deux heures, chaque samedi et dimanche, à s’occuper de ses nombreuses plantes dans son arrière-cour et sur son balcon. Elle s’occupe de ses bonsaïs avec un soin infini. Armée d’un sécateur et d’un tuyau d’arrosage, elle nous dit être en communion avec ses plantes durant des heures. Elle retire les feuilles mortes et élague les petites branches sèches. Elle a plus de 250 variétés de bonsaïs, qui ont plus de 25 ans. Un trésor nous dira la Présidente.
Outre les bonsaïs, elle a fait aussi pousser plusieurs variétés d’orchidées et en connaît les noms par cœur. Ameenah Gurib-Fakim est également très attirée par les fougères, qu’elle cultive sur son balcon. D’une main tendre, elle caresse les fougères comme pour leur transmettre tout son amour. « Je suis en communion avec mes plantes et je ressens une paix intérieure », avoue-t-elle.
Outre ses plantes, la Présidente s’occupe de ses quatre chats : Browny, Toffee, Chilli et Tigrou. Selon elle, les chats comprennent son langage et sautent sur ses jambes pour chercher la caresse maternelle. Dans sa cour, une volière avec des oiseaux aux plumages multicolores s’ajoute au décor. Le matin, avant de partir pour la State House, elle se fait un devoir de donner à manger à ses quatre chats. Et quand elle rentre le soir, les quatre matous l’attendent pour le dîner.
Par ailleurs, Ameenah Gurib-Fakim aime pratiquer la marche. Chaque jour, la Présidente parcourt des kilomètres dans la nature. Et quand elle est à la State House, elle s’adonne à la marche, l’après-midi dans les jardins du Réduit. Elle nous révèle qu’elle n’aime pas les soirées mondaines, mais que sa fonction l’oblige à être présente. Sinon, installée sur son canapé, elle fait la lecture chaque jour et aime les œuvres historiques. Actuellement, elle lit The Silk Road. Elle achète les livres en ligne et très souvent, quand elle est en voyage, elle flâne dans les librairies à la recherche d’ouvrages rares.
Une vie bien remplie
Ameenah Gurib-Fakim avoue que le poste de présidente de la République a complètement changé sa vie. Selon elle, quel que soit le statut d’une personne, il est impératif de garder les pieds sur terre, tout en continuant à faire des efforts pour s’améliorer. En acceptant ce poste, la Présidente nous dit que c’est une mission qu’elle a entreprise et qu’elle sera à la hauteur des espérances.
Cela dit, elle n’est pas tentée par un deuxième mandat à la State House. Ameenah Gurib-Fakim dira « non » si elle est approchée à l’avenir. Elle dit avoir envie de vivre une quatrième vie, elle qui a été académicienne, entrepreneure et à présent chef d’état. Est-elle désormais tentée par une vie politique ? « L’avenir nous le dira. Tout est dans le destin », nous dit-elle avec le sourire...
Sur le plan familial, Ameenah-Gurib est mariée au chirurgien Anwar Fakim. Le couple a deux enfants. Adam (25 ans) étudie l’Art & Digital Animation à l’université de Kent, en Angleterre. Imaan étudie, elle, la Computer Science with Artificial Intelligence. Grâce aux réseaux sociaux, la Présidente communique avec ses enfants tous les jours.
Un profond attachement aux valeurs
La Présidente dit se sentir plus à l’aise avec le petit peuple et attache une grande importance aux valeurs culturelles. En trois occasions, elle a convié des enfants en situation de handicap à la State House pour un déjeuner. En 2016, elle a invité une cinquantaine d’enfants des différents hospices pour partager un repas au Château du Réduit. Pour la fête Eid-ul-Fitr, elle a rendu visite à une dame âgée de 101 ans à Plaine-Verte. La Présidente croit dans la diversité culturelle.
Elle s’est aussi rendue au couvent Gayasing pour la fête Eid. Pour le Divali, elle a organisé une cérémonie dans un couvent catholique en compagnie du Mgr Ian Ernest, prélat de l’église anglicane, et du cardinal Maurice Piat. En août 2016, la Présidente s’était rendue à la rue La Paix, à Port-Louis, pour rendre visite à une femme aveugle et amputée du pied droit. Ce jour-là, elle n’avait pu retenir ses larmes devant ce drame humain.
Ameenah Gurib-Fakim nous rappelle que la première personne qu’elle avait invitée à déjeuner à la State House était sa ‘miss tilekol’. « Grâce à elle, j’ai forgé ma personnalité et elle m’a mise sur le chemin du succès depuis mon enfance », souligne-t-elle.
Ses projets
La Présidente soutient plusieurs initiatives en faveur des jeunes, afin de leur donner les moyens de réussir. À Davos, au mois de janvier, lors de la réunion du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), elle est intervenue pour trouver des solutions afin de dynamiser la jeunesse mauricienne. Elle est aussi intervenue auprès de la Bill Gates Foundation, d’où la mise sur pied des endowment funds par la National Institute of Health pour créer l’éco-système dans lequel travailleront les scientifiques africains. « C’est la seule façon de mettre un frein au brain drain », dit-elle.
La Présidente n’a jamais songé à un prix Nobel. Elle se contente des nombreux titres internationaux qui lui ont été décernés.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !