Un passeur de drogue habitant une banlieue des hautes Plaines-Wilhems a récemment été intercepté par la police. Le hic est qu’il n’est âgé que de six ans. Ce cas ne serait pas isolé. Deux autres régions sont sous surveillance. Cela témoigne de l’ampleur du phénomène du rajeunissement des mules utilisées dans le trafic de drogue.
Une banlieue des hautes Plaines-Wilhems est placée sous la vigilance accrue de la police régulière, plus spécifiquement de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu). Raison : ils essaient de repérer de jeunes enfants exploités dans ce trafic comme mules. Selon des informations extrêmement fiables, des policiers de la force régulière et des travailleurs sociaux se sont retrouvés confrontés au cas d’un enfant de tout juste six ans qui transportait une certaine quantité de substances illicites. C’était il y a environ un mois.
Une enquête, menée conjointement par l’Adsu, la police régulière, les travailleurs sociaux de la région et la Child Development Unit (CDU), est en cours. Le Défi Quotidien a tenté de se renseigner pour savoir si la CDU a pris en charge l’enfant. Aucune information n’a toutefois transpiré à ce sujet. Cette affaire, selon des responsables de l’Adsu, témoigne de l’extrême détermination des commanditaires à tout mettre en œuvre pour écouler leurs substances illicites, même s’il s’agit d’exploiter des mineurs très jeunes.
Cela fait un moment que cette banlieue des hautes Plaines-Wilhems est connue comme un centre névralgique du trafic de drogue. De récentes informations glanées par l’Adsu confirment que des enfants âgés de six à neuf ans, qui ne fréquentent pas l’école, sont utilisés comme passeurs de drogue.
Ces mineurs sont exploités non seulement par leurs parents toxicomanes et des trafiquants de drogue, mais aussi par d’autres individus impliqués dans ce commerce illicite. Ces gens abusent de leur naïveté. L’état-major de l’Adsu confirme l’information : « Zanfan sa laz la pa konn koze. Nek koul enn parsel dan zot pos ek dir zot al donn sa intel. Zot ale trankil. »
Depuis près de six ans, l’Adsu enquêtait sur plusieurs pistes mettant en lumière l’implication d’adolescents âgés de 11 ans à 16 ans et agissant comme mules pour le compte de trafiquants de drogue. Cette stratégie privilégiée par ces derniers semble s’avérer être une méthode efficace pour déjouer la surveillance de la police.
Cependant, une question demeure : pourquoi les trafiquants se tournent-ils vers des enfants aussi jeunes au lieu de solliciter des mineurs un peu plus âgés ? « Ils ont rapidement compris que les adolescents sont bavards et exigent des sommes considérables. Les enfants étant plus jeunes, ils ont du mal à s’exprimer et obéissent aux ordres sans poser de questions. C’est la stratégie du moment. Quel policier ferait subir une fouille à un enfant ? », demande-t-on dans le milieu.
Cette banlieue des hautes Plaines-Wilhems n’est pas la seule à être dans le collimateur de l’Adsu. Les enquêteurs sont aussi sur la piste de deux autres régions du pays où des enfants âgés de moins de neuf ans sont exploités comme mules.
Police Press Office : « Une collaboration entre l’Adsu, les travailleurs sociaux et le public s’impose »
Dans une déclaration téléphonique accordée au Défi Quotidien lundi après-midi, la cellule de presse de la police confirme que des cas de trafic de drogue auxquels seraient mêlés des adolescents sont souvent recensés par l’Adsu. « Mais jusqu’ici, nous ne sommes pas au courant de l’implication des enfants dans le trafic de drogue. Une collaboration entre l’Adsu, les travailleurs sociaux et le public s’impose. Exploiter la naïveté des enfants à des fins illicites est un crime hautement condamnable », fait-on comprendre.
Protocole
Quel est le protocole appliqué quand des enfants passeurs de drogue sont repérés ? Selon nos sources, la CDU et la Brigade pour la protection de la famille sont immédiatement informées du cas. L’enfant est interrogé, puis confié à la CDU pendant toute la durée de l’enquête. Le dossier est ensuite transmis au bureau du Directeur des poursuites publiques qui décide des actions à prendre.
Le GM : « Nous condamnons cette exploitation »
Le gouvernement a été sollicité pour une déclaration. « Nous condamnons ces agissements envers nos enfants. Nous exhortons la population à dénoncer toute personne qu’elle soupçonne d’exploiter la naïveté des enfants à des fins illicites. Elle peut s’adresser à l’Adsu ou aux travailleurs sociaux. Des actions suivront », souligne-t-on.
Rs 3 M de Subutex sur des passagers de 6 ans et 9 ans
L’affaire avait fait grand bruit en 2019. La Customs Anti-Narcotics Section de la Mauritius Revenue Authority avait intercepté, en mai 2019, deux frères âgés de six et neuf ans qui revenaient de Paris. Ces derniers voyageaient sur un vol d’Air Mauritius. Ils n’étaient pas accompagnés. Ils avaient en leur possession 2 310 comprimés de Subutex, d’une valeur marchande de Rs 3 millions, ainsi que 128 comprimés de Tramadol. La drogue était dissimulée dans des boîtes de jouets.
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