Lancé la semaine dernière, le livre de l’ex-journaliste de la MBC, Nanda Armoogum, intitulé ‘Hors Antenne’, se veut le résumé du passage de ce dernier dans les murs de notre chaîne de service public. S’il s’intitule ‘Hors Antenne’, c’est pour surtout montrer aussi la grande affection que le journaliste a témoigné a l’égard de certains de ses collègues et directeurs. Bien entendu, tout ce qui relève de cette ‘incursion’ reste très fragmentée, l’auteur ayant sans aucun doute fait le tri parmi ses souvenirs.
Au vu de nombreux ex-membres du personnel de la MBC, présents au Gymkhana, le jour du lancement, sans oublier l’équipe de reporter-cameraman de la MBC, on pouvait légitimement se demander de quelle incursion il était question dans le livre de Nanda Armoogum. Par ailleurs, le terme « incursion » est inapproprié, car l’auteur a fait partie du personnel de la station nationale, ayant presque grimpé toutes les marches en termes de promotion à la Rue Pasteur, l’endroit mythique de la MBC.
Deux seules phrases, piquées au hasard de bonnes feuilles du livre, résument le rôle assigné à la MBC. « Il n’est un secret pour personne qu’à Maurice, la radiotélévision nationale demeure toujours un outil politique incontournable, quelque soit le gouvernement en place. La MBC ne peut se dissocier du pouvoir », écrit Nanda Armoogum. Plus tôt, dans son introduction, ces quelques lignes font ressortir le degré de rejet auquel est tombée la MBC dans l’estime de la population. « Bien que la station comprenne des hommes et des femmes qui savent faire de la radiotélévision, nombreux sont les Mauriciens qui boudent la MBC. Ils refusent même d’installer une antenne chez eux pour ne pas recevoir le signal des chaînes locales. Quelque chose ne va pas. On attribue ce dégoût, voire cette indifférence, aux relations entre l’État et la télévision (…). Les auditeurs et téléspectateurs vont plus loin, estimant que le choix des personnes appelées à diriger l’organisation laisse beaucoup à désirer… » Ce postulat affirme, on peut dès lors se perdre en les conjectures les plus folles, or comme l’affirmé un jour un ex-reporter et producteur de RFI, qui avait, par ailleurs, éclaboussé la production ronronnante de la production à la Rue Pasteur, « la presse (privée) devrait se réjouir que la MBC ne fasse pas de l’information, sinon elle serait une féroce concurrente avec les moyens qu’elle dispose. » Dont ses cars de reportages qui coûtent une petite fortune, ses affiliations avec d’autres chaînes publiques qui lui permettent d’obtenir à un coût réduit certaines de leurs productions, ainsi que des stages de formation.
Pour avoir connu plusieurs directeurs de la station, Nanda Armoogum sait que quand bien même, la nomination des directeurs procède d’un calcul politique, certains d’entre ces derniers.
Associations socioculturelles
C’est à la seule aune de la politique que l’auteur situe la véritable « nature » de la MBC, bien entendu, la station doit rester dans les clous de la MBC Act, en vertu de laquelle, elle doit refléter toutes les expressions religieuses et linguistiques de Maurice. Pour y arriver, elle s’appuie sur le relais privilégié que constituent, les associations socioculturelles de tous bords.
Pour mieux situer les objectifs de la MBC, l’auteur nous emmène à ses débuts, en 1927, lorsque Pierre Jolivet crée la première radio à partir de sa résidence, à Beau-Bassin et qu’il nomme Radio Maurice. Puis, elle se déplacera au Plaza et grâce à son succès, elle commence à obtenir une subvention du gouvernement colonial. En 1944, l’État prend le contrôle de la petite station qui offrait déjà de la musique européenne et indienne, des informations locales et internationales, entre autres. Aujourd’hui, on comprend mieux pourquoi déjà avant la Première Guerre mondiale, Pierre Jolivet était animé du souci d’offrir la diversité culturelle dans la programmation de Radio Maurice. Il faudra attendre 1965 pour que la MBC voie le jour, suite à une législation, à l’initiation de Sir Seewoosagur Ramgoolam, en 1964.
« ‘Gâteaux piments’ »
L’apparition de la télévision permet à l’auteur de livrer ce témoignage personnel, mais qui est aussi celui des milliers d’autres gosses de sa génération. « J’avais huit ans à l’époque et c’est la seule fois de ma vie que j’ai vu les Mauriciens animés d’un si grand esprit de patriotisme. L’indépendance – toute la population en parlait et voulait vivre à tout prix ces moments historiques a travers la télévision. Malheureusement, nombreux sont restés sur leur faim, car très peu de Mauriciens pouvaient en acquérir un. Seulement les riches pouvaient en acquérir un. Ceux qui avaient un téléviseur invitaient chez eux d’autres qui n’en avaient pas. On s’asseyait sur une natte par terre dans leur varangue. (…) Nos hôtes nous servaient du thé, des ‘gâteaux piments’, des biscuits ou un morceau de gâteau dit massepain. Certains ne nous donnaient rien. Ils souhaitaient qu’on parte le plus rapidement possible, une fois le programme terminé. Nous les enfants, nous voulions rester jusqu'à la fin des émissions. »
Au « sujet 20’ », intitulé
« Les technologies immersives », l’auteur décline les trois thématiques suivantes et qui sont présentées comme des technologies à mi-chemin entre le virtuel et le réel : « La réalité virtuelle », « La réalité augmentée » et « L’intelligence artificielle ». Dans certains pays, disposant d’un grand marché domestique et d’une accessibilité très répandue du wifi, ces technologies font déjà partie du paysage audiovisuel, résultant à la fois des lourds investissements dans l’éducation et la recherche. À Maurice, certains se sont mis à rêver de ces technologies d’avenir, mais sans trop savoir comment les concilier avec les exigences d’une société pluriethnique, où dans ses plus extrêmes configurations, il faudrait sans doute assigner une religion à un robot.
« Hors Antenne », de Nanda Armoogum
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