Interview

Danny Boutin, d’Airports Council International: «Aucun aéroport n’est à l’abri d’une attaque terroriste»

Le Senior Manager d’Airports Council International et responsable de l’Airports Excellence in Safety Programme estime que la sûreté du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport répond aux normes internationales. Il se dit « surpris et impressionné » par la structure et la technologie de pointe en place. Quel est l’objet de votre visite à Maurice ? Ma visite s’insère dans le cadre d’un programme d’excellence en sûreté appelé Airport Excellence (APEX) in Safety Programme in Aviation Security créé par l’Airports Council International (ACI), dont Maurice est membre. Ce conseil aide les membres à promouvoir l’excellence, à mieux développer leurs systèmes de gestion et à encadrer leur personnel. Je souligne que l’initiative de participer au programme APEX est volontaire. Les membres qui font appel à nous, dont Maurice, nous font confiance pour que nous les aidions à améliorer l’efficacité, la sûreté et la sécurité de leurs aéroports. Comment procédez-vous exactement ? Nous observons les pratiques et protocoles en place. Dans le cas qui nous concerne, donc l’évaluation de la sûreté de l’aéroport de Maurice, nous faisons ce que les Anglais appellent un snapshot de la structure puis nous analysons et disséquons ce que nous voyons. Ensuite, nous soumettons nos observations et c’est aux autorités de prendre ou non les mesures correctives que nous préconisons. Est-ce la première fois que Maurice vous sollicite pour un tel exercice ? En fait, nous sommes déjà venus à Maurice en 2014 pour évaluer la sécurité et les opérations côté piste de l’aéroport. Le programme venait d’être mis en place et Maurice avait décidé de s’embarquer dans l’aventure. C’était un exercice qui était très bénéfique. On avait remarqué que Maurice était à l’avant-garde par rapport à beaucoup d’autres aéroports. Certaines pratiques d’ici ont été exportées vers d’autres aéroports. Après le programme sur la sécurité, nous avons lancé celui de la sûreté. Et une fois encore, Maurice a exprimé son intérêt et nous y revoilà. Il est très important de rester à l’affût de nouvelles opportunités et de technologies, surtout dans les domaines de la sécurité et de la sûreté. Donc, cet exercice est nécessaire pour tout aéroport qui a à cœur la sécurité et la sûreté de son espace et de ses clients ? Ce n’est pas un exercice obligatoire, mais il est bon de le faire. Nous sommes ici sur une base volontaire. Nous ne demandons rien en retour, si ce n’est la possibilité de partager les bonnes pratiques d’ici avec nos autres membres et vice-versa. C’est un échange de best practices. Votre évaluation de la sûreté de l’aéroport de Maurice a duré une semaine. Quel est votre diagnostic ? Vous comprendrez que c’est un rapport confidentiel car il s’agit de l’aéroport qui est une zone sécurisée. Donc, je ne peux dévoiler mes observations. En revanche, ce que je peux dire, c’est que cet aéroport, relativement nouveau, est de standard international. Mon équipe et moi-même sommes surpris et impressionnés par sa structure et la technologie de pointe en place. Au niveau sécurité et sûreté… Je peux rassurer le public voyageur et les touristes qu’il y a ici une bonne culture de sûreté qui répond aux normes internationales. Vous parlez quand même d’un aéroport où, par le passé, on a retrouvé des chiens errants sur la piste d’atterrissage… Je suis au courant de la présence de chiens errants sur les pistes. Elle est davantage un risque pour la sécurité et moins pour la sûreté. Nous avons fait le tour des infrastructures et je peux dire que des mesures ont été prises, tant pour la protection humaine qu’animale. Au vu de ce qui se passe à l’étranger où des aéroports ont été pris pour cible d’attaques terroristes, pensez-vous que Maurice est à l’abri de tels dangers ? Aucun aéroport n’est à l’abri de tels dangers. Le Conseil international des aéroports n’évalue pas nécessairement la vulnérabilité ou l’imminence d’une attaque terroriste sur un pays. C’est aux autorités locales d’évaluer de tels risques. Notre mandat à nous, c’est plutôt de trouver des moyens pour atténuer le niveau de risque à un degré acceptable. Votre travail est certes volontaire, mais vous faites quand même des observations que vous aimeriez voir appliquées. Comment se passe le suivi après la soumission d’un tel rapport ? On offre à nos membres un encadrement total, y compris le suivi. D’ailleurs, Maurice est un membre très actif au niveau du Conseil international des aéroports au niveau de l’Afrique. Il y a ici des pratiques totalement aux normes qu’on propose aux autres qui font appel à nous. Quand aura lieu la prochaine évaluation ? Il n’y a pas un temps donné entre deux exercices. Après la soumission d’un rapport et l’application des recommandations, nous suivons l’évolution de la situation. C’est à Maurice de solliciter notre intervention quand elle se sent prête pour une prochaine évaluation. Le mot de la fin ? Cela a été un plaisir, comme toujours, de travailler avec les autorités mauriciennes. J’aimerais souligner l’implication d’Airports of Mauritius Ltd (AML) au niveau du Conseil international des aéroports. Elle fait un gros et un bon travail pour gérer la sécurité et la sûreté de l’aéroport de Maurice.  
   

L’ACI et le projet APEX

Fondé en 1991, l’Airports Council International (ACI) est une organisation à but non lucratif, basée à Montréal, au Canada, qui est née de la fusion de plusieurs associations. Son objectif principal : promouvoir l’excellence professionnelle dans la gestion des aéroports, tout en favorisant la coopération entre ceux-ci et les organisations aéronautiques mondiales. Il y a un mois, l’ACI a signé un protocole d’accord avec l’International Civil Aviation Organization, une agence des Nations unies créée en 1944, pour une meilleure coopération dans le renforcement de la sécurité au niveau des aéroports. Notamment à travers le programme Airport Excellence (APEX) in Safety. C’est ce certificat qu’Airports of Mauritius Ltd (AML) espère décrocher pour Plaisance. Il convient de noter que le Sir Seewoosagur International Airport est le premier au monde à mettre en œuvre le programme APEX en sûreté, depuis son lancement l’année dernière. Au cours de la semaine écoulée, les experts, menés par Danny Boutin, Senior Manager d’Airports Council International et responsable de l’Airports Excellence in Safety Programme, ont procédé à des inspections et des évaluations des protocoles et du système de sûreté mis en place. Ils ont également eu des sessions de travail avec les principales agences opérant à l’aéroport. Grâce à cet exercice, AML souhaite atteindre un niveau d’excellence en matière de sûreté. Danny Boutin est présentement le chef d’une équipe de huit experts internationaux en sûreté aéroportuaire.
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