Au travail, on parle souvent de production mais pas nécessairement de la production… du bien-être des employés. Créer une ambiance pour leur épanouissement optimal. C’est le défi de Daniella Bastien, la première ‘Happiness Manager’ à Maurice, en poste depuis cinq mois chez Précigraphe.
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« Qu’est-ce qui fait le bonheur du Mauricien ? » Depuis quelque temps, Daniella Bastien se penche sur cette question. Artiste et anthropologue, elle a fait un virage abrupt dans sa carrière en optant pour un boulot dans le privé et à plein-temps. Ce qu’elle fait reste atypique. Depuis cinq mois, elle travaille chez Précigraphe comme Happiness Manager. Un choix poussé par la curiosité de découvrir le monde industriel alors qu’elle a eu un parcours plutôt académique dans l’enseignement au sein de MCCI Business School, et ensuite, à la Kreol Unit de la MIE.
En quoi consiste ce job qui fait son entrée à Maurice ? « Il s’agit de la création d’une ambiance propice à l’épanouissement de soi au travail », explique-t-elle tout en précisant qu’elle n’est toutefois pas responsable du bonheur des employés. « Chaque employé ne vient pas forcément au travail avec le sourire, mais il s’agit aussi de la formation, de l’attitude et de la gestion du stress au travail. Le but : donner un sens à ce qu’on fait et s’acquitter de sa tâche avec fierté et plaisir. Pouvoir surtout dire aux autres qu’on aime ce qu’on fait au sein de l’entreprise. »
Au-delà de l’aspect fonctionnel de l’industrie, Daniella Bastien gère l’aspect émotionnel pour amener les employés à être contents de ce qu’ils font. « Toutefois, pour être heureux dans son lieu de travail, il faut un bon état d’esprit dans ce qu’on fait. D’où l’importance de la formation et de l’encadrement qui doit pousser l’employé à exceller. »
Ce nouveau parcours professionnel ne change en rien sa passion pour les arts et la culture. D’ailleurs, il est difficile de ne pas remarquer sa ravanne qui l’accompagne partout ou presque… Elle se retrouve souvent dans les manifestations artistiques avec son instrument et ses paroles rythmées par la musique.
Rarement sans sa ravanne
C’est à 15 ans que Daniella Bastien découvre la ravanne avec le groupe Abaim. Elle apprend à la maîtriser avant de mettre le cap sur La Réunion pour ses études de lettres et d’anthropologie. C’est d’ailleurs à l’île soeur qu’elle découvre des textes sur des notes musicales. Une découverte qui la bouleverse. Elle commence ainsi à réciter ses textes aux sons de la ravanne. « Ce moyen d’expression reste pour moi la meilleure façon de m’exprimer, confie Daniella Bastien. Tout autour de moi peut s’écrouler mais je ne pourrai arrêter de lire mes textes sur de la musique. »
En 2015, elle sort son album Isi Laba. Elle travaille actuellement sur un deuxième projet pour 2018. Son engagement artistique reste le même. Cette année encore, elle fait partie du comité artistique de Porlwi by Nature.
Le 7e art : une nouvelle corde à son arc
Pour le besoin de son doctorat, Daniella Bastien s’est investie un peu plus dans le monde cinématographique. En 2016, elle participe à l’atelier professionnel d’Ile Court, Festival international du court-métrage, et son pitch sera par la suite sélectionné pour le financement de son film, « Pran Nesans ». À travers cet atelier, elle a découvert une nouvelle passion pour l’écriture cinématographique. D’ailleurs, son film documentaire de 14 minutes a été projeté le dimanche 15 octobre à Poste-de-Flacq dans le cadre de « Sinema Koltar ». Sa création parle de l’univers du « marke », une pratique, un rituel, une tradition, dont la transmission devient nécessaire, selon elle, si on ne veut pas voir disparaître tout un pan de la culture mauricienne. Pour elle, ce film est le début d’une nouvelle aventure qui se dessine à l’horizon.
Un couple d’artistes
Daniella Bastien et Richard Beaugendre. Un amour atypique tout comme les deux personnages. Avec un besoin constant de créer et de s’exprimer, comme vit-on la création au sein du couple ? « Chacun a besoin de son espace créatif », précise Daniella Bastien tout en soutenant que l’énergie créative doit être gérée efficacement pour une meilleure harmonie. « Par exemple, Richard travaille sur son album cette année et du coup, le mien sera pour l’an prochain. » De plus, dit-elle, ils communiquent mieux à travers le silence avec comme point d’ancrage leur fille, Emma, cinq ans, et aussi par la musique et leur passion pour la langue créole.
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