Le Volontary Advocate for the Chagossian Community in Mauritius estime que ce sont les descendants de Chagossiens établis en Angleterre qui auraient dû plaider en faveur de ceux qui arrivent et qui se retrouvent sans-abri.
Quels sont les principaux obstacles rencontrés par les Chagossiens naturalisés, en termes d’emploi et de stabilité économique ?
Il y a d’abord la barrière linguistique. Puis, les Chagossiens naturalisés doivent résider au moins un mois en Angleterre afin de passer le Habitual Residency Test, leur permettant d’obtenir un logement. La communauté est dépourvue de soutien pour accéder à l’emploi.
J’ai soulevé la question auprès de plusieurs entreprises en leur demandant d’organiser des job fairs. Les directeurs de ces entreprises sont au courant que des Chagossiens, naturalisés citoyens britanniques et détenteurs d’un passeport britannique, sont en quête d’emploi. Parfois, ces job fairsse tiennent dans des endroits peu accessibles. En sus de cela, il n’y a pas de site officiel pour vulgariser ces événements, ce qui est déplorable.
Quelles initiatives ont été mises en place pour soutenir cette communauté en difficulté en termes de logement et de conditions de vie ?
Avant toute chose, nous n’avons incité personne à débarquer en Angleterre. Mais une fois le passeport en main, certains ont cru que c’était une suite logique de mettre les pieds au pays de sa Majesté le roi Charles III. Étant donné qu’ils font partie de notre communauté, nous ne pouvons rester insensibles à cette situation. Certains Chagossiens naturalisés sont toutefois en train de donner un coup de main aux sans-abri.
Quid des 33 Chagossiens ayant trouvé refuge au centre de Northgate ?
Les 33 personnes qui séjournaient dans le centre de Northgate, dans le West Sussex, n’ont pas été expulsées, fort heureusement. Le conseil municipal a décidé de laisser le centre à disposition des Chagossiens afin qu’ils puissent se débrouiller. Ils ne bénéficient d’aucun soutien des autorités. La communauté fait des dons de vivres et de produits de première nécessité et ils se débrouillent avec les moyens du bord.
À votre avis, qu’est-ce qui les pousse à aller à l’aventure ?
Le passeport britannique est perçu comme une planche de salut pour certains Mauriciens qui attendaient l’ouverture d’une porte. Mais le timing n’était tout simplement pas bon. Depuis l’obtention de la citoyenneté pour les Chagossiens, nous avons sensibilisé un bon nombre de personnes concernant les préparatifs liés au déplacement en Angleterre. C’est dommage que, malgré nos conseils, beaucoup de Chagossiens se soient laissé berner…
Finalement, à qui la faute ?
Je pointe du doigt ceux derrière le bourrage de crâne, tout simplement. Comme je l’ai souvent répété, la faute n’est pas au gouvernement britannique et encore moins aux descendants de Chagossiens qui voulaient s’accorder une nouvelle vie en mettant les pieds en Angleterre. Je déplore avec force ceux qui ont promis, et promettent toujours, monts et merveilles.
Il y a pourtant des Chagossiens établis en Angleterre depuis des décennies…
Vous avez parfaitement raison. On aurait pu faire pression afin que les Chagossiens et descendants de Chagossiens déjà établis en Angleterre aident ceux qui débarquent, par solidarité. Ce serait la meilleure chose à faire, car ils ont déjà une maison. Ce sont les Chagossiens établis qui auraient dû jouer les frontliners.
Y a-t-il une possibilité de rattraper le coup ?
Oui. Les descendants doivent tout simplement s’unir. D’ailleurs, nous luttons tous pour une cause commune : la reconnaissance de l’existence du peuple chagossien et de meilleures conditions de vie pour les Chagossiens en Angleterre. Je plaide également pour la reconnaissance des époux et épouses non-chagossiens mariés à des descendants de Chagossiens. Vous savez, la majorité des Chagossiens sont mariés à des non-Chagossiens, ce qui rend les choses encore plus difficiles au moment du départ.
Le mot de la fin ?
J’espère que les descendants prendront conscience de la situation et feront justice et honneur à nos aînés.
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