Interview

Cyril Monty, agronome : «La pénurie de thé aurait pu être évitée»

Cyril Monty Cyril Monty

Agronome de formation, Cyril Monty ne pense pas que le vieillissement des plantes ait provoqué une baisse de la production des feuilles de thé, comme avancé par les usiniers et les autorités compétentes. Pour preuve, il avance que le rendement par arpent a été équivalent, voire supérieur à 2015.

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Pour la première fois, Maurice connaît une pénurie de thé. En tant qu’agronome, quelle est votre analyse de la situation ?
La pénurie que nous rencontrons aurait pu être évitée si les mesures appropriées avaient été prises, notamment concernant les importations. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’an dernier, nous avons aussi connu une distribution erratique d’une marque en particulier.

Dans certains milieux, on évoque les conditions climatiques qui ont provoqué une baisse de la production des feuilles vertes. Qu’en pensez-vous ?
Les chiffres de production publiés par Statistics Mauritius sont révélateurs et démontrent que la récolte pour la période janvier à juin 2016 n’a pas été affectée par les conditions climatiques défavorables et le vieillissement des plantes, comme avancé par les usiniers et les autorités compétentes. Si tel était le cas, le rendement par arpent aurait été inférieur aux années précédentes. Or, on s’aperçoit que celui-ci a été équivalent ou même légèrement supérieur à 2015.

Les consommateurs parlent de pénurie artificielle des producteurs pour provoquer une hausse des prix. Vos commentaires ?
Je n’ai pas suffisamment d’éléments pour me prononcer dessus. Toutefois, je ne comprends pas comment les services compétents, en l’occurrence le National Agricultural Products Regulatory Office (NAPRO) ne savaient pas que l’abandon de 100 hectares de plantations en 2015 aurait complètement déséquilibré la production de feuilles de thé, avec les résultats que nous connaissons, courant 2016. Les autorités ont aussi une grande part de responsabilité dans la pénurie que nous subissons.

L’exportation des feuilles vers les marchés demandeurs serait-elle une autre raison pour expliquer cette situation ?
Il est tout à fait normal que les producteurs essaient d’avoir le meilleur prix pour leur produit, tout comme ils ont la responsabilité d’approvisionner le marché local. C’est le rôle de l’organisme régulateur, le NAPRO, de s’assurer que les consommateurs locaux ne soient pas lésés dans cette équation et que les producteurs y trouvent leur compte. Si cet organisme faillit dans son rôle, c’est le pays qui est perdant.

Y a-t-il suffisamment de terres dans des régions appropriées pour accompagner ce nouvel essor de l’industrie du thé ?
Nous avons besoin de 700 hectares pour produire suffisamment de thé pour le marché local. Cette superficie est disponible. Encore une fois, c’est à l’organisme régulateur de déterminer, en consultation avec les producteurs, si cette surface est suffisante ou pas, en tenant compte des possibilités d’exportation.

 

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