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Cybercriminalité : les photos intimes d’une mineure publiées sur les réseaux sociaux

Les captures d’écran sont toujours en circulation. (Photo d’illustration)

Une adolescente de 17 ans a fait une déposition la semaine dernière aux Casernes centrales, accompagnée de sa mère, après avoir découvert que des photos d’elle dénudée circulaient sur Internet. Elle soupçonne son ex-petit ami d’être derrière ce vilain tour.

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A.B., une habitante de Curepipe, est dépitée. Mère de trois enfants, elle fait de son mieux pour consoler sa benjamine de 17 ans. Cette dernière est rentrée en pleurs la semaine dernière. Après un long silence, elle a finalement avoué à sa mère la cause de son chagrin. Elle redoutait sa réaction mais a préféré lui dire la vérité afin de trouver une solution. « Elle m’a expliqué que certains de ses camarades de classe s’étaient moqués d’elle. Ils l’injuriaient et ne cessaient de ricaner en la pointant du doigt. » raconte la  mère. 

F.B., l’adolescente, ne comprenait pas la raison de cette attitude jusqu’à ce que des amies l’informent que des photos intimes d’elle circulaient sur les réseaux sociaux. « Ils lui ont envoyé un lien vers un profil créé sous un faux nom et les photos utilisées étaient bien les siennes. » soutient l’habitante de Curepipe. 

La jeune fille a été choquée. Dans un accès de colère, elle a lancé son téléphone et l’a endommagé. Honteuse, elle s’est précipitée chez elle. Selon la mineure, ces photos se trouvaient sur le portable de son ex-petit ami. « En tant que maman, j’avais mis ma fille en garde contre ce genre de chose. Je lui avais expliqué qu’il ne fallait pas envoyer des photos (surtout en petite tenue) à quiconque. Sauf que comme beaucoup d’adolescents, elle n’a pas écouté. Maintenant, je vais évidemment la réprimander mais je dois aussi la protéger et dénoncer ce cas car c’est un délit », poursuit A.B.

Elle a contacté le petit copain en question pour lui faire part de son intention de porter plainte. Le garçon affirme n’avoir rien à voir avec cette histoire. « II a dit à ma fille que son portable avait été volé et qu’il n’avait plus aucun contenu en sa possession. » A.B. a du mal à le croire car il n’a pas signalé le vol de son téléphone à la police.

Sollicité pour une réaction, le jeune homme, âgé de 19 ans, nous donne à peu près la même version. « Cela fait 10 jours que j’ai perdu mon téléphone. Je n’aurais jamais fait une chose pareille. Même si nous ne sommes plus ensemble, je respecte mon ex-petite amie et je ne lui ferais pas un tel coup. Elle me connaît bien. Je suis vraiment désolé pour ce qui lui arrive. » Pour se défendre, il avance ne pas savoir où il a perdu son téléphone et s’être résigné à l’idée qu’il ne le retrouverait pas.

L’avocat d’A.B. rappelle que l’utilisation d’un téléphone mobile pour causer du tort à autrui est un délit. « La plainte a été enregistrée aux Casernes centrales. Maintenant, j’attends les instructions de ma cliente pour décider de la marche à suivre. » Pendant ce temps, F.B. refuse de se rendre à l’école. Elle a même manqué deux examens de fin de terme. Sa mère envisage de l’emmener consulter un psychologue afin de lui donner des outils pour aller mieux. 

Le faux compte Facebook a été désactivé mais le mal est fait. De nombreuses personnes continuent de partager des captures d’écran, ce qui constitue également un délit.

Ce que dit la loi

L’utilisation d’un faux profil sur un réseau social pour causer du tort à autrui et la « revenge pornography » en ligne sont définis comme des délits par la Cybersecurity and Cybercrime Act de 2021. Ces infractions sont passibles d’une amende maximale de Rs 1 million et d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à 20 ans. Toute personne qui contribue à faire circuler le contenu illicite sur Internet s’expose aux mêmes sanctions.

Raise Brave Girls appelle à davantage de sensibilisation

Prisheela Mottee, présidente de l’association Raise Brave Girls, déplore l’usage abusif qui peut être fait des réseaux sociaux. « Nous vivons à une époque technologique où de nombreuses personnes se croient libres d’insulter et d’utiliser un langage indécent sur les réseaux sociaux contre n’importe qui. Certains se sentent puissants derrière un écran et agissent comme des guerriers du clavier, ou ce que j’appelle des ‘guerriers fantômes’. » Une autre observation : « Même si nous avons des lois, la plupart des gens derrière leur écran ne sont pas conscients de la protection apportée par ces lois et estiment qu’ils ont le ‘droit de s’exprimer’. »

Selon elle, trop de personnes ne savent pas faire la différence entre le harcèlement, le « body shaming » ou la diffamation d’un côté, et la liberté d’expression de l’autre. « C’est pourquoi nous devons proposer une campagne de sensibilisation et apprendre à nos générations jeunes et plus âgées à utiliser les médias sociaux. Les décideurs politiques doivent absolument mettre en place des programmes de prévention contre la cyberintimidation ou le cyberharcèlement, non seulement dans le système éducatif mais aussi auprès du grand public. D’ailleurs, ceux qui commentent, ‘like’ ou partagent sont tout aussi coupables que l’auteur de l’acte initial. »

 

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