
Près de la moitié des patients victimes d’un infarctus sont diabétiques, plus de la moitié souffrent d’hypertension et deux tiers présentent un taux élevé de cholestérol. Le Cardiac Registry vise à mieux prévenir ces maladies à Maurice.
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Près de la moitié des patients victimes d’un infarctus sont diabétiques, plus de la moitié souffrent d’hypertension et près des deux tiers présentent un taux de cholestérol élevé. Ces données, révélées par le ministre de la Santé, Anil Bachoo, lors du lancement du premier Cardiac Registry à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, ce lundi 29 septembre, dressent un constat inquiétant.
Avec 20 % de la population déjà diabétique et autant en situation de pré-diabète, la tendance est alarmante. Le ministre a souligné que l’âge moyen des patients a chuté de 72 ans en 2012 à environ 60 ans aujourd’hui, avec des cas signalés dès 30 ans. « La maladie cardiaque n’est plus liée à la vieillesse : elle frappe les jeunes au sommet de leur vie professionnelle et familiale », a-t-il prévenu.
D’ailleurs, 35 % des patients admis pour une crise cardiaque ont entre 40 et 49 ans. « C’est vingt ans plus jeune que ce qu’indiquaient les rapports précédents, qui situaient la majorité des cas après 60 ans », explique le Dr Mohabeer, cardiologue et coordonnateur national du registre cardiaque. Une crise cardiaque à 45 ans signifie généralement que la maladie s’est installée une dizaine d’années plus tôt, explique-t-il.
En 2023, 33 % des décès à Maurice étaient liés aux maladies cardiovasculaires, dont 60 % dus aux maladies cardiaques. « C’est peut-être la première cause de mortalité dans le monde, mais aussi l’une des plus évitables », a insisté Anil Bachoo, appelant à une vigilance accrue et à la prévention : « Ne jamais ignorer les signaux d’alerte, ne jamais retarder l’action. »
Le ministre a expliqué que le Cardiac Registry jouera un rôle central dans la lutte contre les maladies non transmissibles (MNT). Cette base de données permettra de mieux orienter les politiques publiques, d’allouer les ressources et d’évaluer les stratégies de prévention. Il a également invité les chercheurs de l’Université de Maurice à exploiter ces données pour suivre l’évolution de la situation.
La représentante de l’OMS, le Dr Anne Marie Ancia, a rappelé que 20 millions de personnes meurent chaque année de maladies cardiaques dans le monde, dont environ 3 600 à Maurice. Elle a averti que « les victimes sont de plus en plus jeunes », tout en réaffirmant le soutien de l’OMS pour les campagnes de prévention et la réduction des principaux facteurs de risque : diabète, hypertension et cholestérol.
Le Dr Tanuja Hemoo, Ag. Regional Health Director, a insisté sur l’importance du dépistage précoce : « Les maladies cardiaques peuvent bouleverser une vie en une minute. Connaissez les risques et agissez avant qu’il ne soit trop tard. »
De son côté, le cardiologue Dr Oomesh Shamloll a livré un message fort : « La santé n’est pas un bien acquis, mais tout ce que vous avez. Prendre soin de soi n’est pas un luxe, mais un acte d’amour pour l’avenir. »
Renforcer la prévention
Le premier registre cardiaque, issu d’une vaste enquête épidémiologique, « fournit des données précises sur les différents types de maladies cardiaques dans la population », souligne le Dr Nilesh Mohabeer, cardiologue.
Parmi les chiffres collectés, 54 % concernent des artères bouchées, tandis qu’environ 18 % des cas relèvent d’arythmies, soit des battements de cœur irréguliers, trop rapides ou trop lents. Le registre doit ainsi permettre de renforcer la prévention, encore trop insuffisante.
Si les efforts devront cibler en priorité les facteurs de risque comme le tabagisme et l’hypertension, les traitements eux-mêmes méritent d’être repensés. « Beaucoup de patients hypertendus ou diabétiques ne suivent pas correctement leur traitement », déplore le médecin, qui relève également que 36 % des personnes ayant déjà subi une crise cardiaque continuent de fumer.
Toutes les communautés sont concernées par ces maladies, insiste le Dr Mohabeer. Et si Maurice dispose aujourd’hui d’excellents spécialistes en cardiologie, l’intervention arrive souvent trop tard. Avec un meilleur système de dépistage, nombre d’angiographies auraient pu être évitées.
Le cardiologue rappelle aussi que les maladies cardiovasculaires ne se limitent pas au cœur. Elles incluent les accidents vasculaires cérébraux (AVC). Selon les données, 45 % des patients souffrant d’arythmies présentent une fibrillation auriculaire, l’un des principaux déclencheurs d’AVC. D’où l’importance, dit-il, de campagnes de prévention ciblées et continues, afin de réduire le risque de maladies cardiaques et leurs complications.
Recommandations pour la prévention et la prise en charge
Dans ses recommandations, le Cardiac Registry souligne qu’il est essentiel de suivre l’évolution des maladies cardiovasculaires et de comparer les résultats aux bases internationales. Parmi les mesures prioritaires :
• Augmenter le budget national pour la prévention des maladies non transmissibles.
• Intensifier les campagnes de sensibilisation sur le tabac, le sel, le sucre et l’activité physique.
• Cibler les patients à haut risque pour un dépistage précoce.
• Améliorer le contrôle de l’hypertension et du diabète, y compris avec des thérapies combinées.
• Développer des programmes de dépistage ciblés par âge et adaptés aux communautés.
• Assurer un suivi complet des facteurs de risque : indice de masse corporelle (IMC), antécédents tabagiques et familiaux, cholestérol LDL, débit de filtration glomérulaire estimé (eGFR), peptide natriurétique de type B (Pro-BNP) et lipoprotéine (a).
• Renforcer le diagnostic au niveau des soins primaires et sensibiliser la population aux arythmies, en élargissant l’accès aux anticoagulants et au dépistage de la fibrillation auriculaire chez les personnes âgées.
Ces mesures visent à améliorer la prévention, le dépistage et la prise en charge des maladies cardiovasculaires, tout en réduisant leur impact sur la santé publique à Maurice.

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