
- Automédication : des sanctions envisagées contre des pharmacies
Malgré l’interdiction formelle, des pharmacies continuent de vendre des antibiotiques sans ordonnance, alimentant une résistance inquiétante qui complique déjà les soins d’urgence.
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La situation devient critique à Maurice. Alors que la loi est pourtant claire sur l’interdiction de vendre des antibiotiques sans prescription médicale, certaines pharmacies persistent à les distribuer librement au comptoir. Une pratique illégale qui nourrit un phénomène alarmant : la résistance aux antibiotiques de première ligne se développe chez de nombreux patients.
« De nombreux patients prennent des antibiotiques à tort et à travers sans penser que cela peut être néfaste pour leur santé par la suite », alerte le Dr Aswamed Dinassing, directeur général des services de santé. Le constat est sans appel : cette résistance complique désormais les interventions d’urgence en soins intensifs, où des antibiotiques plus puissants deviennent indispensables.
Face à cette dérive, le ministère de la Santé hausse le ton. Des renseignements recueillis sur le terrain confirment que certaines pharmacies bravent ouvertement la réglementation. La riposte s’annonce ferme : des sanctions pourraient frapper les contrevenants, allant jusqu’à la fermeture d’officines fautives.
Le Dr Dinassing ne mâche pas ses mots : des règlements plus sévères sont à l’étude pour mettre fin à ces pratiques. Car au-delà du non-respect de la loi, c’est toute une chaîne de résistance qui s’enclenche, obligeant les médecins à prescrire des traitements de plus en plus lourds. Les médecins, eux aussi, seront davantage sensibilisés : tous n’ont pas la même culture en matière de prescription, et dans leur bonne intention de soigner rapidement, certains en prescrivent trop dans des cas inappropriés, selon le directeur général des services de santé.
Mais le problème dépasse le cadre des pharmacies indélicates. « Il y a encore des membres du public qui réclament des antibiotiques au comptoir alors qu’ils n’ont pas de prescription », reconnaît le pharmacien Arshad Saroar. Une méconnaissance du public qui se traduit par des demandes inappropriées : beaucoup ignorent encore que les antibiotiques, efficaces contre les infections bactériennes, ne servent à rien contre la grippe ou autres infections virales.
Plus grave encore, certains patients interrompent leur traitement avant la fin, favorisant l’émergence de résistances. D’autres se rendent directement en pharmacie pour obtenir les mêmes médicaments que lors d’une consultation précédente, évitant ainsi le passage chez le médecin. Arshad Saroar privilégie des campagnes d’éducation et de sensibilisation continues, afin que patients, pharmaciens et médecins prennent pleinement conscience des risques.
L’Organisation mondiale de la Santé tire également la sonnette d’alarme. « Nous constatons une résistance croissante, comme par exemple chez les patients atteints de tuberculose, rendant les traitements plus complexes », prévient la Dr Anne Ancia, représentante de l’OMS à Maurice.
Pour enrayer cette spirale, l’OMS prévoit des études approfondies sur les prescriptions d’antibiotiques, trop souvent administrées à tort pour des infections virales. L’objectif : encourager une utilisation rationnelle de ces médicaments devenus précieux.
Tandis que les autorités sanitaires préparent un durcissement de la réglementation, la course contre la montre est engagée pour sensibiliser patients, pharmaciens et médecins aux risques de cette résistance qui prend de l’ampleur à Maurice.

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