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Crise politique: Quel impact sur…

Amar Deerpalsing et Eric Ng.
Un ministre arrêté et poursuivi pour corruption, deux autres ministres qui se livrent à une guerre sans merci à coup d’affidavit et par médias interposés. Le pays est secoué ces jours-ci par la crise interne au sein du gouvernement. Une crise politique qui n’est pas sans effet sur l’économie, avancent opérateurs et observateurs.

…l’image de Maurice

« Avec Internet, tout ce qui se passe à Maurice est connu dans le monde entier. Or, l’image du pays a été ternie de manière générale avec la crise politique actuelle », déplore l’avocat d’affaires Penny Hack. Ce n’est pas Dan Maraye, ancien Gouverneur de la Banque de Maurice et observateur économique, qui va le contredire. « Il ne fait aucun doute que l’image du pays prend un mauvais coup de par le comportement de certains ministres et ex-ministres. Certains politiciens devraient faire montre de bien plus de retenue pour ne pas entamer davantage l’image du pays », fait-il ressortir.

...l’économie

Amar Deerpalsing, le président de la Fédération des PME, est catégorique. « C’est connu que l’instabilité politique apporte l’instabilité économique. Or,  la dernière guerre ouverte entre les ministres Lutchmeenaraidoo et Bhadain ne fait qu’ajouter à la morosité économique », soutient-il. Eric Ng, économiste et directeur du Cabinet PluriConseil, abonde dans le même sens. « La crise politique actuelle montre un certain désordre au sein du gouvernement et donne la perception que l’économie est négligée vu qu’il y a en ce moment d’autres problèmes à régler », souligne-t-il.

…la direction du pays

« Nous avons tout ce qu’il faut pour que le pays avance : les institutions, les professionnels, la connaissance, l’expérience. Mais, aujourd’hui, nous ne savons plus dans quelle direction nous allons. Faut-il tourner à gauche ou à droite ? Personne ne le sait. Ce qui affecte le dynamisme du pays », déplore Penny Hack. Amar Deerpalsing partage les mêmes inquiétudes. « On avait un ministre des Finances qui a été muté vers un autre ministère. En attendant, c’est le Premier ministre qui assure l’intérim. Or, avec tout ce qui se passe au sein de son gouvernement, il doit être très pris. Nous savons que le portefeuille sera confié à quelqu’un d’autre, mais on ne sait pas qui. Quoi qu’il en soit, on aura trois ministres des Finances en à peine deux ans », souligne-t-il. Ce n’est également pas de bon augure, poursuit Amar Deerpalsing, quand un pays n’a pas de fil conducteur sur la direction où il veut aller.

…le monde des affaires

Quel est le ‘mood’ dans le monde des affaires avec les récents évènements politiques ? Penny Hack le résume à cinq mots : morosité, tristesse, agacement, frustration et découragement. « La confiance au sein de la communauté des affaires est entamée. Il y a un attentisme accru. N’oublions pas que la stabilité politique est importante pour le business », ajoute Eric Ng.

…les investisseurs et les entrepreneurs

Tous les investisseurs, souligne Dan Maraye, sont en mode d’attente. Pour Penny Hack, si cette situation perdure, les investisseurs vont se décourager et partiront ailleurs. « Ce qui impliquera des fermetures d’entreprises et des pertes d’emplois. Le risque de perdre des business et des opportunités est bel et bien là », avance l’avocat d’affaires. Des craintes qui sont partagées par Amar Deerpalsing : « le pays connaît depuis un certain temps l’exode des investissements étrangers et le désintéressement de la communauté internationale à investir dans le pays. » Or, poursuit-il, avec « cette instabilité quasi-permanente avec l’arrestation et la convocation des ministres », il faut craindre que cet exode s’accélère et que ceux qui avaient l’intention d’investir à Maurice retardent les choses ou ne le fassent plus.

…le secteur financier

Pour Penny Hack, le secteur financier est également pénalisé par l’actuelle crise politique. « Comme on le dit dans notre jargon, the ‘jurisdiction has been brought in disrepute’ de par le comportement de nos dirigeants. La guerre ouverte entre les ministres Lutchmeenaraidoo et Bhadain ne peut que nuire à la stabilité et à l’avancement du secteur », conclut-il.

Cri du cœur des opérateurs pour un retour à la stabilité

Les opérateurs et observateurs économiques sont tous sur la même longueur d’onde.  « Il faut décanter la situation. Le Premier ministre doit se décider à prendre des actions qui s’imposent et à donner un signal très fort afin que nous puissions avoir une visibilité à tous les niveaux », recommande Dan Maraye.  Amar Deerpalsing se prononce également pour un « revirement de situation ». « Il faut que la stabilité et la confiance soient de nouveau de retour », espère-t-il. Un souhait que partage aussi Eric Ng. « Il faut que le gouvernement retrouve une certaine sérénité, cohérence et cohésion », conclut-il.

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