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Crise en milieu carcéral- drogue synthétique : la prison de Beau-Bassin, une poudrière

Des gardiens réclament un renforcement des mesures de contrôle et de détection dans les prisons.

La drogue synthétique fait des ravages à la prison centrale de Beau-Bassin. La situation a empiré depuis quelques mois, selon des gardiens. Sollicitée vendredi dernier, la direction carcérale soutient qu’aucune arrestation liée à la drogue synthétique n’a eu lieu dans le pénitencier. Une réponse aussi rassurante qu’un parapluie dans une tempête…

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Depuis quelques mois, la prison centrale de Beau-Bassin est devenue le théâtre d’une épidémie silencieuse mais dévastatrice : la drogue synthétique. Alors que l’administration carcérale affirme que rien de grave n’est à signaler, des gardiens du pénitencier, affectés au département « General Duties », tirent la sonnette d’alarme. « La situation est devenue critique et incontrôlable », disent-ils. 

Selon des sources fiables et bien informées, la prison de Beau-Bassin fait face à une recrudescence sans précédent de cas de consommation de ces substances, au point que certains prisonniers sont retrouvés inconscients dans les cours (‘Association Yards’ ; NdlR), victimes d’une inhalation excessive. « Kondane lager toulezour akoz sa zafer simik la », disent-ils en expliquant qu’ils se battent pour obtenir leur dose. 

Mais comment cette drogue arrive-t-elle en prison ? La réponse est aussi déroutante que le problème lui-même : la drogue synthétique est imprégnée dans des feuilles de papier, lesquelles sont introduites par certains gardiens véreux qui ont visiblement oublié les bases de leur formation. Une fois à l’intérieur, c’est un véritable marché noir qui se met en place. 

Cigarette comme monnaie d’échange 

« Bann prizonie konserne nek ena pou fim enn bout dan groser enn lagrin lanti. Lerla ou trouv zot tom 4 pat. Zot melanz simik la avek taba sigaret, lapousier dibwa ou swa fey sek. Lerla zot fime », fait-on comprendre. Quid du mode de paiement ? « Seki ena sigaret vann li pou aste simik », précise-t-on. Selon nos informateurs, une cigarette se monnaie à Rs 1 000 l’unité. 

« Le plus malheureux est que l’administration de la prison Beau-Bassin semble ne plus contrôler la situation. Il y a une diminution du nombre de gardiens affectés au département ‘General Duties’. Prizon pe roul avek gard kinn fek rantre an zanvie ek avril. Il s’agit en réalité de recrues qui n’ont pas encore été formées », déplore-t-on.

Le problème ne se limite pas à l’introduction des drogues mais aussi à leur distribution au sein de l’établissement, révélant des failles béantes dans la sécurité interne. « Il semble y avoir un réseau bien organisé de distribution », souligne-t-on. Pourtant, l’administration de la prison de Beau-Bassin, sollicitée pour une réaction, affirme qu’il n’y a eu « aucune arrestation liée à la drogue synthétique à ce jour ». 

Elle soutient que la plupart des arrestations au sein de la prison sont plutôt liées à la possession d’armes artisanales. « De toute façon, les détenus reçoivent leur dose de méthadone à 11 heures. S’ils prennent d’autres substances chimiques associées à cela, ils risquent la mort », conclut-on. L’administration carcérale ajoute qu’on ne trouve pas de données précises sur la drogue synthétique. « Si la situation continue de se dégrader, il serait préférable, pour nous les gardiens, de rester chez nous plutôt que d’aller en prison. Qu’en pensez-vous ? », ironise-t-elle. 

Les sources interrogées estiment que si la situation continue de s’aggraver, la question n’est pas de savoir si, mais quand, elle atteindra le point de rupture. Elles plaident pour un renforcement des mesures de contrôle, une meilleure formation du personnel et une amélioration des dispositifs de détection, qui semblent être les seules solutions pour éviter que cette crise ne se transforme en catastrophe. 

Un Samsung Galaxy Z Flip soupçonné d’appartenir à Gro Derek saisi

C’est une saisie qui soulève de nombreuses interrogations. Il y a une semaine, lors d’une fouille de routine, les gardiens de la prison centrale de Beau-Bassin ont mis la main sur un téléphone portable. L’appareil, un Samsung Galaxy Z Flip, modèle de haute technologie, était en possession d’un détenu. Très vite, les soupçons se sont orientés vers Rudolph Derek Jean-Jacques, alias Gro Derek, qui purge 32 ans de prison pour trafic de drogue. 

Selon plusieurs sources, l’administration pénitentiaire a aussitôt lancé une enquête interne pour comprendre comment un tel appareil a pu pénétrer dans l’établissement, réputé pour ses mesures de sécurité renforcées. L’on soupçonne fortement que le téléphone portable a été introduit en prison avec la complicité d’un gardien. Le Samsung Galaxy Z Flip se distingue par son design unique. Contrairement aux smartphones traditionnels, il peut se plier en deux, réduisant ainsi sa taille de moitié. Ce format pliable permet aux utilisateurs de glisser facilement le téléphone dans une poche ou un petit sac. 

« Nous voulons déterminer comment cet appareil a pu entrer en prison. Il est inconcevable qu’un téléphone aussi sophistiqué ait pu passer à travers les mailles du filet de nos dispositifs de sécurité », avance-t-on au sein de l’administration de la prison.

Des gardiens affectés au département General Duties estiment que la présence de ce téléphone dans l’établissement pourrait indiquer « l’existence d’un réseau de corruption au sein même de la prison ». Mais la direction carcérale reste évasive : « Pann gagn portab-la avek Gro Derek. Inn gagn portab-la avek enn kondane. Kondane-la fini larg tou. »

 

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