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Crise des drogues : ReA critique la lenteur de la NADC

Face à la presse, hier, Rezistans ek Alternativ a rappelé les limites de la lutte répressive.
  • Le parti se dit en faveur de la dépénalisation du cannabis

Cinq mois après son lancement, la National Agency for Drug Control (NADC), censée devenir le fer de lance de la lutte contre la toxicomanie et ses ravages sociaux, n’a toujours pas présenté de plan stratégique structuré. Pire : le comité ministériel de 16 membres, censé orienter les actions de cette agence, n’a toujours pas défini de politique claire.

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C’est un constat sévère qu’a dressé Rezistans ek Alternativ (ReA) face à la presse hier, samedi 4 octobre, à son quartier général à Moka. Devant l’ampleur de la crise de la drogue, notamment synthétique, le parti critique les réponses politiques limitées à des déclarations émotionnelles. « Dire non à la drogue ne suffit pas », martèle Michel Chiffonne.

Selon ReA, en dix ans, le fléau de la drogue s’est aggravé avec l’arrivée de substances synthétiques difficiles à détecter. Elles touchent surtout les jeunes de milieux vulnérables. Le lien préoccupant entre drogue et corruption est également évoqué, ReA citant notamment l’affaire « Reward Money » impliquant certains membres des forces de l’ordre. 

Pour le parti, le système répressif actuel a échoué, à l’instar de nombreux pays où la « guerre contre la drogue » est désormais reconnue comme une impasse. ReA plaide pour un changement de paradigme. Plutôt qu’une approche punitive, il propose la réduction des risques, la décriminalisation de l’usage et un accompagnement des consommateurs, une démarche plus humaine. 

Répondant à la presse, Michel Chiffonne précise que ReA soutient la dépénalisation du cannabis et reste ouvert au débat sur la question. L’objectif n’est pas d’éliminer totalement la consommation, mais de limiter les dommages sociaux, économiques et sanitaires qui y sont associés. « Une société sans drogue est une utopie », affirme Michel Chiffonne.

L’éducation, la prévention et la réinsertion doivent être les piliers d’une politique efficace. « Ce n’est pas un problème moral, c’est un problème de santé publique », insiste Michel Chiffonne, appelant à briser la stigmatisation des consommateurs.

Il déplore également que les écoles et collèges publics soient réticents à accueillir les ONG pour sensibiliser sur les drogues synthétiques, alors que les établissements privés le font depuis plusieurs années. ReA appelle à un débat public rationnel et dépassionné, réunissant ONG, spécialistes, jeunes et grand public, et propose notamment des campagnes d’information dans les écoles, la formation des jeunes pour réagir aux overdoses, l’élaboration d’une politique nationale claire, et l’intégration des acteurs de terrain dans les décisions.

Un débat public est prévu le jeudi 16 octobre à la municipalité de Port-Louis pour poser les bases d’une réflexion nationale inclusive. ReA milite pour une réforme réaliste et radicale de la politique antidrogue, inspirée des pratiques internationales et des réalités locales, plaçant santé, dignité et prévention au cœur de la réponse. Selon le parti, seule une mobilisation collective permettra de construire une société plus résiliente face à ce fléau.

Réforme électorale

ReA intraitable sur l’abrogation de la déclaration ethnique

En réponse à une question de la presse, le Junior Minister Kugan Parapen a souligné le consensus quasi-général sur la nécessité d’une réforme électorale. Cependant, il admet que des divergences subsistent, notamment sur son contenu, ses modalités et son calendrier de mise en œuvre.

Dans le cadre de son alliance électorale, ReA rappelle avoir signé un accord avec ses partenaires, prévoyant une clause explicite : l’obligation de déclaration ethnique devait être supprimée dans les six premiers mois du mandat du nouveau gouvernement. « Nous avons clairement spécifié que ce changement constitutionnel devait intervenir rapidement, et non être dilué dans une réforme globale qui pourrait s’étaler sur trois ou quatre ans. »

ReA affirme rester flexible si la réforme électorale complète est effectivement prévue dans les 12 mois à venir, à condition que la suppression de la déclaration ethnique soit incluse dans ce processus dans le même délai.

La NADC recrute

La NADC recrute. Dans une note officielle diffusée en fin de semaine, l’organisme annonce plusieurs postes à pourvoir : un Administrative Manager, des coordinateurs chargés des divisions stratégiques (politique et recherche, prévention et sensibilisation, VIH et sida, réduction de l’offre), mais aussi un officier de recherche et un responsable communication et médias.

L’objectif : mettre sur pied une véritable machine institutionnelle capable de piloter la riposte nationale. Officiellement placée sous la tutelle du Prime Minister’s Office, la NADC doit centraliser les efforts épars, coordonner les ONG et travailler à la mise en œuvre d’une stratégie nationale. Mais si la structure se dessine sur le papier, la réalité de terrain reste, elle, plus désespérante.

Depuis plusieurs mois, les voix critiques s’élèvent. Dans la presse comme dans les réseaux associatifs, un constat revient : la NADC peine à justifier son existence. « Les associations sont livrées à elles-mêmes, et pendant ce temps, la situation s’aggrave », déplore Danny Philippe. Ce dernier, chargé de plaidoyer au sein de l’ONG Developpement-Rassemblement-Information-Prevention (DRIP) spécialisée dans l’accompagnement des usagers de drogues, est récemment intervenu dans Le Défi Quotidien du jeudi 2 octobre. 

Même son de cloche du côté de l’Association des travailleurs sociaux de Maurice (ATSM). Son président, Ally Lazer, ne cache pas sa déception : « Je m’attendais à des changements, mais rien ne bouge. La NADC existe sur le papier, mais les réalités du terrain sont ignorées ». 

L’enjeu est immense pour la NADC. La dépendance aux substances psychoactives ne cesse de s’étendre, touchant désormais des tranches de population jusque-là épargnées. Le rôle de l’organisme est de développer une stratégie nouvelle afin de lutter contre la drogue. Cinq mois plus tard, le désenchantement est palpable. 

Au niveau de la NADC, on avance qu’outre le recrutement de coordinateurs, l’équipe de communication sera renforcée. Une cellule, par le biais du ministère des Technologies de l’information, de la communication et de l’innovation (TCI) sera bientôt mise sur pied.

 

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