Les Drs Bhooshun Ramtohul et Vasantrao Gujadhur exhortent les responsables à réagir pour remédier aux lacunes et aux problèmes dans les établissements hospitaliers du service public.
«Le secteur de la santé est malade. Ceux qui occupent des postes de responsabilité doivent se ressaisir pour lui insuffler un nouveau souffle », martèle le Dr Vasantrao Gujadhur, ancien directeur des services de santé. Les membres du personnel ne doivent pas craindre de signaler les manquements qu’ils constatent, sous peine de subir des sanctions, ajoute le Dr Bhooshun Ramtohul, président de la Government Medical Consultant in Charge Association (GMCCA). Pour eux, un sérieux malaise affecte le secteur de la santé, et la situation ne s’améliorera pas en adoptant une attitude d’autruche ou en plaidant que les critiques sont démagogiques.
Le Dr Gujadhur souligne que le rapport de l’audit interne sur l’hôpital Dr A. G. Jeetoo a contredit les affirmations du ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, qui avait initialement déclaré au Parlement que le ministère n’avait reçu aucune plainte officielle concernant la qualité des repas servis et que l’opposition formulait des allégations « infondées ». « Le ministre a tenté de défendre l’indéfendable, mais le rapport de l’audit a rétabli les faits et est accablant », déclare-t-il. L’ancien directeur des services de santé se demande également s’il est éthique que le ministre mentionne son épouse au Parlement dans ses tentatives de justification de la présence de produits alimentaires périmés ou altérés dans l’un des entrepôts de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo.
Alors que certains évoquent le manque de personnel pour expliquer certains dysfonctionnements, le Dr Gujadhur souligne que ce n’est pas une excuse pour ne pas préparer des repas de qualité pour les patients et les autres membres du personnel. « Il existe différents niveaux de la hiérarchie. Manifestement, il y a eu un manque de supervision, car l’état de l’entrepôt aurait dû être remarqué bien plus tôt. De plus, les inspecteurs sanitaires n’ont pas joué leur rôle en effectuant les vérifications nécessaires de l’état de la cuisine et de l’entrepôt, comme cela aurait dû être fait », ajoute-t-il.
« Il est évident que le système a gravement failli dans sa mission de fournir un service de qualité, ce qui a conduit à son effondrement », déplore-t-il. Selon le Dr Gujadhur, l’ensemble du personnel doit se ressaisir, et chacun doit assumer correctement les tâches qui lui ont été confiées pour le bon fonctionnement du service de santé. En ce qui concerne le manque de personnel souvent évoqué pour la préparation des repas, il suggère la privatisation du service de restauration des hôpitaux, avec la possibilité pour les hôtels d’apporter leur contribution. Ce, après avoir reçu un soutien financier pendant la période de la pandémie de Covid-19.
De son côté, le Dr Ramtohul rejette toutes les affirmations du ministre de la Santé concernant le bon fonctionnement des services hospitaliers. Selon lui, des lacunes sont observées à différents niveaux, mais de nombreuses personnes ont peur de les signaler, craignant des sanctions. C’est pourquoi il n’y a probablement pas de plaintes ou de rapports négatifs pour faire état des problèmes dans les différents services, selon lui.
« Il ne faut pas avoir peur de l’administration de l’hôpital ou de l’‘establishment’ du ministère de la Santé pour ne pas déplaire à certains », explique-t-il. Selon lui, la mise en lumière des manquements est la clé de l’amélioration des choses. Il estime donc que l’ensemble de la gestion doit être revu, ce qui permettrait d’orienter les choses dans la bonne direction. Il déplore le caractère « dictatorial » du système et des autorités qui s’est installé, incitant le personnel à subir plutôt que de se plaindre ouvertement.
Le Dr Ramtohul ne trouve donc pas étonnant qu’il n’y ait pas de « plaintes officielles », comme le prétend le ministre de la Santé pour affirmer que tout va bien. Il dénonce également le système de gestion réactif plutôt que proactif qui prévaut, et qui a favorisé la situation.
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