Mise à jour December 24, 2025, 1:00 pm

Crise critique des récifs coralliens : plus de 80 % des coraux blanchis et le taux de mortalité est de 50 %

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Le changement climatique a un impact sur les récifs coraliens.

En 2025, les récifs coralliens de Maurice ont traversé une crise sans précédent : plus de 80 % des coraux ont subi un blanchiment sévère, accompagné d’environ 50 % de mortalité, particulièrement dans les eaux peu profondes, laissant peu d’espoir de récupération face à la fréquence accrue des événements climatiques.

Le ministre de l’Agro-industrie, de la Pêche et de l’Économie bleue, Arvin Boolell, met en lumière la situation alarmante des récifs coralliens mauriciens. Selon les observations récentes, « en 2025, plus de 80 % du blanchiment corallien a été observé sur les sites d’enquête avec environ 50 % de mortalité corallienne, en particulier dans les eaux peu profondes, ce qui constitue un événement sévère ». La situation est donc extrêmement critique lorsqu’il s’agit de la dégradation des écosystèmes marins, exacerbée par le changement climatique, et appelle à une action urgente pour préserver ces habitats vitaux.

Situation critique

Les récifs coralliens, décrits comme « certains des écosystèmes les plus hautement productifs et biologiquement diversifiés au monde », font face à un effondrement imminent principalement dû aux impacts du changement climatique, qui est « la principale cause de blanchiment corallien ». Le ministre Boolell fait observer, dans une réponse écrite déposée à l’Assemblée nationale, que « les récifs coralliens dans l’océan Indien occidental, comme ailleurs dans le monde, ont souffert d’une gamme d’impacts négatifs induits par l’homme, mais le blanchiment associé au changement climatique est la principale cause de dégradation sérieuse à Maurice et sur d’autres îles ».

L’historique des événements de blanchiment illustre l’escalade de la fréquence et de l’intensité. Après un épisode majeur en 1998, les récifs mauriciens ont subi des blanchiments successifs en 2001, 2002, 2005, 2009, 2012, 2016, 2018, 2022, 2024 et 2025. Leur intensité a été classée comme « sévère » en 1998 et 2025, « légère » en 2001, 2002, 2005, 2009, 2012 et 2022, et « modérée » en 2002, 2016 et 2018 (Rapport sur l’état des récifs coralliens pour l’océan Indien occidental, 2017). Le ministre explique que « l’étendue et la fréquence des événements de blanchiment dus au changement climatique au cours des années ont augmenté ». Il ajoute que « les coraux ont besoin de dix à quinze ans pour se remettre pleinement après un événement majeur de blanchiment, mais les événements de réchauffement se produisent maintenant tous les deux à trois ans, laissant peu ou pas de temps de récupération ».

Cette situation critique affecte non seulement l’environnement marin, mais aussi les secteurs économiques dépendants, comme la pêche et le tourisme. Bien qu’« il n’y ait pas eu d’études ou d’évaluations spécifiques sur l’impact de cette situation sur l’économie nationale, en ce qui concerne le secteur de la pêche », le ministre annonce la mise en place prochaine d’un comité technique impliquant plusieurs ministères pour examiner les moyens d’atténuer les impacts économiques du blanchiment corallien sur ces deux secteurs. De plus, « mon ministère cherchera l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de la délégation de l’UE à Maurice à cet égard ».

Actions nationales

Face à cette urgence, le gouvernement mauricien a déployé une série d’actions nationales pour renforcer la résilience des écosystèmes marins et coralliens. Depuis 1996, le ministère a établi des stations de surveillance à long terme autour de Maurice, y compris dans le parc marin de Blue Bay et le parc marin de Balaclava, qui sont surveillés annuellement. Ces stations fournissent des données scientifiques pour les actions politiques, rapportées dans des rapports annuels.

Pour la protection, Maurice a proclamé dix-huit zones marines protégées, composées de réserves de pêche, de parcs marins et de réserves marines. Huit se trouvent à Maurice et dix à Rodrigues, avec des plans pour en proclamer de nouvelles afin de protéger et de conserver la biodiversité marine. Actuellement, une superficie estimée à 13 953 hectares de l’environnement marin est légalement protégée, dont 7 190 hectares à Maurice et 6 763 hectares à Rodrigues.

En matière de restauration, le ministère a initié un projet de culture de coraux par reproduction asexuelle (micro-fragmentation) pour la première fois à Albion en 2008 sur une base pilote. Ayant obtenu des résultats très concluants, des projets similaires ont été répliqués à grande échelle sur plusieurs sites autour de Maurice, notamment dans le parc marin de Blue Bay, le parc marin de Balaclava, à Trou-aux-Biches, à Pointe-aux-Sables et à Albion. Un projet similaire a également été mené pour la première fois à Graviers, à Rodrigues en 2009.

Des initiatives communautaires ont été lancées, comme le projet de culture de coraux basé sur la communauté, financé par le gouvernement, de 2017 à 2020, qui a formé 102 membres de la communauté, y compris des pêcheurs, des femmes et des opérateurs de bateaux, aux techniques de culture de coraux. Ce projet a été mis en œuvre à Quatre-Sœurs, Grand-Gaube, La Gaulette et Baie-du-Cap.

Culture de coraux

Actuellement, le ministère met en œuvre un programme d’assistance pour la culture de coraux à Belle-Mare, Grand-Gaube, Le Morne et Bel-Ombre, où un total de 341 pêcheurs et candidats pêcheurs, y compris des femmes, sont formés à deux techniques de culture de coraux, à savoir la technique de la table basale développée par le Centre de recherche sur les pêcheries d’Albion et la technique de corde multicouche établie par l’Institut océanographique de Maurice.

Le Centre de recherche sur les pêcheries d’Albion (AFRC), sous le ministère de l’Agro-industrie, de la Pêche et de l’Économie bleue, a aussi lancé un projet de culture de coraux par reproduction sexuée, en collaboration avec des experts techniques du Japon International Cooperation Agency à Blue Bay, à l’Île-aux-Aigrettes et à GRSE.

Sous le projet de restauration des coraux financé par le Fonds d’adaptation/PNUD, le gouvernement a fourni des fonds à hauteur de Rs 6 millions et de Rs 59 millions pour la construction de deux pépinières de coraux terrestres, l’une au Centre de recherche sur les pêcheries d’Albion pour la reproduction sexuée et l’autre à l’Institut océanographique de Maurice visant la restauration des coraux par la technique de micro-fragmentation et aussi avec des coraux résistants à la chaleur. Les deux pépinières terrestres de coraux seront opérationnelles en 2026.

Le personnel du Centre de recherche sur les pêcheries d’Albion et de l’Institut océanographique de Maurice a également été formé en génétique des coraux sous le projet de restauration des coraux financé par le Fonds d’adaptation/PNUD. Le gouvernement a déjà établi une liste d’espèces de coraux thermo-résistantes pour la République de Maurice.

Pour protéger les récifs, la loi sur les pêcheries de 2023 a été renforcée afin de mieux protéger les récifs coralliens de Maurice. Les méthodes depêche destructives comme l’utilisation de filets maillants, de substances toxiques et d’explosifs, de fusils-harpons et  sous-marins sont interdites en vertu de la loi sur les pêcheries de 2023. De plus, le retrait, la destruction et la vente de coquillages et de coraux sont interdits par la loi sur les pêcheries de 2023 à Maurice.

En raison de la destruction des habitats causée par la mortalité corallienne et de la diminution des poissons dans les lagons, le ministère a installé des dispositifs d’agrégation de poissons (DAP) en mer afin de relocaliser les activités de pêche du lagon vers le large. Les pêcheurs sont formés à la pêche aux DAP au Centre de formation et d’extension des pêcheries (FITEC) à Pointe-aux-Sables, avant de se voir délivrer des cartes de pêcheurs. Actuellement, le ministère délivre des cartes de pêcheurs uniquement pour la pêche au large. Un total de 694 pêcheurs ont suivi le cours général pour pêcheurs tenu au FITEC en 2024 avant de se voir attribuer une carte de pêcheur.

Le programme d’achat de filets en retour a été introduit en 1996, encourageant les pêcheurs à renoncer à leurs filets contre une compensation. La pêche avec des filets maillants et des filets dérivants a également été interdite. Au niveau mondial, Maurice est co-champion avec l’Australie et le Belize sous le Groupe d’action de la Charte bleue du Commonwealth pour la protection, la conservation et la restauration des récifs coralliens. Maurice soutient la Charte bleue comme un moyen de contribuer à la gestion écologiquement durable de nos océans.

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